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Ecologie
Partisan N°270 - Décembre 2013
Le marxisme, c’est pas sorcier
Origine du mot
Oikos et logos en grec signifient maison et science. L’écologie est donc l’étude du milieu de vie. Le mot apparaît en 1866 dans une publication du biologiste Ernst Haeckel ; il n’existait donc pas encore quand Marx et Engels écrivent le Manifeste, alors que le mot économie (nomos signifie gestion) était en circulation depuis cinq siècles (chez Oresme, 1361). Et pourtant, on peut considérer que nos deux dirigeants de la classe ouvrière étaient des écologistes pionniers et radicaux. Il suffit de se reporter aux mots Nature, Propriété, Rente foncière, Ville-Campagne, etc.
Signification
Voyez cette première phrase du programme de Gotha : « Le travail est la source de toute richesse et de toute culture ». Marx n’est pas d’accord : « Le travail n’est pas la source de toute richesse. La nature est tout autant la source des valeurs d’usage (...) que le travail, qui n’est lui-même que l’expression d’une force naturelle, la force de travail de l’homme. » Et il explique : « Les bourgeois ont d’excellentes raisons pour attribuer au travail cette surnaturelle puissance de création : car, du fait que le travail est dans la dépendance de la nature, il s’ensuit que l’homme qui ne possède rien d’autre que sa force de travail sera forcément, en tout état de société et de civilisation, l’esclave d’autres hommes qui se seront érigés en détenteurs des conditions objectives du travail » (1).
La condition première de l’exploitation du travail des autres est donc l’accaparement et l’exploitation des forces de la nature, la propriété foncière, la possession de produits agricoles (coton, etc) et de produits miniers, et celle des moyens de production, produits du travail passé. La révolution communiste du prolétariat supprime la propriété privée, par une classe privilégiée, des biens collectifs, et rétablit entre la nature et l’humanité des rapports de corps organique à « corps inorganique », la planète étant pour nous comme un corps externe (2, 3).
Les mots qui servent à camoufler
Comment a-t-on pu passer de cet écologisme radical à un « communisme » productiviste ? Pas seulement en tronquant la théorie et en trahissant la politique, en faisant du « développement des forces productives » le grand moteur de l’histoire et en appelant « socialistes » et « communistes » des capitalismes d’Etat. La réalité économique et sociale elle-même était celle-ci : à l’époque du Manifeste, il était encore nécessaire d’ « augmenter au plus vite la masse des forces productives » (4) ; la Russie de 1917 et la Chine de 1949, comme l’ensemble des pays dominés, avaient encore à « se civiliser » (5), c’est-à-dire à faire leur révolution économique bourgeoise : la révolution industrielle. Elle est aujourd’hui mondialisée. L’exploitation capitaliste de la planète devient ouvertement suicidaire. Et qui sauvera l’humanité, sinon une révolution prolétarienne ? C’est le petit détail que négligent les écologistes. Alors, soyons rouges parce que verts ! (6).
Pour en savoir plus
(1) Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt, Ed. Sociales, p. 22.
(2) Manuscrits de 1844, Ed. Sociales, p. 62.
(3) Grundrisse, de Marx (cité dans Tom Thomas, L’écologie du sapeur Camember, p. 30).
(4) Le Manifeste, fin du chapitre II.
(5) Lénine, Mieux vaut moins mais mieux, t. 33, p. 515.
(6) Verts parce que rouges, Plate-forme politique de VP, cahier 3, p. 23.
Lire aussi : Marx écologiste, John Bellamy Foster, Ed. Amsterdam, 2011, 12 €.