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Politique bourgeoise et crise environnementale

Que ce soit le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, ou la dégradation des conditions de vie, la crise écologique aujourd’hui n’est plus à démontrer. Chacun en a conscience, y compris la bourgeoisie.

Face à cette crise, le capitalisme a aujourd’hui encore les deux fers au feu :
-  D’un côté, il continue de piller systématiquement la nature pour le seul profit (énergies fossiles, matières premières, agro-industrie, déforestation) y compris en présentant comme « propres » ses nouvelles productions (gaz de schiste).
-  De l’autre côté, il cherche à intégrer la crise écologique comme nouvelle variable d’ajustement dans la guerre économique en essayant de vendre une « transition verte ». Le capitalisme ne peut « verdir » que s’il peut rentabiliser sa transition en en faisant une source de nouveaux profits. C’est ce que nombre de capitalistes ont bien compris : il ne s’agit pas pour eux de résoudre la contradiction environnementale, mais de trouver de nouveaux marchés et de nouveaux produits.

D’autant que la crise écologique elle-même crée de « nouvelles opportunités » :
-  le réchauffement climatique va ouvrir de nouvelles routes maritimes dans l’Arctique, qui peuvent rebattre les cartes du commerce mondial.
-  l’exploitation des énergies renouvelables est un marché immense, que se disputent anciennes et nouvelles multinationales de l’énergie, avec l’appui des États qui leur offrent des réglementations très favorables, quelle que soit la performance écologique réelle des « innovations ».
-  Tant qu’il n’y a aucune mesure politique réelle de réduction de la consommation d’énergie, les capitalistes peuvent jouer sur tous les terrains : gaz de schiste et éolien, pétrole et solaire, nucléaire et charbon, etc. Donc la crise écologique leur permet de multiplier leurs profits tout en restructurant l’appareil productif selon les besoins du développement du capital, par exemple en fermant les centrales thermiques les plus anciennes (pour développer le nucléaire notamment).

Cette vague de restructuration « verte » a besoin d’un support idéologique pour se faire accepter : la culpabilisation individuelle. Puisque c’est toute l’humanité qui est menacée, chacun serait également responsable.

D’abord, précisons que nous ne sommes pas tous victimes de la crise écologique de la même manière ! Ce sont d’abord les peuples dominés par l’impérialisme et les prolétaires des pays dominants qui subissent les ravages du capitalisme : pollution, conditions de travail, malbouffe, manque d’accès à la santé, destruction de l’agriculture vivrière, problèmes d’accès à l’eau potable, etc.

Les bourgeois ont toujours les moyens de vivre correctement, même dans un environnement dégradé. Et que leur importe que leur consommation de luxe, leurs 4x4 ou leurs climatiseurs empirent encore la situation, si la planète crame c’est parce que nous ne trions pas bien nos déchets !

Alors, oui bien sûr, chacun peut et doit lutter contre le gaspillage, essayer d’éviter, autant que possible, de s’intoxiquer avec la nourriture industrielle ou économiser l’électricité. Mais nous ne sommes pas responsables de nos logements mal isolés, des conditions de travail dans les usines où l’on nous empoisonne à petit feu, où l’on nous expose à des pollutions ravageuses et à des rythmes de travail défiant la résistance du corps humain.
A l’échelle mondiale, les déséquilibres créés par le capitalisme sont tout aussi flagrants : le pillage est un fondement de l’impérialisme. L’exploitation sans limites de toutes les ressources naturelles, du pétrole à l’uranium, des terres agricoles à l’eau douce, du bois au sable, a des conséquences qui deviennent irréversibles, que ce soit par les conditions de production ou par l’épuisement des ressources. L’extraction de l’uranium au Niger par Areva est une catastrophe sanitaire et environnementale, sans parler de la militarisation de la zone uranifère imposée à la population... Partout, les forêts primaires, indispensables à l’équilibre climatique, sont détruites méthodiquement : en Afrique centrale, quand ce n’est pas Bolloré qui les pille, c’est Michelin qui les a détruites pendant des décennies pour faire pousser les hévéas fournissant le caoutchouc ; en Asie, ce sont les exploitations d’huile de palme pour la bouffe industrielle des pays impérialistes qui causent la déforestation. Les exemples sont innombrables.

Les grandes entreprises des pays impérialistes vivent sur le pillage et la destruction systématique. En maintenant les pays du Sud sous domination (militaire, politique, économique), ils préservent leurs réservoirs de matières premières, sources des profits.
Les capitalistes nous font la morale, mais ce sont eux les responsables.

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