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Montupet : Comment un patron et des syndicalistes véreux vident un délégué ouvrier
Tract - 16 Octobre 1981
L’original du tract en fac-similé à télécharger au format pdf ci-contre
Vendredi 16 Octobre 1981, un Comité d’Entreprise composé en majorité de délégués ouvriers CGT vote le licenciement d’un délégué du personnel CGT...
LA FONDERIE MONTUPET : UN BAGNE, MAIS PAS POUR TOUT LE MONDE !
Tout a commencé en Juin 81 quand le délégué aujourd’hui licencié est élu délégué du personnel à l’usine MONTUPET de NANTERRE. Il y a beaucoup à faire dans cette fonderie infecte qui emploie une majorité d’immigrés marocains : conditions de travail inhumaines, cadences, fumées, accidents du travail. Ce camarade se met au travail.
En juillet, les ouvriers déclenchent une grève et ferment les portes de l’usine pour une compensation de salaire, une prime et l’amélioration des conditions de travail. Cette grève est MAJORITAIRE et juste : c’est le ras-le-bol devant tant d’injustices et d’exploitation forcenée. A la tête de la grève, avec d’autres délégués CGT, le délégué aujourd’hui licencié. En face, le patron, les cadres, la maîtrise et LA PLUPART DES DIRIGEANTS de la section syndicale CGT. Pour ces derniers, l’"action" c’est pour les discours, pour la frime. Mais dès qu’une action véritable est déclenchée, ils sont contre. S’ils ne peuvent pas la qualifier de "minoritaire", ils la trouvent mauvaise "dans la forme", ou bien c’est pas le moment, ou bien encore ils trouvent que la lutte "divise", etc. etc. Ceux-là, planqués au CE ou dans des petits boulots pas trop dégueulasses, ils veulent le calme, la négociation à tu et à toi avec le patron autour du tapis vert. La paix, s’il vous plaît ! Et que les OS de la fonderie travaillent, nom de dieu !
Les délégués non-grévistes dirigent la négociation avec le patron sur la reprise du boulot : la proximité des vacances et les manœuvres de ces négociateurs professionnels finissent par user la détermination des grévistes. Dès ce moment-là, le patron a juré d’avoir la tête du camarade ; une partie des dirigeants de l’Union Locale CGT de Nanterre, et une partie des responsables syndicaux de l’usine aussi.
L’affaire est entendue : avec de telles convergences, ils vont travailler ENSEMBLE !
PREMERE TENTATIVE CONCERTEE
Le patron recommence la guérilla à la rentrée de septembre : persécutions dans les ateliers, intimidations, avertissements. Au même moment, l’Union Locale de Nanterre réclame son EXCLUSION DE LA CGT, pour son activité pendant la grève de Juillet. Cette grève n’était pas agréée par la direction de la CGT qui exige l’"unité du personnel" de l’OS à l’ingénieur...
Cette grève avait révélé que les ouvriers et les cadres et agents de maîtrise n’avaient pas les mêmes intérêts. Dès que les ouvriers luttent vraiment pour leurs intérêts, ils ont les chefs et les cadres en face d’eux. Qu’y pouvait ce camarade, puisque c’est la réalité ?
Pas de chance pour le patron de Montupet : il colle une mise à pied au délégué, les ouvriers débrayent et la font retirer.
Pas de chance pour les dirigeants de la CGT : le secrétaire de la section, qui veut exclure le camarade, se fait vider de la cantine par les ouvriers en colère.
Ils reculent une première fois.
LICENCIE DE LA CGT ET EXCLU DE L’USINE (ET VICE VERSA)
Vendredi 9 octobre, le patron déclenche une procédure de licenciement du délégué du personnel, avec un dossier vide ne contentant que des témoignages de chefs.
Lundi 12 octobre, le patron fait courir les bruits les plus fous pour empêcher l’action des ouvriers et mobilise la maîtrise pour ce boulot : bruits de licenciements collectifs, mensonges et bruits orduriers sur le passé du délégué, etc. Malgré tout, les délégués CGT honnêtes déclenchent un débrayage. Mardi matin, il y en aura un autre.
