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Les Etats nationaux vont-ils disparaître ?

Article de Partisan N°193 - Mars 2005

Chaque État est l’expression
de la classe
dominante bourgeoise
 : il garantit sa propriété
privée, lève les
impôts, garantit, sur fonds publics, tous les
risques que prennent les entreprises dans
leur conquête du marché mondial.Les dettes
du Crédit Lyonnais seront payées par
l’État, c’est-à-dire par nos impôts.

- EST-CE QUE TOUT SE DÉCIDE À BRUXELLES ?
L’État, garant de l’ordre, exerce son rôle
répressif : police, prison, armée et tribunaux
veillent sur l’ordre bourgeois. L’État
règle la circulation de la main-d’oeuvre
utile au capital et à la fabrication de la plusvalue,
etc. À Bruxelles, ce sont les représentants
des États nationaux et les grands
monopoles européens qui font les lois, les
technocrates sont à leur service.Les grandes
sociétés sont plus « transnationales »
que « multinationales », car leur propriété et
leur gestion restent liées à un État national
particulier. Renault par exemple est une
transnationale française.

- L’ÉTAT S’ENGAGE ET SE DÉSENGAGE.
Mais la
concurrence, la compétition économique,
les rivalités pour la conquête des marchés
opposent les capitalistes entre eux.Les plus
faibles sont absorbés par les plus forts, leurs
associations sont instables, ce qui crée des
tensions entre États.On l’a vu par exemple
lorsque Siemens a voulu racheter l’Alstom,
l’État français s’y est opposé. Les « transnationales
 » restent françaises, allemandes,
américaines, japonaises...
Avec ou sans décorum démocratique,les
États des pays dit émergeants répriment,
encadrent la classe ouvrière et les progressistes
pour tenter de rattraper rapidement
les États capitalistes plus avancés.
S’il y a un domaine où l’État se désengage,
c’est celui de la redistribution aux plus
pauvres et aux plus exploités : régression
des salaires indirects (retraites, santé...),
régression des statuts des travailleurs.
L’État laisse aux associations caritatives le
soin de s’occuper de la misère.

- ALORS MOINS D’ÉTAT ? CHEZ LES AUTRES
SURTOUT !

Les grands États impérialistes ont
besoin de faire éclater les barrières étatiques
de leurs concurrents dont la centralisation
fait obstacle à la « libre » circulation de leurs
marchandises et à la « libre » entrée de leur capital. On l’a vu en ex-Yougoslavie, en ex-
URSS et dans de nombreux pays d’Afrique.
Le Capital n’hésitera pas alors à soutenir en
sous-main tel groupe ethnique, religieux ou
à attiser des révoltes nationalistes au nom de
la « liberté ». Les États impérialistes mettent
sous tutelle militaire des États récalcitrants
par blocus ou par guerre, en brandissant
« l’humanitaire », la « démocratie ». Souvent,
cela se termine dans un bain de sang comme
en Irak : la démocratie dévoile son visage terroriste
d’État.

- ÉTAT, ORDRE ET HIÉRARCHIE.
À l’intérieur
même des puissances impérialistes, l’État
n’hésite pas à se désengager et à autonomiser
les régions. Les services publics seront à
la charge des habitants de ces seules régions,
ce qui occasionne des mécontentements
comme dans la Creuse où les maires ont
démissionné. L’éclatement en régions permet
aussi de casser les résistances centralisées,
de diviser. L’État peut aussi offrir aux
firmes transnationales des zones ou des
quartiers sans charges sociales et à bas salaires.
Il y a une hiérarchie impérialiste entre
États, et dans cette hiérarchie l’État français
fait toujours partie des « grandes puissances »,
même s’il collabore souvent avec d’autres.

- SOUHAITER L’INTERVENTION DE L’ÉTAT ?
Crises, guerres et chômage font partie de
ce système économique, l’État ne peut les
réguler. Certains parlent de « réhabiliter le
politique » et de « réguler l’économie », ce
« réformisme » a fait faillite : le capitalisme à
visage humain, sans chômage ni licenciements,
n’existe pas.

- LA RÉALITÉ EST DURE, FAUT-IL SE RÉSIGNER ?
L’histoire ne s’arrête pas. Les travailleurs se
sont organisés progressivement en syndicats,
en partis ,afin d’infléchir en leur faveur les lois
des États capitalistes et ils ont conquis des
droits. Ils ont créé des partis communistes et
ont pris le pouvoir en URSS, en Chine,…
même s’ils l’ont perdu, ils ont profondément
transformé ces pays. Ces expériences socialistes
ont dégénéré en capitalisme d’État (*),
le bilan est à approfondir. Parmi les éléments
positifs, ce bilan nous aide à comprendre ce
que devra être le futur État de transition au
communisme. Sur la base d’une économie
collective, il devra être le pouvoir des comités
de travailleurs et la politique pourra enfin
diriger l’économie.Celle-ci devenue collective
ne sera plus une jungle de concurrence,
d’inégalités et de catastrophes.
L’État capitaliste et impérialiste n’est pas
mort. Il faut lutter contre lui, nous n’avons
pas à nous allier avec lui contre un impérialisme
plus puissant, ni à nous lamenter sur
son soi-disant déclin. L’État n’est pas en
déclin, il évolue : moins social, plus répressif,
plus continental. Evoluons, nous aussi, élargissons
notre horizon, pratiquons concrètement
l’internationalisme.
Des militants VP

(*) Se reporter à nos diverses publications sur la restauration
du capitalisme dans les pays socialistes, notamment à notre
Plateforme politique (4 euros les 4 cahiers)

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