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Chine : Les autorités répriment les maoïstes

Partisan N°197 - Octobre 2005

Le 24 décembre 2004, des maoïstes de Chine ont été condamnés à trois ans de prison. Le 9 septembre 2004, quatre maoïstes avaient été arrêtés à Zhengzhou, à l’occasion du 28e anniversaire de la mort du président Mao Zedong, pour avoir distribué des tracts dénonçant la restauration du capitalisme en Chine et appelant à un retour « à la voie socialiste ». Deux des militants, Zhang Zhengyao, 56 ans, et Zhang Ruquan, 69 ans ont été déclarés coupables de la rédaction des tracts et condamnés à l’emprisonnement. L’affaire a suscité un grand nombre de messages de solidarité en Chine.

Ces dernières années, de nombreuses personnes de Zhengzhou se rassemblent dans le parc de Zijinshan pour rendre hommage à la mémoire de Mao en posant des gerbes de fleurs et en lisant des poèmes. Chaque année, la police est massivement présente, ce qui conduit invariablement à des incidents, et à des arrestations. Cette année encore, un habitant, Zhang Zhengyao, a été arrêté par des policiers en civil alors qu’il distribuait des tracts dont le contenu a été jugé « infâmant et subversif par nature ». Ce que Zhang diffusait était un texte commémoratif titrant « Mao pour toujours notre leader », spécialement écrit pour cette occasion et que vous pouvez lire ci-dessous.

Trois autres personnes ont été impliquées dans cette affaire. Wang Zhanqing pour avoir imprimé les tracts, Zhang Ruquan et Ge Liying, la femme de Zhengyao, ont été placés sous surveillance judiciaire, Zhang Ruquan pour avoir écrit le tract et Ge Liying pour l’avoir envoyé à un site internet maoïste « Le Drapeau de Mao Zedong ».

L’incident a tout d’abord été peu relaté, même dans les cercles de gauche en Chine. Zhengzhou a la réputation d’être le berceau du maoïsme radical en Chine. Les protestations ouvrières les plus radicales s’y sont déroulées. L’affaire a commencé à faire du bruit durant le procès. De nombreux sites internet de gauche ont rapporté l’affaire, publié le texte intégral distribué par les militants. C’est maintenant une affaire célèbre pour la gauche radicale chinoise. Interdit au public, le procès s’est déroulé à huis clos. Des gens venus de toute la Chine ont essayé d’assister au procès pour exprimer leur solidarité, mais sans succès. Les « subversifs » ont été condamnés à trois ans de prison. Une pétition pour leur libération immédiate circule.
Un lecteur, d’après Monthly Review

TROIS ANS DE PRISON POUR CE TRACT :

EN COMMÉMORATION DU 28E ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DE MAO ZEDONG

« Vingt huit ans ont passé depuis que le président Mao nous a quittés. Durant ces vingt huit dernières années, les forces réactionnaires, conduites par les partisans de la voie capitaliste dans notre parti, ont usurpé les pouvoirs du parti et de l’État et se sont partagés les recettes de l’État. Dans le même temps, ils ont répandu leur venin contre Mao Zedong et l’héritage socialiste. Ils ont fait leur possible pour attaquer et salir Mao Zedong, par l’utilisation de résolutions du parti, la publication de documents et rapports officiels, la publication d’articles et d’éditoriaux dans les médias officiels ; ils ont développé rumeurs et ragots à travers leurs mémoires et des interviews avec des journalistes étrangers.

MAO, DIRIGEANT DU PEUPLE CHINOIS. Mais la grande majorité du peuple chinois, qui représente 95% de la population, et en particulier les ouvriers et les paysans se tiendront toujours du côté de Mao Zedong. Sous la direction de Mao Zedong, servir le peuple était le précepte fondamental guidant le travail du parti, du gouvernement et de l’armée. Il a personnellement indiqué à tous les membres du parti, à tous les cadres, de toujours défendre la ligne de masse et de se tenir aux côtés des 95% du peuple ; il a toujours défendu que « défendre la ligne de masse est un principe fondamental du marxisme ». Tout au long de sa vie jusqu’à son dernier souffle, il s’est battu pour la libération du peuple. À travers ses expériences directes, le peuple chinois a réalisé qu’il était lié à Mao Zedong dans les bons moments comme dans les mauvais, dans les victoires comme dans les défaites. Avec Mao Zedong comme dirigeant, le peuple chinois était le maître du pays et jouissait de droits démocratiques inviolables. Il vivait une vie heureuse, confiante, et optimiste dans les jours meilleurs à venir.

Mais après la mort de Mao Zedong, la classe ouvrière de Chine a été assommée par la bourgeoisie, les travailleurs n’étaient plus les maîtres du pays. Dans cette nouvelle société du « socialisme à la chinoise », l’argent signifie pouvoir et statut social, alors que le peuple travailleur a été conduit à une pauvreté abjecte.

Les travailleurs ont perdu leur statut social et tous les droits acquis précédemment. Ils ne sont plus considérés comme des travailleurs socialistes mais contraints de vendre leur force de travail pour survivre, ils sont devenus des marchandises pouvant être achetées librement par les capitalistes.

