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A bas les pro-impérialistes poutiniens !
Partisan Magazine N°19 - Mai 2022
Avertissement et rectificatif - 21 mai 2022
Cet article critique de manière cinglante les pro-impérialistes poutiniens, à partir d’un texte du Parti Maoïste Russe, reçu tout à fait officiellement à notre boîte mail et dont nous avons vérifié l’authenticité sur le site Internet du parti.
Nous avons appris, une fois l’impression achevée, qu’un militant connu du parti était en fait un agent poutinien, qu’il a usurpé le site du PMR et y publie désormais ses propres positions. Selon des informations confirmées, il a été immédiatement exclu, car le PMR s’oppose clairement à la guerre impérialiste de Poutine, et en subit les conséquences en termes de répression.
Malheureusement le mal était fait, et il était trop tard pour corriger notre publication.
Nous présentons nos excuses aux camarades russes, et les assurons de notre solidarité en cette période difficile.
Par ailleurs tout l’argumentaire de l’article reste opportun concernant la critique des pro-impérialistes poutiniens, tels que nous les connaissons par exemple en France. Il n’y a donc pas lieu de le remettre en cause, seule l’attribution au PMR n’a plus lieu d’être.
L’article mis en page pour le magazine, à télécharger au format pdf.
Alors mettons les points sur les i et les barres sur les t : la Russie est un pays bien impérialiste, successeur du social-impérialisme soviétique de l’après-guerre. Qu’il s’agisse d’interventions militaires (Afghanistan…), de domination économique (le sucre à Cuba), de soumission et de vassalisation de régimes des pays dominés (Ethiopie, Syrie) d’affrontement et de rivalités avec les autres impérialismes (USA, Europe, Chine), il n’y a rien à défendre. D’autant que l’impérialisme est d’ABORD la marque d’un pays capitaliste dont les rapports de production internes (l’exploitation des prolétaires, des paysans et autres secteurs sociaux) sont parfaitement capitalistes. Au fait, ils en pensent quoi les pro-Poutine de la situation des classes en Russie ? De l’exploitation ? De la pénétration des monopoles impérialistes étrangers (Renault, Total, LVMH, Auchan, Leroy-Merlin…) et de l’intégration au marché mondial ?
Nous publions ci-dessous une déclaration qui est une caricature obscène du soutien à Poutine de la part d’un parti russe qui se dit « maoïste » - et membre de l’ICOR, les camarades ukrainiens doivent être ravis de les côtoyer !!! Ce qui, soit dit en passant, en dit long sur la base d’unité de ce rassemblement international, supposément marxiste-léniniste…
Bref.
Cette déclaration mérite d’être connue pour être dénoncée définitivement :
• Déjà, voilà des militants qui se disent communistes et qui soutiennent leur propre bourgeoisie.
• Pour eux, la Russie n’est pas un pays impérialiste, n’est pas expansionniste, il n’y a pas de guerre, mais une opération militaire spéciale (les mots de Poutine). Et si l’Ukraine ne se soumet pas, elle sera « complètement écrasée ». Les mêmes mots des Etats-Unis contre la guerre du Vietnam !
• Poutine est certes anticommuniste et réactionnaire, mais « moins » que Zelenski… Voilà une nouveauté marxiste intéressante, la notion de plus ou moins dans le caractère réactionnaire d’un régime.
• La déclaration défend, sans une once de recul les prétendues républiques de Donetsk et Lougansk, sans imaginer une seule seconde une caractérisation marxiste de ces créatures, mafieuses, corrompues, et soumises à l’impérialisme russe.
• Dans cette période, les intérêts du prolétariat « coïncident temporairement » avec ceux de la bourgeoisie. Depuis Lénine, on sait pourtant sans doute possible, que la bourgeoisie des pays impérialiste a perdu tout caractère progressiste
• Toute la responsabilité du conflit revient à l’OTAN, la Russie ne fait que se défendre. On en arrive même à voir des caricatures où l’illustration des bombes sont celles des USA. On croit rêver. Quant au supposé facteur de paix si la Russie réussit à occuper l’OTAN, chacun comprend que c’est une mauvaise blague.
