Approfondir > Les enjeux d’aujourd’hui !

Les enjeux d’aujourd’hui !

Partisan Magazine N°18 - Décembre 2021

La Covid-19 a peut-être foutu l’économie mondiale dans la merde, mais il a mis aussi le camp populaire dans la confusion. Ceux qui se faisaient vacciner étaient taxés par d’autres de moutons du gouvernement et bons clients des firmes pharmaceutiques, voire de traîtres dans leur syndicat, et d’un autre côté tout le monde voit les anti-pass comme massivement influencés par les théories complotistes. Il est pourtant facile d’admettre que l’on fasse appel à la médecine en cas de problème sanitaire, et inversement, qu’on soit méfiants après des scandales comme ceux de l’amiante, du chlordécone et bien d’autres.
« Nous sommes en guerre », avait déclaré notre banquier de Président le 16 mars 2020 ; en guerre « face à un coronavirus ». Or, toute guerre, même sanitaire, a l’avantage pour la bourgeoisie de serrer les rangs derrière elle, de semer la zizanie parmi les travailleurs, de dégonfler les mobilisations politiques et syndicales. Avant la guerre contre le virus, celle contre le terrorisme avait eu la même utilité. Et après ? Les gros nuages menaçants ne manquent pas : l’énorme bulle financière des dettes non remboursables, l’épuisement des énergies fossiles et les catastrophes écologiques, les nouvelles rivalités Est-Ouest et le réarmement généralisé, et, pourquoi pas, d’autres virus ou catastrophes informatiques.

Pour unifier le camp des exploités et nous donner une chance de sortir de ces impasses, organisons déjà et partout le débat. Partons des questions simples, livrons-nous au jeu des pourquoi, étudions l’arbre des causes comme dans un CHS. Pourquoi cette pandémie, sans précédent dans son ampleur et sa rapidité ? Pourquoi est-elle si mal gérée ? Pourquoi une simple petite aumône exceptionnelle de 100€ à 38 millions de travailleurs ? Pourquoi la hausse des prix et celle des pénuries ? Pourquoi la peur des Gilets jaunes joue-t-elle encore ? A ce jeu des pourquoi, dans un CHS, vous arriverez toujours à remonter à l’organisation du travail et à ses priorités. Au niveau mondial, vous arrivez aussi inévitablement aux racines, aux réalités radicales capables de vous rendre radicaux, autrement dit révolutionnaires. Vous serez obligés d’utiliser des gros mots : capitalisme, impérialisme, et même communisme.

Si vous savez que le Capital transforme les valeurs d’usage, le besoin de se nourrir, se loger, se soigner, se reposer, etc., transforme tout en valeurs d’échange, en fric, en profit et en concurrence, alors vous comprendrez qu’on puisse à la fois se soigner, se vacciner, et en même temps lutter collectivement contre les brevets et la propriété privée, contre l’obsession de la « croissance » chez ceux qui nous gouvernent, contre un capitalisme qui tue tous les jours et est prêt à tuer bien plus encore pour se survivre à lui-même.
Si nous disons « Usages et échanges, oui, mais valeur d’usage et valeur d’échange, non », nous suivons le Capital de Karl Marx. Nous sommes conformes à la théorie communiste !
Nous n’apprenons rien à ceux qui nous suivent, mais nous devons constater qu’il y a beaucoup d’anticapitalistes autour de nous et beaucoup moins de communistes révolutionnaires déclarés. Pourquoi ? Parce que le mot « communisme » a été pollué par une réalité nouvelle au XXe siècle, celle de pays soviétiques devenus capitalistes d’Etat. Il faut tout reprendre depuis le début. Repartir de Karl Marx. Aboutir comme lui à la classe ouvrière, à la nécessité de sa dictature, et pas à celle d’une nouvelle bourgeoisie. Avoir comme objectif immédiat un pouvoir des travailleurs, de la base au sommet.
Même le mot « anti-capitaliste » lui-même a été pollué, transformé en une simple lutte contre la répression et les mesures du gouvernement, comme si le fondement économique de l’exploitation, de l’accumulation du capital, était passé à la trappe. Même le A du NPA signifie anticapitaliste et montre la difficulté, seulement dans les mots pourtant, à passer de l’anticapitalisme au communisme. Alors, le mot dictature, je ne vous dis pas ! Surtout dans un pays impérialiste comme la France, où la petite bourgeoisie salariée est nombreuse et puissante politiquement dans les partis, les syndicats, les associations.

Or la révolution ouvrière et communiste, c’est maintenant. Les gros nuages s’accumulent à l’horizon. On a changé de période. Celle du réformisme, du beurre dans les épinards, des petites luttes et du débouché électoral, c’est fini, ça ne marche plus. Depuis les années 1970, c’est « la crise ». Le capitalisme est arrivé au bout de sa mécanisation et de sa rentabilité, et au bout de la planète. Nos luttes sont défensives. Contre les licenciements, contre les mises en sous-traitance, en auto-entrepreneurs, les accords de performance collective (APC). Voyez nos camarades de chez Ibis, Transdev en Seine-et-Marne, Challancin dans le RER, Bergams à Grigny, Carrefour, les premiers de corvée que sont les sans-papiers (en grève sur Paris fin octobre). La tendance est à la dégradation dans tous les secteurs, Heureusement que certains freinent !
Quant au débouché politique, il a besoin d’être « débouché ». Qui ne peut être proprement stupéfait par l’électoralisme de tous les partis bourgeois et réformistes. Nous sommes à six mois de l’élection et c’est la comédie sans aucune honte dans tous les camps, le remue-ménage et l’agitation superficielle : Le Pen et Zemmour à l’extrême droite, les pseudos primaires débiles chez les écolos, à LR ou au PS, le PC qui propose un candidat pro police, pro nucléaire et pro chasseurs (avec ça, il va attirer les jeunes !!), et même à l’extrême-gauche avec les mouvements pathétiques de Arthaud, Poutou ou Kazib qui ne cherchent que l’apparition médiatique et s’esquintent à trouver les 500 parrainages pour pouvoir se présenter. L’expérience a été faite et refaite : le bulletin de vote n’est qu’un jeu bourgeois qui ne sert que la bourgeoisie et voilà la raison de l’abstention massive parmi les prolétaires. Et le jeu des prolétaires ? On le cherche…

Une bonne gestion exigerait de toute évidence une solidarité mondiale, une « communauté libre d’hommes libres ». Une bonne gestion serait… le communisme.
N’ayons pas peur des mots, ni de la réalité. C’est être solidaire des autres que d’indiquer : l’avenir sera solidaire ou il ne sera pas. Et ma liberté personnelle ? Voici le libre choix que nous offre le capitalisme : le communisme ou la mort ! Notre choix est fait, mais ça va tanguer, ça tangue déjà.

Sachons garder le cap, c’est ça l’enjeu d’aujourd’hui !

Soutenir par un don