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Candidature Delannoy au congrès CGT : notre bilan
Notre organisation a soutenu la candidature de classe de Jean-Pierre Delannoy au 49e congrés de la CGT en décembre. C’était la première fois qu’une opposition déclarée, organisée, motivée, était présente lors d’un congrès confédéral.
Notons d’abord que le congrès n’a touché et concerné qu’une toute petite minorité de militants politisés, moins que le congrès précédent. Certaines structures n’ont même pas discuté des textes du congrès. Le « tous ensemble » est considéré comme une orientation à elle seule. Il y a aussi un repli « anarcho-syndicaliste » sur le local. Les syndicats combatifs qui s’étaient révélés dans les luttes de l’année 2009 ont été absents de toutes les phases de la préparation du congrès : Goodyear, Philips, Continental, New Fabris, Freescale, absorbés par la lutte même.
Il n’y a eu aucun véritable débat de fond sur l’évolution de la CGT. Pourtant cette évolution est bien ressentie, mais on ne voit pas comment s’y opposer concrètement, ou on ne veut pas, par opportunisme. Les critiques se sont portées sur les sujets récurrents qui traversent la CGT :
– La multiplication des journées d’action sans lendemain.
– Le manque de soutien aux secteurs en lutte face au patronat qui a des pouvoirs presque sans limites.
– La CGT est « trop molle », pas assez combative.
– Le syndicalisme rassemblé est un alignement sur les syndicats réformistes.
– Les inquiétudes sur l’avenir des retraites après le bilan calamiteux de la lutte sur les régimes spéciaux.
– Les inquiétudes diffuses sur l’évolution des structures de la CGT, tant au plan des syndicats que des militants, vers un syndicat d’experts et d’opinion au lieu d’être un syndicat de lutte.
Avant le congrès a eu lieu un tri sélectif des délégués qui devaient y participer. Il y a eu un renouvellement à 75% des délégués, donc moins connus, mais aussi moins contrôlés. Un malaise a pu s’exprimer au congrès, mais on était loin d’une opposition constituée entre réformistes et syndicalistes de classe. La crainte de la division était très forte, et pour beaucoup de délégués, la CGT est le seul et dernier rempart contre les attaques patronales. On ne peut pas vraiment parler de « fragilisation de la direction confédérale » comme l’affirment le CSR (Comité Syndicaliste Révolutionnaire). La direction CGT surfe habilement sur la crainte de la division, et pour cela manipule et magouille en utilisant par exemple la présence des sans-papiers pour se faire applaudir et contrer les opposants.
La candidature de JP Delannoy a eu un très gros impact, essentiellement médiatique, et a été assez largement connue des travailleurs et des syndicalistes que nous connaissons. Cette candidature a polarisé les contradictions, avec des aspects positifs, la conscience qu’il n’y a pas d’arrangement possible avec la direction confédérale, marquant un acte fondateur sur lequel nous allons pouvoir nous appuyer par la suite. Elle a permis de faire émerger une conscience supérieure des enjeux et de poser plus clairement les contradictions. Par exemple, on a vu des délégués prétendument opposants bien vérifier leurs votes afin de ne pas se mélanger aux supposés radicaux. La majorité du NPA n’était absolument pas d’accord avec cette candidature, trop occupée à recoller les liens avec la direction de la CGT après la friction à son université d’été. Le CSR a ouvertement fait campagne contre la candidature (malgré des textes plus prudents). LO en a vaguement parlé, et le POI (ex-PT) l’a superbement ignoré au point d’organiser une réunion à Nantes à la même heure que la réunion publique appelée par JP Delannoy. Ne parlons pas du PCOF qui l’a traité « d’aigri »...
Nous avons appuyé le meeting de Delannoy à Nantes, cela a permis de faire connaître notre organisation et notre journal. Le débat et le public étaient politisés. Les débats les plus contradictoires ont été autour de la nature des dirigeants syndicaux : des amis qui se trompent ou des ennemis ? Sur la façon de porter ce message devant les travailleurs. Sur comment continuer après le congrès. Nous pensons que sans « déblocage » politique, il ne pourra pas y avoir d’avancée sérieuse au plan syndical de classe. Doit-on se contenter de suivre le mouvement de masse, en voulant le radicaliser, éviter les débats pour ne pas « diviser », et d’un autre côté tenter de se développer au plan politique ? C’est la politique de tous les « centristes » (LO en tête). Nous pensons qu’il faut mettre la politique au poste de commande, sortir de la seule optique syndicaliste, de l’économisme ambiant, de la critique individuelle. C’est un projet ambitieux, à laquelle appelle notre organisation tous ceux et celles qui se réclament du communisme et du mouvement ouvrier.