EXPLOITATION ET SOUFFRANCE. Une partie des travailleurs travaille dans les soi-disant entreprises d’État, mais le terme « entreprises d’État » signifie entreprises capitalistes, car l’État tout entier est la propriété de la classe capitaliste.

Les travailleurs ne travaillent plus pour eux-mêmes mais pour créer de la plus-value pour la classe capitaliste. Une autre partie des travailleurs est, dans les faits, devenue esclave des grands et petits capitalistes. Elle souffre d’une exploitation et d’une oppression toujours plus cruelle. De plus, des centaines de millions d’ouvriers et de paysans sont victimes de licenciements et forcés à l’immigration, vivant au jour le jour, toujours sur la route, cherchant du travail, luttant pour survivre. Le travail est devenu le seul moyen de survivre pour eux et leurs familles. Le travail n’est plus un droit garanti. Ils ont été privés du droit d’envoyer leurs enfants à l’école, de se soigner, du droit à la retraite, de participer aux activités culturelles, sportives et récréatives, privés du droit à la justice par la marchandisation de l’école, de la santé, de la culture, du sport et de la justice. Le gaspillage des ressources et la pollution sont directement dues au développement rapace des capitalistes, les travailleurs y ont perdu le droit à la nourriture saine, à l’eau potable et à l’air pur. La pauvreté les conduit aux pires souffrances.

SOCIALISME À LA CHINOISE=CAPITALISME. Il est risible de voir ceux qui s’opposent à Mao Zedong faire un bilan de Mao Zedong. Bilan officiel rejeté catégoriquement par le peuple. « La fièvre Mao Zedong » qui existe actuellement en Chine réfute de manière éloquente les deux résolutions « officielles » tirant le bilan de Mao Zedong. Elles sont inacceptables aux yeux du peuple chinois et des peuples du monde entier comme le sont Deng Xiaoping et Jiang Zemin qui se présentent comme les architectes des réformes chinoises. La pratique historique et les réalités sociales de ces 28 dernières années ont ouvert nos yeux et développé notre conscience de classe sur le fait que les éléments bourgeois dans le parti sont la tête et la colonne vertébrale de la classe bourgeoise chinoise… Regardez ce qui se passe depuis 20 ans ; les grands et petits tenants de la voie capitaliste dans le parti et les membres de leurs familles sont tous devenus millionnaires parfois milliardaires. Qui peut prétendre que leurs discours sur le socialisme ne sont pas des mensonges ? Ce qu’ils veulent réellement c’est le capitalisme, parce que seul le capitalisme leur amène des profits plus grands. Ils sont les ennemis du socialisme et du peuple.

REVENIR À LA VOIE SOCIALISTE. Malgré tout, nous ne devons pas oublier que le Parti Communiste Chinois a été fondé par Mao Zedong et a une longue tradition révolutionnaire. C’est un parti qui a lutté résolument contre le révisionnisme khrouchtchevien et conduit la Révolution Culturelle. Et assurément, comme il y a des tenants de la voie capitaliste dans le parti, il y a certainement des tenants de la voie socialiste, aux échelons de base en particulier. Parmi les membres de base du parti, chez les cadres de niveaux inférieurs, beaucoup rejettent les dirigeants révisionnistes dans le parti. Ils veulent voir le parti changer sa ligne actuelle et revenir à la voie socialiste. Certains se sont exprimés ouvertement pour un changement de direction, d’autres craignent pour eux-mêmes et leurs familles et taisent leurs opinions. Nous sommes convaincus que les contradictions de classe vont s’accentuer en Chine avec la poursuite des privatisations de la clique révisionniste, et que les masses vont intensifier leur lutte à une échelle supérieure.

Avec le développement des contradictions et des luttes de masse dans le pays, les gens dans le parti, le gouvernement et l’armée qui ont compris la vraie nature du révisionnisme conduiront une lutte résolue contre lui et rejoindront les rangs de la classe prolétarienne pour porter haut le drapeau de Mao Zedong et assumer le combat pour le socialisme en Chine.

Aussi longtemps que les classes et la lutte des classes existeront dans le monde, Mao Zedong sera pour toujours le dirigeant des classes opprimées et exploitées. La lutte du peuple est la source intarissable de notre confiance et de notre force. »

Traduction abrégée du tract - sous-titres du comité de rédaction

NOTE DE LA RÉDACTION

Ce tract est un événement important. Il témoigne concrètement de ce qu’est « le socialisme à la chinoise » et de l’existence de travailleurs sachant analyser et caractériser ce qu’ils subissent. La « fièvre Mao Zedong » dont parle le tract est clairement une opposition au régime. La transition au socialisme, conduite par Mao, ne fût pas « un dîner de gala », la lutte entre voie socialiste et voie capitaliste commença dès la prise du pouvoir, pour culminer dans la Révolution Culturelle, en 1966, contre les « responsables du parti engagés dans la voie capitaliste ». Ces responsables, qui l’ont emporté contre Mao et la gauche en 1976, dominent, depuis lors, dans le Parti communiste chinois, un parti devenu celui de la nouvelle bourgeoisie. C’est pourquoi il est illusoire de croire que du parti actuel, de l’État ou de l’armée, pourrait jaillir une force qui dirigera « le combat pour le socialisme en Chine ».

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