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Demain avec le PS, pour boire la tasse ? Non, dès maintenant, construire une politique de classe !

Editorial de Partisan n° 242 - novembre 2010

La grève générale, un mouvement d’ensemble ! Oui, c’est la seule manière de faire reculer la bourgeoisie et son gouvernement. Mais cette évidence, répétée sans cesse, ne donne pas de perspectives politiques aux travailleurs. Une spécificité bien française est de croire que le tous ensemble de la grève générale va résoudre tous nos problèmes. 1936, 1968 ont été des moments importants de la lutte. Des revendications qui comptaient ont été arrachées. Mais on a oublié que ces deux mouvements ont été des défaites politiques pour notre classe. Et que dans les deux années qui ont suivi l’essentiel des acquis arrachés à la bourgeoisie ont été perdus.

Le gouvernement actuel de la bourgeoise est totalement discrédité. Les protestations, dans le mouvement, vont bien au-delà du rejet de la réforme des retraites. Le mépris des dominants pour les prolétaires, pour les travailleurs français ou étrangers, a rarement été aussi affiché. La haine contre les hommes de la bourgeoise alimente l’aspiration a une grève générale qui les mettrait tous dehors. Non seulement cette perspective a du mal à se concrétiser, mais sa perspective et son contenu sont peu discutés par les militants. Et derrière elle se cache une perspective politique bourgeoise bien réelle. Le « Dehors Sarkozy, Million » qui « ne valent rien », selon le NPA, dessine un front électoral des partis de gauche à la remorque du PS. Le tous en ensemble dans une lutte sans contenu de classe débouchera « naturellement » sur un tous ensemble électoral en 2012. Fakir, le journal d’Amiens, 15 septembre le dit clairement (15 septembre) : « L’espoir renaît, on aperçoit le bout du tunnel sarkosiste. Il faut œuvrer pour qu’une éventuelle victoire de la gauche débouche sur de véritables conquêtes sociales ».

Le PS se sent porté par l’hostilité de tous les travailleurs, prolétaires on non. Il s’affiche maintenant dans les manifestations. Est-il pour autant une alternative à la politique bourgeoise actuelle ? Sur la question des retraites la différence entre la réforme de Sarkozy et les propositions du PS sont une question d’enrobage. Le PS est pour que les travailleurs puissent partir à 60 ans, mais il s’est prononcé pour une augmentation des annuités de cotisation. De même, la CFDT dit qu’il « faudra travailler plus longtemps pour sauver nos retraites, mais à certaines conditions ». Droite comme gauche, syndicats comme Medef parlent tous de la nécessité de sauver le « système par répartition », alors qu’il s’agit pour la bourgeoise, de droite comme de gauche, de sauver les profits capitalistes et de défendre le capital financier français dans la concurrence mondiale. L’allongement de l’espérance de vie, est l’argument béton pour justifier les attaques. Personne ne fait état de la productivité des actifs, qui a été multipliée par cinq depuis 1945. Tant que dominera cette classe de profiteurs, la variable d’ajustement sera toujours les conditions de vie et de travail des prolétaires, pas la rentabilité du capital. Et ni Strauss-Kahn, ni Aubry, ni Royal, ni les partis de Gauche en général n’ont pour programme de supprimer le capitalisme et les classes sociales.

Le développement des luttes ouvrières est un facteur d’espoir. Espoir qui serait encore plus grand si la classe ouvrière partait en grève générale… Mais quelles déceptions ensuite avec la gestion par la Gauche des intérêts du capital. Alors ce qui manque à la classe ouvrière, c’est d’abord et avant tout une politique de classe indépendante. Une politique qui se fonde sur les besoins des exploités, et non sur les exigences du capital. Et qui construise une alternative politique et sociale au capitalisme. Sur la retraite, c’est un départ à 55 ans sans condition d’annuités et à 50 pour les travaux pénibles. Le 12 octobre, les ouvriers de l’automobile, Renault et PSA, criaient leur rejet des conditions de travail actuelles : « 40 ans de chaîne, c’est la haine ! ».

Une politique indépendante de classe ne peut se construire dans un tous ensemble basé sur un consensus mou. Elle ne peut se construire qu’à contre courant, dans la lutte contre l’aspiration des RÉFORMISTES à répartir un peu mieux la richesse sociale sans toucher à l’essentiel. On ne construit pas sur du sable !

Et on construit une seule maison pour toute la famille ! Une politique de classe porte les intérêts de toute la classe. Elle ne les saucissonne pas. On répète que la question des retraites concerne tous les travailleurs. Les conditions de tous les ouvriers, et des plus précaires, doivent être au cœur de notre politique : l’injustice faite aux femmes, les discriminations subies par les IMMIGRÉS, la régularisation de tous les sans-papiers, la solidarité internationaliste.

Enfin, on construit selon un plan. L’indépendance de classe ne peut vivre et se construire à contre-courant que si elle est portée par un travail militant organisé. Par une ORGANISATION communiste ! Elle ne peut pas être le résultat spontané de la grève et des coordinations à la base, qui, bien que nécessaires, ne peuvent pas tracer une perspective réellement communiste, opposée à celle de « la gauche capitaliste », à laquelle se ralliera tôt ou tard « la gauche de la gauche ».

Enraciner le mouvement, le construire, c’est : - développer les initiatives interprofessionnelles, les blocages, en particulier de zones industrielles, - transformer les piquets en AG décisionnelles, débattre des perspectives du mouvement, - et surtout, combattre les illusions anarcho-syndicalistes (on bouge sans savoir où on va...) et, par là même, combattre... les déceptions futures.
Derrière l’arbre des retraites, il y a la forêt du capitalisme, on le sait. Construire notre indépendance de classe aujourd’hui, c’est construire la société de demain, sachons-le !

Le 15 octobre 2010

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