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Des militants CGT dénoncent l’Expulsion des sans-papiers de la bourse du travail

Partisan N°231 - Octobre 2009

- 1 Le véritable historique de l’occupation de la Bourse par la CSP-75 doit être connu :
Quand le mouvement a été lancé par la CGT le 15 avril 2008, les délégués de la CSP75 se sont rendus à l’UD de Paris où ils ont été reçus le 17 avril par l’ex-secrétaire général de l’UD et le secrétaire de l’UL de Massy. Les sans papiers leur ont rappelé leur attachement de longue date à l’UD de Paris, le nombre de réunions faites en commun, les manifestations où tous les collectifs parisiens défilaient sous les banderoles de l’UD CGT de Paris. Ils ont rappelé également qu’ils étaient syndiqués à la CGT, depuis plusieurs années pour certains d’entre eux. Conscients de l’importance du mouvement qui se déclenchait, ils ont demandé à être y intégrés. On leur a répondu d’aller eux-mêmes à la préfecture, mais en leur précisant qu’il y avait déjà le compte de dossiers convenus avec Hortefeux (1000) et qu’on n’avait donc pas besoin d’eux. En un mot, on les a envoyés balader… Quand ils se sont aperçus que, le 20 ou le 21 avril, Francine Blanche et Raymond Chauveau étaient allés chez Hortefeux et s’étaient mis d’accord sur ce dépôt unique de 1000 dossiers, ils se sont sentis trahis. D’où l’occupation de la Bourse.

Il devenait clair que l’objectif de la Confédé n’était pas d’élargir le mouvement, alors qu’elle l’avait fait miroiter et que toutes les conditions étaient réunies… mais seulement de médiatiser quelques exemples symboliques et d’utiliser les sans-papiers en tête des manifestations pour l’image. Comme disent les sans-papiers, « ils ont fait de nous des hommes sandwich ». La CGT a dépossédé les travailleurs sans-papiers de leur lutte.
Clair aussi que les propositions de la CGT ne concernaient pas les travailleurs sanspapiers isolés : aucune perspective de lutte collective ne leur était proposée, alors que leur isolement ne leur permettait ni d’obtenir le Cerfa par le patron, ni de faire grève.
L’ouverture de négociations directes avec le ministère sur la régularisation selon les critères Hortefeux dans le cadre de la politique d’immigration choisie rendait inutile pour la Confédération l’extension du mouvement des sans-papiers à d’autres secteurs.
Voire, elle devenait nuisible pour sa crédibilité de « syndicat responsable ».
Tout cela n’est-il pas en totale contradiction avec les engagements du 48e Congrès à défendre la régularisation globale de tous les sans-papiers ?

- 2 Le choix de se désolidariser de fait des sans-papiers, en les jetant brutalement à la rue place de la République, n’est donc pas une dérive de quelques
bureaucrates, mais bien une orientation qui se trouve confirmée par d’autres actes de capitulation de la direction CGT dans la dernière période : absence de mobilisation générale après les grandes journées d’action de janvier et mars dernier ; absence de coordination des secteurs en lutte, en particulier dans l’automobile où les salariés sont touchés de plein fouet par la crise : PSA, Continental, sous traitants de Renault… Absence de directives de lutte offrant des perspectives aux milliers de licenciés réduits à des gestes de désespoir pour attirer l’attention des médias, et à réclamer une prime de dédommagement alors que leur avenir et celui de leur famille est barré.
La responsabilité de la Confédé est clairement engagée, car seule la direction d’un syndicat interprofessionnel dispose de tous les réseaux et moyens d’impulser rapidement et puissamment le mouvement d’ensemble qui s’impose.

- 3 Par ce compte-rendu, nous invitons tous nos camarades CGTistes à engager au plus vite le débat à l’intérieur de leur syndicat afin de construire ensemble l’orientation de lutte de classe qui pourra seule nous faire affronter la crise :
• Vis-à-vis des sans-papiers : la reconnaissance de leur rôle dirigeant dans la conduite des luttes pour la régularisation de tous. Quelle légitimité ont des accords signés sans la présence d’aucun représentant des sans-papiers ? Quelle justification peut avoir l’absence d’impulsion de luttes pour défendre les sans-papiers isolés et les intérimaires ? Quel type d’avenir nous offre la restriction de la défense de nos camarades sans-papiers à l’application « réaliste » de critères Hortefeux dont on voit bien aujourd’hui où ils mènent ?
• Vis-à-vis de l’ensemble des travailleurs touchés par la crise, quelles perspectives offre l’orientation actuelle de la Confédération qui nous maintient isolés secteur par secteur, et qui négocie à froid dans notre dos ? Conscients de nos responsabilités de solidarité ouvrière avec les sans-papiers, nous appelons les syndicalistes à diffuser largement ce texte et à apporter leur propre contribution au débat.

L’appareil syndical n’appartient pas à quelques professionnels de la négociation.
Il doit être aux mains de ceux qui en feront l’outil des combats de classe de la période.

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