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Les sans-papiers de Vitry dérangent Besson

Partisan N°241 - Octobre 2010

Lundi 19 juillet, Besson inaugurait l’OFII (voir ci-contre) de Créteil. L’information était parvenue au collectif le samedi. Dimanche, nous décidions de faire un tract et de mobiliser aussi discrètement que possible.
Arrivés à une trentaine aux abords du bâtiment, nous avons été bloqués par des policiers en civil. Nous avons alors vu s’agiter les RG, le chef de cabinet du préfet, deux commissaires, tous très inquiets des remous que nous pouvions provoquer. On nous a proposé de rencontrer un conseiller du Ministre et pendant cette réunion, Besson terminait son inauguration et pouvait s’éclipser.

FR3 a diffusé quelques minutes où on voit un camarade du collectif dénoncer le pillage des cerveaux après celui des matières premières. « Ils nous laissent là-bas que la pauvreté et la guerre ».

Malgré le faible nombre, le collectif a pu montrer sa capacité de réaction, ce qui a permis de remuer les responsables de la préfecture. Ils se sont souvenus tout d’un coup qu’on existait et qu’on pouvait nuire à leur carrière. Dans les jours qui ont suivi, ils ont envoyé quelques convocations supplémentaires pour des membres du collectif, en vue de régularisation, et nous ont conviés à une réunion où il ne s’est rien dit. A suivre…

La France, terre d’accueil

Nous vous conseillons d’aller voir le site internet de l’OFII. On peut y visionner une video où on voit Besson accueillir, le 5 juillet, des réfugiés africains en provenance de Malte. Cela vaut son pesant d’hypocrisie : « Je suis heureux de vous accueillir en France », « Vous avez vécu des situations très difficiles dans vos pays d’origine », « La France est une grande terre d’asile », etc.. Eric Besson n’a évidemment pas le même discours pour les 300 000 réfugiés qui sont déjà en France.
Et ce n’est pas de gaieté de c ?ur que le gouvernement français a accueilli ces migrants africains. Malte, comme d’autres pays aux frontières de l’Europe s’inscrit dans un accord où les réfugiés arrivés dans des embarcations sont dispatchés ensuite. C’est donc, d’après Besson lui-même, une « solidarité avec Malte ». Autrement dit, pas avec les réfugiés.
Adresse du site où vous pouvez visionner le film :
http://www.ofii.fr/breves_87/lundi_...

Qu’est ce que l’OFII ?

Vous ne savez pas ce qu’est que l’OFII ? Nous non plus avant cette action. En 1945 est créé l’ONI, l’Office National de l’Immigration. Il est censé réglementé l’entrée des migrants. Il joue, en fait, un rôle mineur car les patrons (les gros comme Citroën) préfèrent se servir directement dans les pays d’origine ou alors dans le flux spontané d’arrivants, en France même. En 1974, le gouvernement décide la fermeture des frontières et l’ONI tombe dans l’oubli.
Jusqu’au CESEDA de 2006 (code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile). Le CESEDA organise une immigration choisie. Le gouvernement centralise les démarches à faire dans une ONI relookée en OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) et construit des bâtiments de cette administration dans les départements d’immigration. Celui de Créteil a été terminé fin 2009.

Extrait du tract du Collectif de Vitry

Aujourd’hui Besson inaugure l’OFII de Créteil, construit pour trier les immigrés dans le cadre de l’immigration choisie. Nous, les travailleurs sans-papiers, ne sommes pas invités. D’ailleurs nous ne sommes même pas « choisis ». Mais nous avons tenu à dire à Mr Besson quelques vérités.
ON VIT ICI
Nous sommes venus à cause de la misère dans nos pays. Cette misère n’est pas tombée du ciel. La France colonisatrice a obligé nos ancêtres à payer des impôts et donc à vendre les produits de la terre. L’argent pénétrant nos villages a commencé à nous ruiner et à pourrir nos âmes. Nos ancêtres se sont vus réquisitionnés pour construire les voies ferrées et transporter aux ports les produits du pillage. Le cacao et les phosphates. L’or, l’arachide et l’ivoire. Ils ont été réquisitionnés pour les guerres et ils ont été remerciés à coup de mitrailleuses, comme les combattants démobilisés, massacrés en 1945, au camp de Thiaroye, au Sénégal.
Une fois décolonisés, les pays riches ont mis chez nous des gouvernements à leurs bottes pour continuer le pillage. Et quand la crise a éclaté en 1973, ils les ont poussés à s’endetter afin d’avoir des débouchés pour leurs économies en difficulté. Ils appelaient cela « l’aide ». Alors le FMI et la Banque Mondiale sont arrivés et cela a été encore pire. Pour rembourser la dette, ils ont imposé à nos gouvernements corrompus la destruction des systèmes de santé et de l’école. Les subventions aux produits de première nécessité ont été supprimées causant des émeutes de la faim.
Alors comment s’étonner que, pour échapper à la misère, nous avons voulu rejoindre les villes où se concentrent les richesses.
Nous sommes venus vivre ici. Ou plutôt survivre. Dans des logements surpeuplés les plus délabrés, les plus petits, les moins entretenus. Nous y payons des loyers qui, au mètre carré, sont supérieurs aux prix du 16e arrondissement parisien. (…)

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