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Ils parlent de Paix et préparent la guerre
Editorial de Partisan n°208 (décembre 2006)
28 novembre. Le sommet de l’OTAN se réunissait à Riga, en Lettonie, aux frontières de la Russie. Le choix du lieu n’était pas anodin. La Guerre Froide est finie, mais pas la concurrence entre impérialismes. Et si la Russie est affaiblie, les ambitions de sa bourgeoisie restent fortes.
Si l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) survit aux causes qui l’ont fait naître, c’est qu’elle assure l’hégémonie militaire américaine sur le monde. En premier lieu sur l’Europe, car le maintien de ce traité sape l’ambition qu’auraient certains pays de construire une force militaire européenne indépendante. Les USA trouvent aussi, grâce à elle, de fermes alliés parmi les nouveaux membres de l’Union Européenne, comme les pays baltes et la Pologne. Cette Alliance permet encore aux USA, de faire supporter leurs interventions militaires par d’autres pays. Quelle que soit leur puissance, ils ne peuvent se battre sur plusieurs fronts. Aussi, ont-ils demandé, vainement, à Riga, un engagement plus grand de leurs alliés dans le bourbier afghan.
La bourgeoisie française, par la bouche de Chirac, a réaffirmé à Riga son allégeance à l’OTAN. Chirac n’a-t-il pas dit "Je réaffirmerai le rôle éminent de l’Alliance atlantique, organisation militaire, garante de la sécurité collective des alliées". Et pour faire bonne mesure, il fait mine de penser qu’Européens et Américains sont à égalité dans l’OTAN pour "conjuguer leurs efforts au service de la Paix".
Les provocations de l’aviation israélienne contre les forces (françaises) de la FINUL, le 17 novembre, révèlent quel est le rapport de force réel entre la France (les Européens) et les USA. Israël ne peut violer (comme toujours) les résolutions de l’ONU, ici la 1701, que parce que cet état a le soutien inconditionnel des USA. Les USA ne se sont pas émus de cette menace contre son allié français. La provocation visait à démontrer que, FINUL ou pas, Israël n’entendait pas limiter son champ d’action au Liban. Et la bourgeoisie française s’est écrasée.
Belle hypocrisie que d’affirmer, comme Chirac, que l’OTAN est une institution qui vise la paix et la sécurité. Paix ou sécurité, il ne s’agit pour les pays impérialistes que de se protéger contre les maux, et des révoltes que leur domination provoquent.
Les pyromanes jouent les pompiers
Certes, le monde n’a jamais été aussi instable et dangereux qu’aujourd’hui. Les bourgeoisies impérialistes désignent le "terrorisme" religieux d’Al Qaida, comme la cause de cette instabilité. Elles amalgament à celui-ci toute forme de résistance armée. Ces révoltes ont pour causes principales la domination des ambitions et des politiques impérialistes. Nous ne parlons pas seulement de la politique d’apprenti-sorcier des USA qui a armé, contre l’URSS, les combattants djihadistes qui se retournent maintenant contre eux. Ces révoltes sont plus que cela. Elles sont le produit de l’oppression et de l’exploitation des peuples par l’impérialisme. Le capitalisme ne peut prospérer que sur la misère de la majorité. Chaque capitaliste doit gagner, dans la guerre, contre ses concurrents.
Guerre entre concurrents capitalistes, guerre contre les peuples révoltés, guerre contre les peuples paupérisés. Les impérialistes ne peuvent pas tarir la source des révoltes sans se saboter eux-mêmes. Les pyromanes jouent les pompiers. Mais ils ne peuvent pas éteindre les incendies sur lesquels ils ont soufflé comme en Irak ou en Afghanistan.
Alors, ils cherchent simplement à les circonscrire, à protéger leurs espaces vitaux, leur ressources et leurs bases d’appui nationales, de la propagation de la misère et des crises dont ils sont la cause. La réponse est donc militaire, sécuritaire, non seulement au niveau des nations, mais aussi au niveau international.
Paradoxe et impuissance donc que de chercher, comme le font les impérialistes, à éviter la contagion des conflits en en préparant de nouveaux. Paradoxe et impuissance que de parler de Paix et de solidarité entre les hommes et les nations en tentant de cantonner la misère de l’Afrique en Afrique et en dressant des barrières à la libre circulation des hommes par le recours à un arsenal militaire et policier. Paradoxe aussi, et impuissance, que de se battre contre "l’extrémisme" au nom de la démocratie, en recourant de plus en plus à des mesures totalitaires, réactionnaires et antidémocratiques, comme la restriction des droits, le fichage généralisé et la torture légale. Le monde capitaliste parle de paix, mais il est en guerre.
Développer l’entraide internationale
Le capitalisme est la source des maux, la cause des révoltes légitimes. Il faut donc pousser celles-ci jusqu’au renversement de celui-ci partout dans le monde. Pousser jusqu’au renversement, ce n’est pas exalter toute révolte quel qu’en soit le contenu et ses dirigeants. Non ! C’est inscrire ces luttes dans la perspective du communisme. C’est faire en sorte que la classe ouvrière en soit la classe dirigeante.
La tâche est immense. Mais existent partout des forces qui se réclament du communisme. Souvent minoritaires, en butte à la répression des Etats ou des mouvements réactionnaires. Alors, la force des communistes, des ouvriers, c’est la solidarité. C’est l’entraide mutuelle. Sans cela, comme l’écrivait Marx en 1864, nos luttes "seront punies par la défaite commune de nos entreprises divisées".
Par les échanges internationaux, auxquels s’emploie Voie Prolétarienne, nous ouvrons des perspectives, nous faisons vivre une alternative sociale au capitalisme et à l’impérialisme. Nous jetons les bases d’une nouvelle internationale, en construisant partout l’organisation des exploités : un parti communisme. A la tendance à la guerre que porte l’impérialisme, nous organisons la tendance à la révolution que porte les révoltes des exploités.
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