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La situation au Congo

Interview d’un camarade du Congrès Progressiste pour la Libération (Congo)

L’impérialisme vient d’avoir un revers sur le plan idéologique. Ces dix dernières années, les impérialistes avaient une bonne ascendance sur les intellectuels : « bonne gestion », « management ». Il suffisait d’être expert. Maintenant avec la crise, ils ne peuvent plus dire que le capitalisme a de très bons jours devant lui. Ils font les frais, comme nous les communistes après le Mur de Berlin et le revirement chinois.

Quel a été le rôle des intellectuels en Afrique ?
Malgré cette situation plus favorable, il faut voir que ça ne va pas donner une effervescence idéologique en Afrique. Il manque d’organisations Marxistes-léninistes (ML) implantées. Dans les années 1950/60, il y avait des intellectuels progressistes qui tenaient un discours qui pouvait aider à raffermir les luttes. Par exemple, dans l’ex-Congo belge, il a suffi d’une petite ouverture de De Gaule en 1958, qui parlait « d’africanisation des cadres ». Puis, Lumumba va au Ghana voir N’kruma, et il se rend compte que le problème n’est pas celui d’une société multiraciale, mais celui de l’indépendance nationale. Quand il retourne chez lui, ces discours sont captés pour ouvrir la voie à l’indépendance.
Dans les années 1950/60, il y avait aussi l’essor des mouvements de libération nationale et socialiste. On voyait l’Algérie, l’Indochine, le début de la guerre au Cameroun, Sékou Touré en Guinée, ça chauffait partout. Il y avait aussi la FEANF, la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France.

Et aujourd’hui ?
Il n’y a plus d’effervescence extérieure sur le plan international. Il n’y a plus d’intellectuels enthousiastes, même démocrates du côté du peuple. Maintenant, s’il n’y a pas un grand mouvement de solidarité internationale des ML pour soutenir les petits groupes, ils auront du mal à se développer. Par exemple, il n’y a pas de communications, même par internet, entre les groupes ML d’Afrique.

Et la classe ouvrière ?
Le problème de la classe ouvrière, c’est que le Congo était un grand pays industrialisé, comme l’Afrique Du Sud. Villes, chemins de fer... Avec la fin du colonialisme, s’est ajoutée la question de la gestion de l’Etat. Dans les années 1960/70, les impérialistes ont forcé Mobutu à avoir de grands projets qui n’ont jamais fonctionné. Le Congo fournissait du cuivre, avec cela on faisait des projets bidons. Ce fut l’endettement, puis les ajustements structurels du FMI. Dans les années 1980, la fermeture des écoles, des hôpitaux.
C’est la chute des activités. Il y avait 10% dans la classe ouvrière dans les années 1960, il reste 4% d’emplois « formels », et tout le reste sont des emplois précaires. Il n’y a plus de routes, il faut prendre l’avion. Par exemple, pour faire une campagne électorale, il faut avions et hélicoptères. Seuls deux candidats peuvent le faire. Notre pays a 60 millions d’habitants et fait 4 fois la France en superficie. Les gens veulent en priorité manger. Il y a des problèmes de famine là où il y a des conflits armés.

Les guerres sont dues à quoi ?
Dans les années 1960 à 67, c’était une lutte de libération nationale pour changer de régime. Maintenant, les guerres sont dues aux multinationales pour faciliter le pillage quand il n’y a plus d’Etat. Par exemple, pour le coltan (portables), tous les impérialistes sont dedans. Dans notre pays, il y a tout, c’est un « scandale » géologique, agricole et énergétique. Le président est dans la main des impérialistes occidentaux. Nous avons la plus grande mission de l’ONU dans le monde avec 17 000 personnes. De plus nous avons le FMI, les ONG internationales... On nous maintient dans une dépendance internationale. Il y a un génocide de 5 à 6 millions de personnes, personne n’en parle. Les Congolais ne désespèrent pas, mais il n’y a pas de direction révolutionnaire, et on manque de cadres et d’analyses.

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