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Prolétaires unissez-vous !
Partisan Magazine N°22 - Décembre 2023
Introduction au dossier sur le Parti
La situation actuelle pousse à réfléchir, à agir, à s’organiser. Catastrophes écologiques, menaces de nouveaux virus, guerre en Ukraine, en Arménie, en Palestine, réarmement généralisé, inflation et menace de crise économique mondiale… Si le camp des travailleurs ne se mobilise pas, nous allons tous nous faire laminer, tous ensemble !
Réfléchir, agir, s’organiser ? Pour se défendre, pour limiter les dégâts ? Ou aussi pour passer à l’attaque, pour s’emparer du pouvoir et bâtir une humanité enfin humaine ? Défensive ou offensive ? En bonne tactique, les deux ! Le syndical et le politique.
Mais nous avons actuellement une difficulté particulière, qui peut devenir une force si on réussit à la surmonter : c’est le traumatisme de l’échec du communisme au XXe siècle. L’expérience du « socialisme réel » et des partis dits « communistes » bien intégrés au système capitaliste, a, directement ou indirectement, désorganisé notre camp. Se dire communistes, on évite, anti-capitalistes, ça passe mieux. Faire de la politique, je te plains ! Adhérer à un parti, non merci.
Le nombre de militants pour qui l’équipe syndicale ou l’association de défense est un substitut d’organisation politique est impressionnant.
La tendance est renforcée par les réseaux sociaux, l’individualisme comme fonctionnement normal, chacun.e devient expert.e, supposé.e théoricien.ne, chaque individu sa propre organisation, le collectif devient une simple addition de forces.
Et pourtant… A quoi cela sert-il d’être plus antifa que les antifas, plus écolo que les écolos, plus syndicaliste que les syndicalistes, plus antiimpérialistes que les pro-palestiniens, plus féministe que les féministes etc. ? Il ne suffit pas de radicaliser la collection des mouvements partiels pour en faire un mouvement communiste. L’addition de luttes partielles ne fera pas une lutte globale, Lénine critiquait déjà l’économisme des luttes immédiates.
De plus, comment suivre tous les professionnels des luttes partielles ? On n’a pas les forces, on s’épuise, on ne construit pas.
Alors, à rester dans la défensive, au coup par coup, à ne pas préparer l’offensive globale, on est sûrs de la rater. Il est évident que des mouvements de lutte aussi différents que les Gilets jaunes, le refus de la retraite à 64 ans, et la révolte des banlieues populaires en juin, avaient un point commun : un problème de direction, de dirigeants, et surtout d’orientation politique.
La situation actuelle, les risques croissant de nouvelle guerre mondiale, poussent à poser la question de l’organisation de la société, et celle de l’organisation politique de notre classe.
Les trois petits articles qui suivent sont loin d’épuiser la question, mais ils ont le mérite de la poser de front, ce que l’on ne fait pas assez.
C’est d’abord l’interview de deux camarades qui sont passés de l’expérience d’un cadre strict à celle d’une démocratie chaotique. Le reflet très actuel (et assez anarchiste, sur le fond) de la peur d’être manipulé, de perdre son individualité, le rejet du centralisme, que l’on voit à l’œuvre aussi avec les « mouvements gazeux » que sont la FI, PEPS, la caricature des fractions et des éclatements chez les trotskistes. Mais les maoïstes n’en sont pas exclus…
Puis, ce sont un autre texte sur les aventures du NPA, et un dernier sur les opinions libertaires.
Le XXe siècle n’a pas été qu’un fiasco, il a connu de nombreuses expériences positives, à commencer par le parti bolchevik et la lutte de ligne au sein du Parti Communiste Chinois. Et il faut repartir du projet élaboré au XIXe, avec Marx et Engels. Le cahier 4 de la plate-forme de VP est intitulé « Construire le parti, où en est-on aujourd’hui ? ». Et le cahier 1 affirmait d’emblée : « Faillite à l’Est – ce n’était pas le communisme ». Ce qu’il nous faut, et ce qu’on ne veut pas...
Alors, nous posons la question à chacun.e : on en est où ?