A partir de ce moment-là, on attend la réaction de la section CGT de l’usine : elle ne viendra pas. Pire, ils travaillent dans l’ombre : eux aussi font courir les bruits les plus fous et les plus orduriers sur le camarade. L’objectif est d’empêcher toute action, en désorientant et en écœurant les délégués honnêtes. A partir de ce moment-là, la collaboration du patron et des syndicalistes véreux se déchaîne :
Mercredi 14 octobre, à l’UL de Nanterre, le camarade est exclu de la CGT, malgré l’opposition de quelques délégués. En pleine procédure de licenciement ! Sans aucune consultation des syndiqués. Cela, pour dire en clair au patron : "tu peux y aller, on est d’accord !".
Vendredi 16 octobre, la section distribue enfin un tract... qui attaque le camarade, mais qui se conclut ainsi : « la CGT s’oppose par principe à tout licenciement. Ses élus suivront cette ligne de conduite : ils prendront la défense du délégué incriminé, malgré les divergences qu’il a avec la CGT ».
Vendredi 16 octobre, 4 ELUS CGT SUR 8 VOTENT AVEC LE PATRON POUR LE LICENCIEMENT
De bout en bout, la main dans la main...
DES ENSEIGNEMENTS POUR TOUS.
Voilà les faits. Tirons les enseignements d’un tel évènement :
1°) Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, les bureaucrates véreux veulent faire la police dans les usines pour le compte du gouvernement et pour leurs propres intérêts de sangsues vivant sur le dos de la classe ouvrière. Depuis longtemps, ils font croire que la défense de leurs propres intérêts, c’est la défense des intérêts de la classe ouvrière. Cet exemple montre qu’en réalité, la défense de leurs intérêts de boutique les amène à s’allier ouvertement avec la bourgeoisie.
2°) Ces syndicalistes véreux occupent la plupart des postes dirigeants dans la CGT, mais ils sont une minorité parmi les adhérents du syndicat. Ils sont coupés des ouvriers. Dans l’usine MONTUPET par exemple, ils sont vomis par la masse des ouvriers. Mais ils prennent le dessus sur la masse, grâce à leur appareil organisé, grâce à la protection du patron et de l’Etat, grâce aussi à la difficulté qu’ont les travailleurs à comprendre qu’il faut qu’EUX-MEMES prennent en mains la lutte contre ces alliés des capitalistes dans leurs propres rangs.
Pour combattre une telle force, il faut UNE AUTRE FORCE organisée et consciente.
3°) Ces bureaucrates sont entrain de LIQUIDER l’organisation syndicale de masse et de classe, pour en faire un club de négociateurs professionnels, de spécialistes bourgeois des "questions ouvrières". Ils retirent des mains des travailleurs leurs propres luttes et leur organisation pour se poser en intermédiaires, en fonctionnaires chargés de maintenir la "paix sociale", chargés d’arranger les choses pour le compte du patronat et du gouvernement.
En 1978, le 40ème congrès de la CGT lançait l’objectif de 3 millions d’adhérents. Aujourd’hui, il reste (peut-être) 1,5 millions d’adhérents dont une grande partie sont déçus. Et ceux qui expriment le moindre doute ou le moindre désaccord se font virer.
Alors ? La direction vie la CGT accuse les "gauchistes" de vouloir liquider la CGT, mais on s’aperçoit de plus en plus qu’eux-mêmes se débrouillent très bien tout seuls pour cette tâche !
NOUS METTONS L’UNION DEPARTEMENTALE CGT DU 92 AU DEFI DE DEMENTIR LES FAITS QUE NOUS AVONS RAPPORTES.
NOUS APPELONS LES OUVRIERS CONSCIENTS ET LES MILITANTS CGT ATTACHES A LA DEFENSE DES INTERETS DE LA CLASSE OUVRIERE A REJOINDRE NOTRE COMBAT