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Les réfugiés politiques des Brigades Rouges menacés par Macron

Partisan Magazine N°17 - Juin 2021

Macron veut extrader les militants des Brigades Rouges mais ne dit pas un mot des militaires séditieux…

Mercredi 28 avril, Macron fait interpeller 7 anciens militants des Brigades Rouges, réfugiés politiques depuis 40 ans. Coup de tonnerre dans le monde de l’asile politique, c’est la remise en cause, après plusieurs décennies, de la protection de ces militants présents en France sans plus d’activité politique, mais également sans dissociation ni renoncement. Car les Brigades Rouges n’ont pas été une organisation terroriste fasciste, mais une organisation qui s’est revendiqué du communisme, et dont les actes militaires (exécutions, attentats, qui n’ont fait que 84 victimes très ciblées en 15 ans) n’étaient nullement aveugles, à la différence des attentats terroristes d’extrême-droite qui secouaient également l’Italie à cette époque (Gare de Bologne, 85 morts le 2 août 1980). Nous étions en désaccord avec les Brigades Rouges, l’avons écrit à l’époque. Mais nous étions dans le même camp.

Suite à l’enlèvement spectaculaire et à l’exécution du premier ministre Aldo Moro en 1978, les Brigades Rouges ont éclaté et leur bilan a donné lieu à de multiples interprétations. Nous renvoyons sur notre site [1] à la proposition de bilan des prisonniers des BR-PCC autour du livre « Politique et Révolution », publié en 1984.

Concernant les arrestations récentes, plutôt que de ré-écrire de notre fait, nous publions ci-dessous le communiqué d’un militant indépendantiste breton (#gael.roblin sur Facebook) auquel nous n’avons rien à ajouter. La description est complète, la dénonciation est implacable et nous partageons. Depuis, ces 7 militants ont été libérés (3 autres sont également concernés) mais sont désormais sous la menace d’une extradition

« L’arrestation des Brigadistes ou ex Brigadistes s’inscrit dans un contexte français qu’il convient de rappeler :
- Maintien en détention du Communiste Georges Abdallah libérable depuis longtemps 37 ans après son arrestation pour son combat pour la Palestine et le Liban. Alors même que son pays le réclame.
- Maintien en détention de militants indépendantistes basques du nord incarcérés depuis 1990 alors même que leur organisation est dissoute.

La vengeance est éternelle pour ceux et celles qui ont osé défier l’ordre établi les armes à la main. Même si cela remonte aux années Thatcher/Reagan...
Ils ne sont plus en détention ou extradables pour ce qu’ils ont fait (et revendiqué) mais pour ce qu’ils représentent. Tous ces gens sont au minimum septuagénaires.
Il en va de même pour les Brigades Rouges arrêtés ce jour.
Plus récemment on peut se remémorer des dossiers antiterroristes contre l’ultragauche, des militants soi-disant Gilets Jaunes radicalisés, des ex combattants du Rojava....
La presse nous explique que le désir de justice des victimes est respectable et que la France victime des Djihadistes peut et doit les comprendre. C’est le discours que tient Macron pour justifier ces possibles extraditions...

Et hop...Une fois de plus un lien improbable entre les djihadistes et les BR italiennes est effectué par la presse aux ordres. Sur fond d’islamophobie et de dépolitisation ça passe....
Pendant toutes ces années la France de Macron, Hollande, Le Drian, Valls a vendu des armes à des régimes soutenant activement les Djihadistes, à des régimes sanguinaires avec qui elle avait des intérêts stratégiques communs...Quand elle n’en pas livré directement à certains "rebelles" Djihadistes servant ses intérêts du moment.
L’extrême-droite la plus violente peut appeler au putsch par voie de presse, à la télé...Aucune conséquence.

A part ces arrestations à l’extrême-gauche....
Je n’oublie pas tous ceux qui nous ont insultés quand nous disions que jamais Macron n’arrêterait la montée du fascisme.
Pour l’immensité des masses, des travailleurs, de nos collègues de travail, nos voisins...
Qui représente un danger pour son quotidien, sa sécurité ? Georges Abdallah, Jon Parrot ? Les Ex BR, PL et NAC ?

Ou les militaires fascistes qui déversent leur désir d’autorité morbide dans la presse et les médias à longueur de temps pour célébrer les 60 ans du putsch des généraux ?
La casse du service public hospitalier et l’incapacité à faire face à la pandémie à cause de la doctrine ultra libérale ?

Liberté, solidarité pour ces camarades !
Voilà leurs noms et leurs organisations de l’époque :
5 de Brigate Rosse :
• Enzo Calvitti
• Giovanni Alimonti
• Roberta Cappelli,
• Marina Petrella
• Sergio Tornaghi
1 de Lotta Continua :
• Giorgio Pietrostefani
1 de Nuclei armati per il contropotere
• Narciso Manenti »


Nous profitons de l’occasion pour recommander chaudement la lecture d’un des derniers romans d’Erri de Luca, « Impossible ». L’auteur, ancien militant de Lotta Continua de ces années de plomb, imagine la rencontre, des années après sa libération de prison, d’un ancien brigadiste qui n’a rien renié de son idéal avec celui qui l’a dénoncé à la justice. Autour du dialogue avec un jeune juge d’instruction qui n’a pas connu l’époque, l’hypothèse d’une vengeance – ou pas ??
Un texte extrêmement puissant mais facile à lire, très politique sur l’engagement militant et les bilans nécessaires, profondément humaniste – un livre communiste ! Quand on est militant, on en ressort vraiment marqué… A lire absolument !!

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