• Le fait qu’il existe d’autres impérialistes (USA, Europe – dont la France, Chine) sources de malheurs partout sur la planète est évident. Les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Amérique Latine et d’Asie en subissent les conséquences dans leurs chairs tous les jours. Cela ne change absolument rien à la nature de la Russie et de l’intervention poutinienne en Ukraine.
• La dénonciation et la répression des pacifistes russes contre la guerre, renvoie à la dénonciation et la répression des pacifistes américains pendant la guerre du Vietnam. Les impérialistes russes subiront en Ukraine le même sort que leurs prédécesseurs !
Bref, une déclaration odieuse, pro-impérialiste, le ralliement de militants qui se prétendent « maoïste » à leur propre bourgeoisie, dans une grande « union sacrée » contre l’ennemi. Comme en août 1914, ou en 1939 en France, le ralliement de fractions progressistes à la sainte alliance avec l’impérialisme français contre l’impérialisme allemand…
Et pourtant, nous la diffusons, pour que personne ne puisse dire qu’il ne savait pas ! Et aussi pour démarquer les camps : il n’y a aucune unité possible avec les militants qui répandent de pareilles bêtises anti-marxistes ! Ce qui ne concerne évidemment pas le prétendu Parti Maoïste de Russie, mais tous les pro-Poutine pro-impérialistes en France, par exemple les militants qui diffusent les inepties du site « Unité CGT » !
http://maoism.ru/en/21071
17 mars 2022
Brève présentation des motifs, justifications, objectifs et conséquences de l’opération militaire spéciale (OMS) de la Russie en Ukraine.
La question des motifs de l’opération ne devrait pas vraiment être posée à la Russie, car ce n’est pas elle qui l’a choisie. L’opération a été imposée par les circonstances suivantes :
• Les attaques continues de l’Ukraine contre la République populaire de Donetsk (RPD) et la République populaire de Louhansk (RPL), où vivent, soit dit en passant, près d’un million de citoyens de la Fédération de Russie ;
• L’expansion continue de l’OTAN à l’est ;
• La déclaration du président Zelensky sur la possibilité de se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (Mémorandum de Budapest).
Le véritable responsable de ce conflit a été sans aucun doute un autre pays, à savoir les États-Unis. D’une part, il est bien connu que le gouvernement ukrainien est subordonné aux États-Unis. D’autre part, les Etats-Unis sont le seul bénéficiaire évident du conflit, puisqu’ils n’ont pas caché leur volonté de perturber l’ouverture du gazoduc Nord Stream 2. Comme vous pouvez le constater, tout se tient : ce conflit est organisé du début à la fin par l’impérialisme américain, ses satellites de l’OTAN et le régime nationaliste ukrainien fantoche. La réponse militaire de la Russie, entièrement forcée, est toujours défensive.
Beaucoup fondent leur critique de l’OMS sur une analyse du discours de Poutine du 21 février comme étant anticommuniste. Permettez-moi de m’expliquer. Sans aucun doute, Poutine est un anticommuniste - comme tout autre politicien bourgeois. Mais il y a une différence entre l’anticommunisme du régime de Moscou et celui du régime de Kiev. Ce dernier place intentionnellement et systématiquement l’anticommunisme au cœur de son identité nationale. La différence ici est la même qu’entre le petit désordre et le gangstérisme.
En outre, le discours de ce Poutine ne contient pas d’anticommunisme extraordinaire. Oui, il appelle V. I. Lénine, avec une pointe de condamnation, le "créateur et l’architecte" de l’Ukraine soviétique, mais il stipule directement : "Je n’essaie pas de faire porter le chapeau à qui que ce soit. La situation dans le pays à cette époque, avant et après la guerre civile, était extrêmement compliquée ; elle était critique". Il est étrange qu’un conservateur anticommuniste (qui a une vision plutôt étroite) comprenne mieux la dialectique historique que les marxistes-léninistes qui entreprennent de l’exposer.
