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« Nous ne paierons pas votre crise »

Partisan N°237 - Avril 2010

Après les banques et les entreprises, ce sont les États qui sont en faillite. « Nous ne paierons pas votre crise », disent les banderoles à Athènes. La crise du capitalisme est loin d’être finie. Il n’y a pas de reprise, le chômage va continuer à augmenter. Le capitalisme a toujours été une suite de reprises et d’effondrements. Mais, il n’y a reprise que s’il y a suffisamment de destruction de capital.
L’Euro baisse. D’un coté on entend : c’est une bonne nouvelle pour les exportations ; mais de l’autre, que les États vont emprunter à des taux plus élevés afin de résorber leur dette. Des pays comme la Grèce ont de plus en plus de mal à obtenir des crédits sur les marchés financiers internationaux et doivent rembourser jusqu’à 7 % d’intérêt. Les banques qui étaient en faillite et à qui les États avaient prêté de l’argent, rachètent en grande quantité les emprunts de ces mêmes États. Ce n’est pas par solidarité, ni par une démarche citoyenne, car « ces opérations leur font gagner beaucoup, beaucoup d’argent : elles empruntent des fonds auprès des banques centrales à des taux proches de 0 % pour acquérir des obligations du Trésor qui leur procurent des rendements nettement supérieurs à 3 %. La différence va dans leur poche. » [1] Toutes les rémunérations données aux banquiers et aux traders, c’est de l’argent de l’État. Donc la consommation est soutenue par la spéculation sur les emprunts d’État, qui grâce à cela peut continuer à financer son budget.

Les médias nous disent que « la consommation est le moteur de l’économie française ». Ils oublient de dire que la concurrence est le moteur de capitalisme. Et pour rester concurrentiels, les capitalistes exigent que l’on baisse les droits sociaux. Par exemple en Grèce, l’âge de la retraite est repoussé à 67 ou 68 ans, les salaires sont bloqués, l’essence taxée, les embauches gelées, les impôts augmentés pour les retraités, etc. En Espagne et au Portugal, les mesures sont similaires.
On pourrait nous répondre que la démonstration est faite de la nécessité de réguler le capitalisme pour empêcher la spéculation. Nous l’avons déjà écrit, « il n’y a pas de capitalisme financier dévoyé d’un coté, et de l’autre un capitalisme industriel, plus social. Le capitalisme industriel est lui même une spéculation : engager un capital en espérant vendre suffisamment pour faire du profit. La spéculation financière ne rentre en crise que parce que la spéculation industrielle est en crise : si ça ne se vend pas, il n’y aura pas de profit. » [2]

Les peuples refusent de payer pour le capital. Ils ont raison. Nous sommes solidaires de leurs luttes. Nous vivons la même chose ici avec les licenciements, la précarité, l’usure au travail, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, les retraites encore attaquées. Alors que l’on voit la TVA baisser pour les restaurateurs, l’argent aller aux traders, ou pour faire la guerre aux peuples, comme en Afghanistan. Le système capitaliste a d’autres cartes dans sa manche afin de continuer sa domination. Pour « calmer un peu le populo mécontent, les syndicats les plus institutionnels, faisant désormais partie, aux cotés de la droite et de la « gauche » social-démocrate, d’un bloc de pouvoir unifiée de fait par-delà ses divisions secondaires, organiseront quelques innocentes marches... Il est cependant possible que l’option « promenade urbaine » ne soit plus suffisante et que le populo en question, un peu las de se promener, finisse par trouver qu’il en a également assez de se sentir promener. » [3] Avant de partir au combat, il faut partir sur de bonnes bases, pas celles qui nous ramèneront derrière les réformistes de tous poils, et en cela une analyse juste de la crise est indispensable. L’analyse doit être liée à une pratique en direction de la classe ouvrière internationale. A Voie Prolétarienne, c’est ce que nous pratiquons. Pour ne pas se condamner à payer leur crise, il faut devenir communistes.

Valentin

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