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L’opportunisme ?

Partisan n°153 - Décembre 2000

Une des questions posées au stage d’été de VP-Partisan a été : qu’est-ce que l’opportunisme ?
C’est là en effet un mot que les militants communistes emploient comme s’il allait de soi, un mot technique parmi bien d’autres, mais qui mérite qu’on s’y arrête.

Le mot et la réalité

Il est instructif de commencer par ouvrir le Petit Larousse. Opportunisme : "attitude consistant à régler sa conduite sur les circonstances du moment, et selon ses intérêts". Opportun : "qui convient, qui survient à propos" (du latin opportunus, qui conduit au port). La définition ajoute bien : "et selon ses intérêts". C’est là que se glisse le volet négatif et politique de la notion d’opportuniste, surtout lorsqu’on entend par là les intérêts individuels et immédiats. Nous connaissons tous, en fait, cette distinction entre le vrai militant, dévoué, convaincu, et le faux, le profiteur, qui est intéressé en réalité par les heures de délégation pour ne pas trop travailler, par la promotion qui consiste à jouer un rôle social d’intermédiaire entre patrons et travailleurs, par les avantages du comité d’entreprise, etc.
Il faut garder à l’esprit que, même si ce n’est pas son terrain favori, l’opportuniste a besoin, secondairement, de la lutte des travailleurs, pour soutenir les "bons négociateurs", pour défendre certains privilèges menacés, etc., bien conscient qu’il est qu’un appareil syndical et politique ou qu’une minorité d’aristocrates ouvriers seuls ne font pas le poids ni la fonction. Marxisme-léninisme Marx, Engels et Lénine ont passé pratiquement toute leur vie à lutter contre les opportunistes et les réformistes, contre leurs représentants, leurs organisations et leur influence sur la classe ouvrière.
Quelques exemples parmi cent (datant de 1851, 1880 et 1904).
"Nous apprenons à l’instant qu’on a l’intention de soumettre, de la part de votre société (association de blanquistes), votre programme à la société allemande de Greek Street (association démocratique) et de lui demander si elle y donne son adhésion, oui ou non (...). Nous vous avons dénoncé les meneurs de cette société comme des charlatans et des escrocs. Des escrocs et des charlatans signent tout. Ils auraient bien signé notre manifeste si nous avions voulu accepter leurs propositions réitérées d’union et de concorde" (Lettre de Marx à Ernst Dronke du 9 juillet 1851).
"Nous avons l’énorme avantage qu’ils sont tous à l’affût de bons postes, et nous pas" (Lettre de Jenny Marx à Charles Longuet du 23 novembre 1880).
La minorité était composée des membres de notre Parti les plus portés vers l’opportunisme. La minorité était constituée des éléments du Parti les moins stables sur le plan théorique, les moins conséquents au point de vue des principes. Elle était formée précisément de l’aile droite du Parti. La division en majorité et en minorité est la suite directe et inévitable de cette division de la sociale-démocratie en aile révolutionnaire et aile opportuniste, en Montagne et en Gironde, division qui ne date pas d’hier, qui n’est pas propre au seul Parti ouvrier russe, et qui ne disparaîtra certes pas de sitôt" (Lénine, tome 7, page 359).

Une lutte dès maintenant.

La Plate-forme de l’OCML-VP parle ainsi du rôle des communistes aujourd’hui : "Le rôle des communistes dans les combats n’est pas d’exciter la lutte pour la lutte, mais de contribuer à constituer un camp ouvrier face au camp bourgeois, à le délimiter fermement face à l’opportunisme et au réformisme... " (n° 562).
Le lien et la distinction entre opportunisme et réformisme recoupent à peu près ceux qui unissent et séparent tactique et stratégie. On retrouve ces deux niveaux dans l’exemple qui suit, texte vieux de plus de deux ans, intitulé " Nos divergences avec Voix des Travailleurs " et signé " Le Comité Directeur de l’OCML-VP".
" Voix des Travailleurs, quelques mois après son exclusion de Lutte Ouvière, a fait paraître un projet de programme et invité largement l’extrême-gauche à en débattre (...) La dictature de la bourgeoisie, cachée derrière le masque du parlementarisme y est correctement démasquée. Mais son renversement doit déboucher sur la dictature du prolétariat. Or le terme n’apparaît pas. C’est même encore en retrait avec les rares textes de LO de 1976 (...) L’aspect autoritaire apparait uniquement par rapport à ceux qui "n’auraient pas renoncé à l’absurdité de la propriété privée bourgeoise". Or cette "dictature sur la minorité" s’exerce aussi vis-à-vis d’autres forces opposées à la tranformation vers le communisme, comme certains secteurs petits-bourgeois ou des responsables porteurs d’une orientation non prolétarienne. Cette carence a une série de conséquences aujourd’hui (...) Les processus d’embourgeoisement et de bureaucratisation ne sont pas seulement des phénomènes à combattre après une révolution. Ils existent aujourd’hui dans les organisations. Repérer et combattre les rapports de domination au sein de l’organisation communiste, du syndicat ou du comité de grève sont des tâches à mener dès maintenant, en lien avec nos conceptions de la transition au communisme ".

 

Marc

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