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Livre "L’impasse capitaliste – Travail, besoins et urgence écologique" de Tom Thomas
Partisan Magazine N°20 - Décembre 2022
Editions Critiques 2022 - 156 pages, 14,00 €
Dès les premiers mots du premier chapitre, Tom Thomas est clair, l’impasse dont il traite est l’impasse écologique : « Le capitalisme… se heurte aujourd’hui à deux limites objectives, pour lui infranchissables, l’une économique et l’autre écologique. Je ne reviendrai pas dans cet ouvrage sur l’explication de la limite économique. »
Il ne s’agit pas de changer de productions (remplacer la voiture thermique par la voiture électrique, tout aussi polluante, par exemple), mais de changer de mode de production. « Changer tout » : c’est le titre du chapitre 5. En conséquence, ce petit livre est un véritable résumé des positions de l’auteur, exposées en détail dans ses autres livres, mais surtout un traitement en soi du problème urgent de la crise écologique. Avec des nouveautés par rapport à « L’écologie du sapeur Camember » datant de 1992. Ainsi est affirmée la « nécessité d’une forte décroissance » (pp. 82, 126, 146), y compris d’une décroissance démographique (p. 110). Mais pas à la mode capitaliste, catastrophique pour les prolétaires. Suivant un plan, et une maitrise collective de ce plan.
« Changer tout » peut se formuler par « changer le travail », celui-ci étant à la fois le lieu du métabolisme entre les hommes et la nature (le mot métabolisme est celui de Marx), et le lieu de l’organisation en société des hommes entre eux. Le travail répond à des besoins, tout aussi critiquables et historiquement évolutifs.
Des contradictions apparaissent, qui sont celles de l’application pratique. Contradiction entre d’un côté la part positive de l’héritage capitaliste, les conditions matérielles et le « general intellect », aujourd’hui informatisé, et de l’autre l’épuisement des ressources fossiles. Contradiction entre la perspective d’une « suppression des activités et productions militaires », « à plus ou moins long terme », et celle de « vastes conflits militaires » dont la guerre en Ukraine « n’est qu’un avant-goût ». Contradiction entre l’aliénation des prolétaires, contraints de lutter pour « la fin du mois », et la nécessité « que suffisamment d’hommes le veuillent » pour espérer « la réussite d’un processus révolutionnaire ».
Tous les problèmes politiques restent donc posés, mais le but, les perspectives globales, sont fixées, concrètement. Le réformisme des petits pas, la confiance dans l’Etat, l’écologisme officiel, sont stigmatisés sans relâche. Avec une mention critique particulière pour les staliniens !