Puis Poutine a dit de manière provocante : "Vous voulez la décommunisation ? Très bien, cela nous convient parfaitement. Mais pourquoi s’arrêter à mi-chemin ? Nous sommes prêts à montrer ce que de véritables décommunisations signifieraient pour l’Ukraine". Cela ressemble à un aveu pur et simple d’anticommunisme. Cependant, pour tous ceux qui connaissent bien la question, il est évident que Poutine n’a pas parlé ici de son anticommunisme (réellement existant), mais a seulement raillé les nationalistes ukrainiens (littéralement avant cela, il parle avec une désapprobation évidente de leur démolition des monuments de Lénine). Vous pouvez, bien sûr, le prendre au mot, mais c’est un niveau d’analyse infantile.
Les objectifs de l’OMS sont également ouvertement et clairement déclarés : "protéger les civils dans le Donbass, garantir la reconnaissance par Kiev des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ainsi que la souveraineté de la Russie sur la Crimée, démilitariser et dénazifier l’Ukraine, et garantir son statut de neutralité et de dénucléarisation".
Dites-moi maintenant lequel de ces objectifs est injuste ou réactionnaire ?
Bien sûr, si l’Ukraine refuse obstinément de se conformer à ces demandes justes, elle sera complètement écrasée, et alors la bourgeoisie russe ne manquera pas d’ajouter des revendications injustes et prédatrices au-delà. C’est à cela que le régime fasciste et militariste de Kiev conduit aujourd’hui son pays. Son obstination à mener une guerre injuste est une véritable trahison nationale ! Toutes les forces progressistes devraient exiger que le régime de Zelensky accepte immédiatement des conditions équitables et établisse la paix.
Quelles seront les conséquences du succès de l’OMS ? Bien sûr, il n’est pas question d’une avancée immédiate vers le socialisme ou de l’établissement d’une sorte de régime "populaire". Ces personnes naïves qui exposent pompeusement l’impérialisme de la Russie et le capitalisme de la RPD et de la RPL forcent une porte ouverte. Il s’agit de quelque chose de complètement différent. Bien sûr, les capitalistes russes sont poussés par le désir de faire du profit, mais maintenant leurs intérêts ont temporairement coïncidé avec les intérêts immédiats du prolétariat et du peuple. Premièrement, l’oppression nationale sera considérablement réduite dans la région. Deuxièmement, le régime fasciste néo-banderiste (Stepan Bandera était un dirigeant nazi ukrainien, glorifié par le régime ukrainien moderne) tombera. Troisièmement, l’expansion de l’OTAN sera stoppée et partiellement repoussée. Tous ces changements seront favorables à la sécurité et à la paix dans la région, ainsi qu’au développement du mouvement socialiste.
La dernière chose qu’il convient de dire ici concerne le prétendu "mouvement pour la paix" russe. Ici, il faut comprendre, tout d’abord, que ce mouvement n’est pas véritablement populaire, il est sous la domination des libéraux, qui lui donnent un caractère anticommuniste et pro-OTAN. Les communistes perdent la face en y participant. Deuxièmement, son exigence d’arrêter l’OMS signifie en réalité aujourd’hui la capitulation de la Russie, l’abandon du Donbass à la boucherie néo-bandériste, la préparation de la reddition imminente de la Crimée et l’expansion imparable de l’OTAN. Sous les slogans "pour la paix" se cache en fait un mouvement pour une guerre impérialiste. Et si nous soulevons la question de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, il s’avère "soudainement" que ces hypocrites ne sont "pas prêts" et suggèrent que les peuples du monde attendent simplement qu’ils acquièrent la force appropriée.
Mais après tout, lorsque des gangsters vous attaquent, vous appelez la police bourgeoise, et vous ne vous détendez pas en attendant une révolution socialiste, n’est-ce pas ? Soyez adéquats et appliquez la dialectique marxiste, s’il vous plaît !