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Meeting anniversaire du 17 octobre 1961

Tract - 17 octobre 1981

Le tract d’époque en fac similé


QUI SE SOUVIENT DU 17 OCTOBRE 1961 ?

Le 17 octobre 1961, à l’appel de la Fédération de France du FLN, plus de 40 000 algériens et algériennes descendent dans les rues de Paris : hommes, femmes, enfants, vieillards. Ils défilent dans la dignité, sans arme, sans un canif, en pleine guerre d’Algérie. Ils ont osé, alors qu’ils étaient soumis au couvre-feu, quitter leurs banlieues, leurs bidonvilles, leurs hôtels meublés surpeuplés, et venir dire avec force leur refus du couvre-feu, des fouilles quotidiennes, des brimades. Ils sont aussi venus dire qu’ils sont partie prenante de la guerre de libération.

La police charge brutalement et fait feu : fusils, grenades, coups qui pleuvent... Il y aura PLUS DE 100 MORTS, et plus de 12 000 arrestations. Sans compter les 400 disparus recensés par le FLN.

On concentre tous les arrêtés dans les stades, au Vel d’Hiv. Et on les maintient là dans des conditions inhumaines. Brimades, coups, fusillades. La police ne fait pas de quartier. Des centaines d’algériens seront expulsés « dans leurs douars d’origine ». Pendant plusieurs jours, on repêchera des cadavres dans la Seine.

LA REPRESSION EST LA PLUS SANGLANTE JAMAIS VUE A PARIS DEPUIS LA COMMUNE DE 1871 OU LES RAFLES NAZIES.

Et pourtant, il n’y aura presque pas de riposte...

Ici et là des intellectuels protestent. L’Union des Femmes Françaises organise quelques collectes de soutien aux familles algériennes. Des grèves de protestation éclatent dans quelques usines. Mais on ne peut parler de réelle riposte. LES SYNDICATS, LES ORGANISATIONS DE GAUCHE NE MOBILISENT PAS. Elles font juste quelques communiqués, et osent en particulier dire « qu’une répression policière analogue déclencherait une réaction immédiate de l’ensemble des travailleurs et des étudiants de la région parisienne »... En clair : 100 morts, 400 disparus, ça passe, mais ne recommencez pas !

Les 8 morts de Charonne, lors de la manifestation pour « la paix » en Algérie auront droit à une autre mobilisation. Il est vrai qu’ils étaient français...

POURQUOI CELEBRER AUJOURD’HUI LE 20EME ANNIVERSAIRE DE CETTE SANGLANTE REPRESSION ?

• D’abord pour rétablir les faits. Depuis quelques temps, on voit sortir de plus en plus de livres, de bilans sur cette période de notre histoire. Les « spécialistes » bourgeois paradent à la télé. On réécrit l’histoire. Le PCF, par exemple, ose prétendre qu’il a toujours défendu l’indépendance algérienne. Pourtant, au moment des premiers soulèvements de Sétif en 1945 (qui ont fait 45 000 morts), il parlait de « complot fasciste ». Pourtant en 1956, il a voté les pleins pouvoirs à Guy Mollet. Ce qui a permis à ce dernier d’envoyer le contingent en Algérie, sans pour autant que le PCF retire son soutien au gouvernement de front républicain. Pourtant, jamais le PCF n’a encouragé la désertion et l’insoummission des rares soldats qui avaient le courage de refuser la guerre coloniale. Et quand des combattants courageux, tel YVETON rejoignent la lutte armée contre le colonialisme français et se font guillotiner, il ne lève pas le petit doigt (Pourtant Yveton était au départ un militant du PCA).

Sur le 17 octobre, il est toujours muet. Et pour cause !

Le PS aujourd’hui parle de « célébrer les morts » de la guerre d’Algérie. Il cherche une date qui fasse l’unité de tous, colons et anticolonialistes. Il montre là sa volonté de masquer la vraie nature du conflit, de masquer ses responsabilités à l’époque, Il veut noyer tout le monde dans une unité nationale mensongère. Gageons qu’il ne choisira pas la date du 17 octobre !!

• Mais surtout, comprendre ce qui s’est passé en 61, ça éclaire la situation aujourd’hui. Le problème reste en effet toujours le même : comment unir sur leurs intérêts communs les ouvriers français et les ouvriers immigrés.
-  En 61, les ripostes sont peu nombreuses. Quelques militants révolutionnaires, quelques individus, quelques démocrates se mobilisent. Le PSU, le Comité Audin manifestent. Des médecins, des étudiants, protestent. Mais c’est bien peu. Pourtant, si les dockers avaient refusé de charger les bateaux d’armes en partance pour l’Algérie, si les cheminots avaient refusé de conduire les trains, s’il y avait eu des grèves massives dans les usines, la situation aurait été tout autre.
Mais la plupart des ouvriers français de l’époque ne comprenaient pas que les coups portés par les combattants algériens à la bourgeoisie française affaiblissaient cette bourgeoisie et donc était un appui précieux à leur propre lutte contre l’exploitation. Encouragé, développé par les « partis de gauche », le chauvinisme a triomphé. Et il a nourri en retour un certain repli nationaliste chez des travailleurs immigrés qui voyaient qu’ils n’avaient pas grand’chose à attendre de leurs frères de classe.

-  Et de cela, nous faisons encore les frais.

• Quand les résidents immigrés des foyers font la grève pendant plus de 5 ans pour obtenir des conditions de logement décentes, quel soutien reçoivent-ils de leurs camarades français ?
• Quand le gouvernement Giscard met en place tout un arsenal de lois contre les travailleurs immigrés, quand les expulsions, les-rafles, les prisons clandestines se développent, quelle riposte ?
• Et aujourd’hui, à l’heure où la gauche, après avoir fait de multiples déclarations sur « la France, terre d’asile »... s’apprête à expulser en masse les travailleurs immigrés qui n’auront pu remplir les conditions extrêmement limitatives pour être régularisés, quelle riposte ? Les frontières sont toujours fermées, et les lois « Bonnet-Bis » que-la gauche a votées prévoient toujours la double peine (expulsion en cas de condamnation en justice)...

Oui, le poison de la division, du chauvinisme est toujours là. Trop souvent, les ouvriers français considèrent les immigrés comme des concurrents, non comme des frères de classe. Ils ne voient pas que nous sommes tous victimes des mêmes exploiteurs. Ils ne voient pas que ce sont les capitaux français qui concourent à la ruine des paysans des pays du tiers monde et les poussent à s’expatrier pour survivre. Ils ne voient pas que tant qu’un ouvrier sur 5 n’aura pas le droit de se battre, toute la classe ouvrière sera affaiblie.

CELEBRER LE 17 OCTOBRE, S’INFORMER ET COMPRENDRE CE QUI S’EST PASSE A L’EPOQUE, C’EST RENOUER AVEC LA TRADITION INTERNATIONALISTE DE LA CLASSE OUVRIERE.

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