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Désembourber l’avenir

Editorial de Partisan n°200 (février 2006)

Une année vient de se clore.
Forte de luttes, d’espoirs ;
mais aussi de déceptions ?
Une année comme les autres
 ? Non ! Mais toujours la
même question « que nous réserve l’avenir ? »
Cet avenir, celui que nous souhaitons pour
tous les travailleurs, « ne viendra pas tout
seul ». Ainsi l’affirmait, il y a 80 ans, le poète
russe Maïakovski dans le poème
« Désembourber l’Avenir ». Tout travailleur
un peu conscient sait que la résistance est
vitale pour les exploités. Mais est-ce suffisant
 ? Des luttes, en 2005 comme les précédentes
années, il y a eu partout dans le
monde. Et alors, disent certains, combien
d’efforts et de sacrifices pour des résultats
bien en deçà de l’énergie et des espoirs mis
en elles.

OÙ EST NOTRE FAIBLESSE DE TRAVAILLEURS,
OÙ EST LA FORCE DE LA BOURGEOISIE ?

Les bourgeoisies impérialistes sont bien en
place. Elles finissent encore par vaincre les
résistances qui leur sont opposées. Mais le
développement mondial du capitalisme n’est
pas « un long fleuve tranquille ». Au contraire,
il éveille révoltes, résistances et exaspérations
croissantes qui le rendent chaotique et
incertain.
Les travailleurs de Chine, nouvel Eldorado
capitaliste, malgré une répression féroce, se
dressent contre les conditions qui leur sont
faites. Leurs luttes explosent : 70 000 en 2005.
Elles sont rejointes par les soulèvements des
paysans pauvres.
En Amérique latine, les peuples, ouvriers et
paysans, refusent comme en Bolivie, aussi
bien leur exploitation que le pillage impérialiste
de leurs richesses nationales. Après
l’Argentine, l’Equateur, les insurrections
populaires ont démis successivement des
présidents inféodés à l’impérialisme.v
En Irak, l’impérialisme américain s’enlise
dans une guerre dont il ne peut sortir vainqueur,
face à une résistance hétérogène qui
n’est pas seulement le fait de groupes islamistes
ou de nostalgiques de Saddam Hussein.
En Europe, France, Allemagne ou Italie, la
résistance est aussi à l’ordre du jour. La colère
a nourri des luttes longues et déterminées
(contre Hartz IV, dans l’automobile en
Allemagne, SNCM, traminots de Marseille).
Les électeurs populaires ont désavoué massivement
les politiques pratiquées par les partis
bourgeois au pouvoir. En France, la victoire
du Non au référendum a montré les limites
de l’emprise idéologique de la bourgeoise sur
les travailleurs.

SI LA FORCE DE LA BOURGEOISE N’EST PAS
DANS SA CAPACITÉ À ÉTOUFFER LA RÉVOLTE,
OÙ SE NICHE-T-ELLE ? SI LA CLASSE OUVRIÈRE
ET LES TRAVAILLEURS VONT DE L’AVANT ET NE
SE RÉSIGNENT PAS À LEUR SORT, OÙ RÉSIDE
LEUR FAIBLESSE ?

Les travailleurs ont pour eux le nombre,
celui de la majorité des exploités. « Mais le
nombre ne pèse dans la balance que s’il est
uni par l’association et guidé par le savoir »
déclarait Karl Marx dans son Adresse inaugurale
à la Première Internationale ouvrière
en 1864. Il ajoutait aussi que l’« oubli des
liens fraternels qui doivent exister entre les
travailleurs des différents pays […] dans toutes
leurs luttes pour l’affranchissement, sera
puni par la défaite commune de leurs entreprises
divisées. »
Aussi la force de la bourgeoisie et la faiblesse
de la classe ouvrière ont pour noms : inorganisation,
absence de solidarité internationale,
obscurcissement du savoir et de la conscience
des buts propres aux travailleurs.
Il n’y a aucun fatalisme à cela. Il y a seulement
des « mesures à prendre « . Il y a « simplement
« à s’engager, à lutter pour donner un
sens, un espoir et des perspectives aux travailleurs.
Cela suppose de faire du ménage dans la
classe ouvrière elle-même et dans nos têtes,
en balayant les idées et les politiques qui,
parmi nous, portent les valeurs de la bourgeoisie
 : réformisme, chauvinisme, sexisme
ou racisme. Aussi, s’engager aujourd’hui
cela veut dire :
● Renoncer au mirage du réformisme, à
l’illusion d’un aménagement possible du
capitalisme ; perspective qui, sans être réellement
enthousiasmante, paraît à beaucoup
au moins plus efficace que la voie révolutionnaire ;
● Lutter pour que les organisations de
masse ouvrières soient réellement porteuses
des intérêts de la classe. C’est combattre au
sein de la CGT la ligne Thibault qui a engagé
la CGT sur la voie suivie par la CFDT, il y a
bien longtemps ;
● Organiser des rencontres internationalistes,
comme à l’occasion de la lutte contre la fermeture
de l’usine AREVA de Saint Ouen, pour
briser l’isolement national des ouvriers ;
● Promouvoir des rapports différents entre
les hommes et les femmes. Car le communisme
que nous voulons « ne réside pas seulement
dans la terre, dans la sueur des usines,
mais aussi chez soi, à table, dans les
rapports, la famille, les moeurs ».
● Et enfin formuler les grands axes d’une
alternative politique révolutionnaire, pour
orienter nos luttes et construire dès maintenant
les conditions du renversement du
capitalisme.
Ces batailles, ces défis, ces espoirs, ne peuvent
se concrétiser que collectivement.
Isolés nous sommes impuissants.
L’organisation révolutionnaire, le parti,
naît de cette aspiration à changer le monde.
Mais il est en même temps l’outil indispensable
à la construction de cette force collective,
par le développement du savoir et de la
conscience qui feront de la force numérique
des exploités, une force révolutionnaire porteuse
d’un avenir.
Alors camarade :
« calcule, réfléchis,
vise bien et avance »

… AVEC NOUS

A Lire dans Partisan 200

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