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Karl Marx, la révolution de 1848 et les révolutions arabes

Les pays arabes de 2011 ne sont pas la France de 1848, bien sûr, mais le texte de Marx « Les luttes de classes en France, 1848-1850 » apporte des éléments de réflexion sur la situation que se développe dans les pays arabes. Il a été écrit alors qu’en Europe se déployaient des révolutions bourgeoises. Quelques citations…

Introduction par Friedrich Engels
- « La crise commerciale mondiale de 1847 a été la véritable mère des révolutions de Février et de Mars » (page 13).
- « Le  droit au travail » est la première formule maladroite où se résument les exigences révolutionnaires du prolétariat. Mais derrière le droit au travail, il y a le pouvoir sur le capital, derrière le pouvoir sur le capital, l’appropriation des moyens de production, leur subordination à la classe ouvrière associée, c’est-à-dire la suppression du salariat, du capital et de leurs rapports réciproques » (p. 14).
- « La démocratie [petite bourgeoise]2 comptait sur une victoire prochaine, décisive une fois pour toutes, du « peuple » sur les « oppresseurs », nous, sur une longue lutte, après l’élimination des « oppresseurs », entre les éléments antagonistes cachés précisément dans ce « peuple » » (p. 16).
- «  Les masses prolétariennes elles-mêmes n’avaient encore, après la victoire, absolument aucune idée claire de la voie à suivre. Et pourtant le mouvement était là, instinctif, spontané, impossible à étouffer » (p. 18).

Karl Marx. Chapitre premier.
- « Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais une fraction de celle-ci : ce que l’on appelle l’aristocratie financière. Installée sur le trône, elle dictait les lois aux Chambres, distribuait les charges publiques, depuis les ministères jusqu’aux bureaux de tabac » (p. 38).
-  « Quant aux fractions de la bourgeoisie qui n’étaient pas au pouvoir, elles criaient : « A bas la corruption ! » Le peuple criait : « A bas les grands voleurs ! A bas les assassins ! » » (p. 42).
- « Le Gouvernement provisoire qui surgit des barricades de Février reflétait nécessairement dans sa composition les divers partis qui se partageaient la victoire... Il était composé en majorité de représentants de la bourgeoisie. La petite-bourgeoisie républicaine était représentée par Ledru-Rollin et Flocon... La classe ouvrière ne possédait que deux représentants, Louis Blanc et Albert » (p. 44).
- « Lamartine contesta aux combattants des barricades le droit de proclamer la République, disant que seule la majorité des Français avait qualité pour le faire ; qu’il fallait attendre leur vote » (p. 45).
- « Le 25 février, la République n’était pas encore proclamée, mais, par contre, tous les ministères étaient déjà répartis entre les éléments bourgeois du Gouvernement provisoire et entre les généraux, banquiers et avocats du National. Mais cette fois, les ouvriers étaient résolus à ne plus tolérer un escamotage semblable à celui de juillet 1830. Ils étaient prêts à engager à nouveau le combat et à imposer la République par la force des armes. C’est avec cette mission que Raspail se rendit à l’Hotel de Ville. Au nom du prolétariat parisien, il ordonna au Gouvernement provisoire de proclamer la République, déclarant que si cet ordre du peuple n’était pas éxécuté dans les deux heures, il reviendrait à la tête de 200 000 hommes. Les cadavres des combattants étaient encore à peine refroidis, les barricades n’étaient pas encore enlevées, les ouvriers n’étaient pas désarmés et la seule force qu’on pût leur opposer était la garde nationale. Dans ces circonstances, les considérations politiques et les scrupules juridiques du Gouvernement provisoire s’évanouirent rapidement... »  (p. 45-46).
- « Le prolétariat se mettait au premier plan... mais du même coup, il jetait un défi à toute la France bourgeoise. Ce qu’il avait conquis, c’était le terrain en vue de la lutte pour son émancipation révolutionnaire, mais nullement cette émancipation elle-même »(p. 47).
- « C’est de concert avec la bourgeoisie que les ouvriers avaient fait la révolution de Février. C’est aux côtés de la bourgeoisie qu’ils cherchèrent à faire prévaloir leurs intérêts, de même que c’est à côté de la majorité bourgeoise qu’ils avaient installé un ouvrier dans le Gouvernement provisoire même. Organisation du travail ! Mais c’est le salariat qui est l’organisation bourgeoise actuellement existante du travail. Sans lui, point de capital, point de bourgeoisie, point de société bourgeoise. Un ministère spécial du Travail ! Mais les ministères des Finances, du Commerce et des Travaux publics ne sont-ils pas les ministères du Travail bourgeois ? A côté d’eux, un ministère du Travail prolétarien ne pouvait être qu’un ministère de l’Impuissance, un ministère des Vains Désirs, une commission du Luxembourg. De même que les ouvriers croyaient s’émanciper aux côtés de la bourgeoisie, de même ils pensaient, à côté des autres nations bourgeoises, à l’intérieur des frontières nationales de la France, pouvoir accomplir une révolution prolétarienne. Mais les conditions de la production de la France sont déterminées par son commerce extérieur, par sa position sur le marché mondial et par les lois de ce dernier. Comment la France les briserait-elle sans une guerre révolutionnaire européenne, ayant son contrecoup sur l’Angleterre, le despote du marché mondial ? » (p. 48).
- « La classe ouvrière française... était encore incapable d’accomplir sa propre révolution »  (p. 50).
-  « Le secret de la révolution du XIXe siècle : l’émancipation du prolétariat » (p.51)

Cette conclusion est encore d’actualité au XXIe siècle . Mais, comme titrait le dernier Partisan, la révolution ne fait que commencer...

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