Approfondir > Ils sont écolos ? Et nous ?

Ils sont écolos ? Et nous ?

LES VERTS

C’est tout un courant politique constitué qui se définit comme « écologiste » (sous la forme aujourd’hui d’Europe-Ecologie-Les Verts) et qui se contente de proposer un aménagement du confort de vie et de limitation des effets négatifs du capitalisme.

Depuis son origine, l’écologie politique a été diverse : des « défenseurs de la nature » investis d’une mission quasi religieuse pour une vision sacrée de la Nature, des réformistes bon teint défendant la qualité de vie de la petite-bourgeoisie urbaine, des humanistes sincères et parfaitement idéalistes (tout aussi réformistes), des scientifiques révoltés par le constat de dégradation de l’environnement...

Aujourd’hui ce que montrent principalement Les Verts c’est une caricature de la politique bourgeoise : lutte de clans et de personnes, tactiques opportunistes pour avoir des postes, avec pour seul projet un capitalisme à visage humain... Ne nous y attardons pas plus que ça.

PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS

Les partis issus de la gauche bourgeoise et social-démocrate sont amenés à se positionner sur les enjeux de l’environnement, à adopter une posture verte. Ce verdissement n’est qu’un vernis pour le PCF, qui promeut avec constance la bonne marche de l’industrie française, la défense nationale et les secteurs centraux de l’impérialisme comme les monopoles de l’énergie. Si le PCF s’est opposé à l’armement nucléaire (au nom du pacifisme), il a fait la promotion active de l’énergie atomique depuis son lancement au lendemain de la Guerre. Au nom du capital d’Etat, à travers EDF nationalisée notamment, le PCF s’est fait le champion des « prouesses » techniques associant les syndicats ouvriers à leur réalisation. L’ancrage productiviste du PCF sur le plan idéologique et en définitive matériel à travers sa bureaucratie syndicale est aujourd’hui contesté, à la marge, par une partie de ses militants. Sur ce terrain du « greenwashing », le PCF s’est trouvé concurrencé par le Parti de Gauche. Le PG affirme ouvertement la nécessité d’une planification écologique comme remède à la crise écologique. Il appelle à une alternative sociale qui prenne en compte « la dimension écologique », sous le nom d’éco-socialisme, une théorie fumeuse qui prétend combiner la préoccupation environnementale... avec la défense de l’impérialisme français. Car ce parti ne remet pas en cause les fondements du capitalisme et même pas la « grandeur de la France » qu’il défend bec et ongle.

ZAD ET ALTERNATIVES CONCRÈTES

Le repli militant des années 70 et 80 a amené grand nombre de militants révolutionnaires à s’investir sur des luttes locales, sous les différentes bannières « alternatives ». Ils ont posé les bases pour une nouvelle génération de militants de terrain, radicaux, engagés sur des luttes particulières (lutte contre les grands projets inutiles, militants anti-nucléaires, faucheurs d’OGM, etc.). Le développement de ce courant, particulièrement l’émergence des ZAD (Zones à Défendre), est intéressant : il porte une critique assez profonde du capitalisme. Il met en avant l’usage (l’utilité sociale) et non la marchandise, en prônant la sobriété face au gaspillage (avec les limites que cela porte, un ascétisme quasi-religieux), le développement local, etc. Anti-productivistes et anticonsuméristes, les militants qui l’animent tentent de faire émerger des alternatives. Cette notion d’alternative est prometteuse, elle montre la possibilité d’autres relations sociales : sur les ZAD par exemple avec une expérience de la démocratie directe, ou en constituant des circuits courts pour l’alimentation. Mais en ne posant l’alternative que comme parenthèse locale au chaos de la société capitaliste, elle reste individualiste et moraliste et ne propose pas une critique globale du système. Pour l’essentiel (les grands choix stratégiques en matière d’énergie par exemple), ces courants s’en remettent aux dirigeants du système économique, en tentant seulement de les freiner.

L’absence de toute considération de classe et le refus d’une vision globale de la perspective politique, qui caractérisent ces mouvements, handicapent sérieusement la perspective d’une alternative globale. Cependant, ces mouvements sont divers, et il est souvent possible, localement, d’échanger et de débattre.

L’EXTRÊME-DROITE

Citons enfin la présence de l’extrême-droite, certes marginale, mais qui essaye de faire son nid sur les préoccupations de défense de la « nature ». Pour une part, l’engagement de l’extrême-droite, particu-lièrement des identitaires, dans les combats écologiques est purement opportuniste, des militants qui tentent d’infiltrer les mobilisations. Mais il ne faut pas ignorer les aspects idéologiques plus profonds. L’écologie d’extrême-droite est fondée sur une aspiration romantique à une vie selon des « lois naturelles » avec par exemple le retour à la campagne et un rapport mystique à la terre, le refus du progrès scientifique et de la technologie, la défense des animaux ou le régionalisme. Ces aspects idéologiques sont souvent compatibles avec l’idéalisme de certains écologistes, qui prônent le sacrifice individuel et la soumission à une « nature » transcendante. Les passerelles sont boueuses, mais elles existent. Et les identitaires n’hésitent pas à juxtaposer leurs conceptions de l’écologie avec leurs visées racialistes : pour préserver la pureté de la « civilisation », il faudrait constituer de petites communautés rurales.

ET L’OCML-VP ?

Depuis sa création, VP s’est toujours intéressée aux questions écologiques, mais de façon insuffisamment systématique.

Si les fondements politico-théoriques de l’organisation, issues de notre lecture des expériences historiques ré-volutionnaires, nous permettent d’envisager de façon globale la transformation de la société, nous n’avions pas, avant 2015, mis bout à bout les éléments d’analyse et de projection dans l’avenir dont nous disposons. C’est ce que nous tentons, modestement, de faire avec ce dossier de Partisan Magazine. C’est bien incomplet encore, et l’effort est à poursuivre. Nous ne considérons pas, vous l’aurez compris, l’écologie comme un domaine politique séparé de la lutte des classes, mais bien comme une de ses expressions. Et c’est un domaine particulièrement déterminant : ce n’est qu’en révolutionnant profondément la façon de produire que l’humanité pourra non pas retrouver une unité perdue avec la nature (qui est un fantasme religieux) mais apprendre à vivre en intelligence avec elle. Notre conception non économiste de l’économie nous permet d’envisager non seulement d’autres rapports sociaux, mais aussi d’autres rapports avec notre environnement.

La question écologique est une question sociale : ce sont bien les rapports sociaux de production, impliquant les hommes entre eux et les hommes avec leur milieu naturel, qui sont en jeu. Et la solution, elle aussi, est sociale : c’est seulement en s’attaquant aux fondements du capitalisme qu’on peut envisager un avenir.

Nous espérons tout d’abord convaincre ceux qui considèrent l’écologie comme une préoccupation secondaire, qu’il n’en n’est rien. L’écologie est un sujet majeur : d’une part parce que le capitalisme amène l’humanité à sa perte, et d’autre part parce que la solution est dans la force collective des opprimés.

Soutenir par un don