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Dossier : Les émeutes de banlieues en 2005

Partisan N°199 - Décembre 2005

Le dossier intégral à télécharger ci-contre


La révolte des jeunes des banlieues ouvrières a surpris tout le monde. Y compris la plupart des ouvriers. Or il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas d’autres révoltes à l’avenir. Alors, que faut-il faire ?

FAIRE CONFIANCE À L’ETAT, gouverné aujourd’hui par la droite ? Les solutions qu’il met en oeuvre n’en sont pas. Le quadrillage des quartiers, le mitraillage des peines de prison, les expulsions du territoire ne feront que renforcer la haine contre la police. Une haine déjà nourrie par des années d’exactions. Ces mesures vont agraver le mal. Elles n’ont d’ailleurs pas pour but de résoudre le problème. Elles ne font que montrer la force de l’Etat, face aux jeunes mais aussi pour les affrontements à venir qui mettront en oeuvre d’autres secteurs de la société. Vigipirate en suffit plus. On nous habitue au couvre-feu, aux interventions du GIGN. L’état d’exception va devenir la règle et nos droits se rétrécissent.

FAIRE CONFIANCE À LA GAUCHE ? Ils ont gouverné plus longtemps que la droite ces 25 dernières années. Ils ont organisé la violence contre les travailleurs. Violence des licenciements. Violence de la précarité, des boulots de merde qui s’enchaînent. Violence des expulsions du territoire. Violence des expulsions du logement. Immeubles populaires abattus. Logement HLM en peau de chagrin et de plus en plus cher. Et lois sécuritaires aussi. La LSI (Loi de Sécurité Intérieure) de la droite avait été précédée par la LSQ (Loi de Sécurité Quotidienne) de la gauche et vendue à l’opinion en profitant de l’émotion suscitée par les attentats de New York. La gauche y a, par exemple, rendu illégal de stationner dans un hall d’escalier. Face à l’amnésie permanente, on ne le rappellera jamais assez.

SUIVRE TOUS LES ILLUSIONNISTES qui proposent leurs solutions ? A droite, à gauche, à gauche de la gauche... C’est fou la quantité de gens qui se pressent au chevet des quartiers malades, à la lueur des feux de voitures finissant. Police de proximité ? Mais sur les 180 jeunes tués par la police en 25 ans, plusieurs l’ont été par cette police de proximité soi-disant plus humaine. Des subventions aux associations ? Mais les Mairies qui les dispensent ont toujours asphyxié celles qui les gênaient et qui organisaient vraiment les jeunes. Faire fonctionner l’ascenseur social ? C’est comme le loto. Il faut que quelques-uns gagnent pour pour que des millions supportent leur misère et vivent dans l’espérance. Tous ces discours sentent le déjà vu et ont une logique : accroître les couches moyennes pour encadrer ceux qui n’ont plus d’espoir. A l’heure où la bourgeoisie se prépare à une nouvelle attaque contre les chômeurs et les travailleurs, avec la renégociation de la convention UNEDIC, toutes ces solutions sentent le dérisoire.

S’ADRESSER AUX JEUNES RÉVOLTÉS ? Leur dire qu’ils feraient mieux de brûler les voitures des bourgeois ? Mais la police protège les beaux quartiers et les repèreraient immédiatement. Qu’ils s’en prennent aux bâtiments de l’Etat ? Mais comment oserait-on proposer cela, alors que le mouvement ouvrier n’en est plus capable depuis longtemps ? La seule chose raisonnable à leur proposer c’est une vie structurée par le combat pour changer la société. Mais comment les organiser ? Pas de véritable organisation de jeunesse révolutionnaire. Peu d’associations de chômeurs. Des Unions Locales syndicales fermées à 17h, qui ne s’intéressent qu’aux entreprises. Tous les jeunes arrêtés sont des enfants d’ouvriers, beaucoup en apprentissage ou travailleurs précaires. On peut déplorer le faible niveau de conscience de cette révolte, il ne fait que refléter le faible niveau d’organisation et de conscience de la classe ouvrière. Il ne fait aussi que refléter la faiblesse de l’intervention dans les quartiers de la part des travailleurs organisés.

ALORS NOUS DISONS à tous ceux qui, autour de nous, reprochent aux jeunes les voitures et les écoles brûlées : comment exprimez-vous votre colère, vous ? Etes-vous investis dans une association de parents d’élèves, dans une association de locataires, dans un syndicat ? Et il y a la manière aussi. Participez-vous aux occupations d’écoles pour empêcher les fermetures de classe ? Vous battez-vous contre les expulsions locatives ? Quelles solidarités de quartier construisez-vous ? Quelle attitude avez-vous quand vous voyez des exactions policières ? Est-ce que vous vous battez pour que votre syndicat ou votre association soit sur des bases de lutte de classe ? Et s’il n’y a pas de syndicat, est-ce que vous cherchez à en construire un ? On sait que l’attitude des parents est une référence quand on est jeune. Tant que le mécontentement ne s’exprimera pas ou ne s’exprimera que dans des luttes isolées, les jeunes ne seront pas polarisés par un « mouvement ouvrier ».

NOUS NOUS ADRESSONS AUSSI à ceux qui nous lisent. Vous êtes dans une ville sans militants de Voie Prolétarienne ? Contactez-nous. Nous étudierons quoi faire ensemble. Vous connaissez des militants de VP ? Venez à nos réunions. Intervenez avec nous. Rejoignez-nous. Construisons ensemble des syndicats, des associations pour résister et mener la lutte de classe. Construisons ensemble une organisation communiste. Elaborons ensemble un programme de lutte révolutionnaire. Ainsi nous aurons des organisations pour structurer les entreprises et les quartiers. Nous aurons alors un espoir, un but, un chemin à proposer à tous ceux qui aujourd’hui ne savent pas quoi faire pour exprimer leur rage.

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