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Brésil  : Jair Bolsonaro élu à l’élection présidentielle

Déclaration - 8 novembre 2018

Dimanche 28 octobre 2018, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu à la présidence de la République du Brésil.
Candidat du Parti Social-Libéral, ancien militaire, misogyne, raciste et homophobe assumé, Bolsonaro n’a pas caché sa volonté de mettre en place un régime réactionnaire. Depuis qu’il a été en tête dans les sondages, les actes racistes, sexistes et homophobes se sont déchaînés à travers le pays. Dès le 25 octobre, l’armée a investi quelques 27 universités et a fait interdire des meeting antifascistes et d’opposition.

 Sur le plan économique, Bolsonaro assume une politique tout aussi agressive  : réduction des droits des travailleurs, privatisations à marche forcée et plus grande ouverture du pays aux capitaux étrangers. Les couches les plus pauvres de la société (prolétariat et paysannerie pauvre) seront les premières touchées. Les pays impérialistes mais aussi les monopoles brésiliens comme étrangers ont vu d’un bon œil ce candidat qui ouvrait grand les bras au capital. Le tout nouveau gouvernement s’est dit favorable à la reprise de l’exploitation des ressources de la forêt amazonienne. Il promet de spolier encore plus les terres des peuples autochtones pour en faire des sources de profit. Ça promet  !

Bolsonaro a été porté au pouvoir principalement par le vote d’une partie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie, radicalisées sur leur droite. Une population majoritairement blanche et qui détient les richesses et le pouvoir du pays. De façon secondaire, il a obtenu l’adhésion d’une partie des couches populaires déçues par le Parti des Travailleurs de Lula (PT) qui fut au pouvoir de 2003 à 2011. Ce vote, ainsi qu’une partie de la forte abstention (21 %, alors que le vote est obligatoire au Brésil) montre l’échec du réformisme du PT. Échec de ne pas avoir pu satisfaire les aspirations des masses populaires. Échec de ne pas avoir pu réellement changer la dure réalité pour des millions de femmes et d’hommes dans le pays. Échec car empêtré dans des affaires de corruption.

Mais si l’élection au Brésil a été très largement couverte par les médias en France, nous ne devons pas oublier que cette tendance à la réaction dépasse ce pays. Les Philippines, la Turquie, les USA, l’Inde, l’Italie… ont élu récemment des gouvernements réactionnaires. Ils sont souvent qualifiés de « populistes  », voir « extrémistes populistes  ». Extrémistes, ils le sont, mais de la pensée bourgeoise, capitaliste. Ils prétendent mettre en cause le pouvoir politique et médiatique des élites en place. Mais à aucun moment, ils ne remettent pas en cause réellement le capitalisme et l’État, qu’ils se proposent de seulement de mieux diriger.
Cette crise politique, qui se généralise, est le résultat direct de la crise économique mondiale. Derrière leurs discours démagogues, ces « populistes  » sont en réalités au service de la restructuration violente du Capitalisme. Toute crise politique n’engendre pas nécessairement une révolution, mais, hélas aussi des bouleversements qui ne sont que la continuation du système capitaliste. Les années 30 en sont un triste exemple.

Le résultat des élections au brésil est donc le reflet de la tendance à la réaction. Cette réaction se déchaînera sur les ouvriers, paysans pauvre et prolétaires du Brésil, mais aussi sur les minorités ethniques, de genres ou sexuelles. Ce sont ces masses populaires qui se préparent déjà à faire face à ce nouveau gouvernement et à ces attaques. Dans les syndicats, dans les universités, dans les mouvements des femmes, des LGBT, antiracistes, écologistes ou encore des peuples autochtones  ; on se prépare à de longues luttes pour la défense des droits et des libertés. Nous apportons tout notre soutien et notre solidarité à ces masses populaires debout face à la réaction.

Mais en tant que communistes, nous apportons un soutien révolutionnaire à ceux qui tenteront, dans une période qui s’annonce difficile, de diriger ces luttes vers un objectif  : contre le capitalisme et l’État bourgeois. Car l’heure n’est pas au découragement mais au contraire, à regrouper en conscience et en organisation les franges les plus conscientes. L’heure est à faire table rase du vieux monde qui détruit les vies et l’environnement. L’heure est au rassemblement des forces ouvrières et populaires du Brésil dans la lutte contre la bourgeoisie ultra-réactionnaire, en se libérant des illusions électorales et réformistes du PT et d’autres, avec pour objectif la révolution socialiste.

 

OCML Voie Prolétarienne, 08 novembre 2018

 

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