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Capital ou travail : c’est eux ou c’est nous !

La révolte de tous est profonde. Elle a été exprimée sous des formes multiples : contre la précarité et les bas salaires, les retraites bradées, le rejet du travail d’exploité - « 42 ans de chaîne, non, non, non ! ». Une rage dressée aussi contre l’arrogance des bourgeois, contre leur mépris et l’étalage de leur richesse. Les mouvements ont porté un rejet global dont la réforme de la retraite a été le déclencheur.
La perception de l’opposition entre le capital et le travail, entre les intérêts des bourgeois et ceux des exploités, est de plus en plus aiguë. L’égalité, la démocratie sont vues comme des mots qui ne suffisent plus à cacher que la bourgeoisie a tous les moyens légaux d’imposer ses intérêts. Le voile démocratique tombe quand les résistances sont fortes et la dictature du capital est brutale. Ses intérêts ne sont pas négociables et la force d’Etat et la loi brisent les résistances, dispersent les piquets, réquisitionnent les grévistes.

Eux ou nous : qui a gagné ?

La bourgeoisie a fait passer sa réforme. Elle aurait donc gagné ? D’abord cette « victoire » ne résout en rien les contradictions profondes du capitalisme. Et dans l’immédiat, le gouvernement Sarkozy a perdu politiquement. En passant en force, vite, il a montré sa faiblesse, son absence de crédit politique et social, son isolement. Les manifestations, y compris les blocages et les tentatives de paralysie de l’économie, n’ont jamais été impopulaires. Bien sûr, la majorité des travailleurs ne s’est mobilisée que pour les manifestations sans s’engager dans des grèves prolongées. Mais elle a exprimé sa solidarité, y compris financière, avec les actions les plus déterminées. En dépit de la propagande « pédagogique » gouvernementale, la légitimité est restée, pour la majorité des travailleurs, du coté de la résistance. Aussi, les travailleurs les plus actifs ne sortent pas du mouvement découragés, mais plus déterminés encore. C’est cela notre victoire !
Voilà de quoi préparer un avenir plus favorable pour nous tous, et un avenir qui déchantera pour les bourgeois. Mais l’avenir ne s’éclaircira pour nous que si cette détermination se cristallise en conscience plus élevée et en organisation.

Rejet de la politique capitaliste ou rejet du capitalisme ?

De l’enquête ouvrière que nous avons faite l’année dernière [1] , il ressort que les ouvriers les plus déterminés rejettent le capitalisme. Mais ce rejet est celui d’une politique, plus que d’un système économique, social, et politique, qui n’est pas vraiment compris dans ses mécanismes. Les travailleurs en restent en général à la critique des rapports immédiats entre les ouvriers et les patrons dans l’usine. Le mouvement actuel ne dément pas cette conclusion, malgré une perception plus aiguë de l’opposition capital / travail.
Aussi, la haine légitime et salutaire du personnel politique bourgeois, de Sarkozy et consorts, ne suffit pas à fonder une politique de classe. Le mot d’ordre du NPA, accolé aux têtes de Sarkozy et de Woerth : « Ils ne valent rien, qu’ils s’en aillent » est populiste et nullement en rupture avec le réformisme. Voir le capitalisme essentiellement sous l’aspect des choix des personnes qui servent ses intérêts, débouche inévitablement sur la conclusion que c’est le personnel politique qu’il faut changer. Et enfin, qu’il faudrait un gouvernement avec une bonne politique aux manettes de l’Etat pour mettre un terme ce que nous subissons.
C’est bien, que les travailleurs rejettent les hommes et les femmes qui personnifient l’Etat et sa politique. Mais notre vécu immédiat de travailleur dans l’usine ou face au système politique ne nous confronte qu’à l’aspect superficiel de la société capitaliste. Les mécanismes profonds sont étrangers à notre expérience directe, et on ne peut les comprendre que grâce aux outils du marxisme [2]. Sans cette compréhension nous ne pouvons pas combattre le capitalisme à sa racine, et construire une société sans exploitation : le communisme.
La personnification du capitalisme est un levier de mobilisation, mais c’est aussi une des causes de l’influence réformiste sur les exploités. Le « rejet des pourris » et la confiance en des hommes ou femmes neufs, comme la croyance en une possible utilisation de l’Etat actuel au bénéfice des exploités, voilà ce qui ramène les exploités vers les réformistes. Si la majorité des exploités fait une confiance très modérée au PS, elle votera pour lui en 2012, comme étant « le moins pire ». Les illusions sur l’Etat et sur son rôle possible dans la re-répartition des richesses bénéficieront à la « gauche de la gauche », au Front de gauche et à son leader Mélenchon.
Forts de notre colère, organisons-nous pour bâtir une alternative communiste !
L’histoire ne se répète pas. La situation du capitalisme en ce début de siècle rend illusoire toute réforme du capitalisme au bénéfice des exploités, comme en 1936 ou 1945. Comme le titrait Partisan en juin « En Grèce, comme partout, c’est eux ou c’est nous ». Etre écrasés ou liquider le capitalisme.

Comment construire une alternative sociale ?

Nous pouvons construire un projet de combat et pas une utopie, car cette société future, nous en trouvons la possibilité matérielle dans la crise même du capitalisme. La hausse de la productivité est au cœur de celle-ci. Chaque capitaliste est poussé par la concurrence à réduire sans cesse le travail ouvrier alors que c’est de lui qu’il tire son profit. En élevant la productivité du travail productif de plus-value, le capitalisme sape la base de sa reproduction, mais il crée en même temps la possibilité, pour les hommes et les femmes, de travailler tous et moins. C’est par la révolution, par la destruction de l’Etat bourgeois, en prenant les pouvoirs politique et économique, que les travailleurs pourront, utiliser à leur profit la réduction du temps de travail nécessaire à la reproduction de la société. Ils pourront vivre un temps « libéré » pour prendre en main collectivement leur destin.
Une telle perspective ne peut devenir un projet porteur d’une nouvelle révolution, que si les ouvriers les plus déterminés et les plus conscients s’organisent dans un Parti qui fasse passer leur rejet du capitalisme de la colère au projet de combat. C’est ce à quoi travaille VP.
Gilles Fabre

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