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Lyon : ils n’ont pas réussi à expulser Guilherme !

Presque ordinaire, mais néanmoins révoltant…

Le Préfet du Rhône avait programmé l’expulsion de Guilherme Hauka-Azenga, un demandeur d’asile angolais, débouté et sous le coup d’une OQTF [1], comme il en existe des milliers. Arrestation au domicile, centre de rétention, 2 mois de prison pour refus d’embarquement, libération par le JLD [2]. Jusque-là des faits et des méfaits comme le gouvernement, ses préfets, sa police et sa justice en commettent tous les jours !
La rétention a concerné 32 000 sans–papiers en 2008, et au moins 4 000 personnes sont mises en prison pour défaut de papiers. Il arrive que des juges des libertés libèrent des sans-papiers pris au piège de la machine à expulser, même si ce n’est pas si fréquent, et c’est une des raisons pour lesquelles le Ceseda [3] va être prochainement modifié…

Les parents d’élèves de l’école où Guilherme accompagnait régulièrement ses enfants découvrent sa situation de sans-papiers au moment de son arrestation, se mobilisent lentement au début, pétitionnent poliment, cherchent à se faire recevoir à la préfecture, contactent RESF, appellent les parents de l’école à se rassembler devant l’école, lancent une campagne de cartes postales pour soutenir Guilherme en prison : 500 cartes encouragent la détermination de Guilherme à rester vivre auprès de sa compagne et de leurs 4 enfants, détermination qu’il avait déjà manifestée en refusant d’embarquer.

Acharnement de l’Etat, de la Justice...

La Justice avait donc déjà infligé 2 mois de prison ferme à Guilherme pour avoir osé refuser la séparation d’avec sa famille ! Montrant sa véritable nature, la voilà qui donne encore deux fois raison au préfet en annulant des décisions favorables à Guilherme. Il se trouve presque toujours un juge pour annuler, en Appel, les décisions qu’un autre juge a pu prendre en faveur d’un sans-papiers…
La première fois, c’est après que Guilherme soit revenu de l’aéroport de Francfort où la PAF l’avait conduit à sa sortie de la prison de Corbas. Là, le pilote avait refusé de le prendre à bord de son avion pour Luanda, tant la façon dont la police l’avait entravé l’avait révolté.
Suite à une décision de la Cour d’appel prise en catimini, Guilherme est arrêté une nouvelle fois à son domicile par des forces de police qui vont jusqu’à sortir un pistolet sous le nez d’un enfant. Alors qu’il avait été libéré par le Juge des Libertés 4 jours avant, Guilherme repart au CRA [4]
2ème décision injuste de la « Justice » à la fin des 15 jours suivants de rétention. Cette fois, c’est le Procureur aux ordres du gouvernement qui fait appel de la nouvelle décision du JLD de libérer Guilherme, et gagne.

Acharnement des opposants à l’expulsion !

Depuis la 2ème arrestation, après 4 jours de liberté et alors que tous pensaient l’affaire en voie de règlement, l’indignation des parents n’a fait qu’augmenter. Ils décident finalement d’occuper l’école Gilbert Dru. Les médias relayent l’indignation. Les soutiens se déplacent pour manifester au CRA, l’affaire devient nationale. Face à la volonté manifeste du pouvoir de prouver qu’il peut aller jusqu’au bout, les élections régionales et la démission du préfet d’Orléans suite au retour de Najlae [5] sont passés par là, la mobilisation redouble et le bras de fer continue.
Deux nouvelles tentatives d’expulsion s’ensuivent alors que des manifestations ont lieu chaque jour dans le centre de la ville et que l’école est toujours occupée :
- A Roissy, où Guilherme a été conduit par avion spécial, un nouveau pilote refuse de l’embarquer !
- Le lendemain, le nouvel avion spécial qui l’emmène au Portugal, se voit refuser l’espace aérien portugais !
C’est la déconfiture pour le préfet obligé de reconnaître l’ « impossibilité matérielle » d’expulser Guilherme et de le libérer.

Victoire, et questions

Dans cette affaire, la dynamique RESF portée par de nouveaux parents et enseignants a montré sa pertinence, et porté ses fruits en termes de résultat immédiat.
Mais les habituelles questions se sont posées :
Faut-il éviter de dénoncer la politique générale de l’Etat à l’égard de tous les sans-papiers pour avoir une chance de gagner pour Guilherme ? Peu ont défendu comme nous que « Non, il faut au contraire s’appuyer sur la situation faite à Guilherme pour faire prendre conscience et dénoncer bien plus largement ! »
Dans quelle mesure faut-il compter sur les élus de Gauche, très peu présents au début, mais plutôt fiers de parrainer les enfants à la fin ? La complémentarité élus-mobilisation de proximité reste largement défendue, au détriment de la conscience que ce que défendent réellement les appareils PS et PC, la gestion au cas par cas pour le PS, et l’intégration des sans-papiers utiles à l’économie nationale pour les deux, ce n’est pas franchement ce qu’il faut pour en finir avec les ignominies qui nous révoltent !

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