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La révolution ? Elle ne fait que commencer !

Partisan N°245 - Février 2011

La révolution fait la une des journaux et des magazines, du réactionnaire Paris Match au Monde de la bourgeoisie de gauche. Les hommes politiques, qui s’étaient accommodés de Ben Ali et Moubarak, parlent de « révolutions » et flattent les peuples qui les ont faites. Hypocrisie à droite comme à gauche de ceux qui passaient leurs vacances en Tunisie ou en Egypte, tous frais payés par les dictateurs.

Oui, nous nous réjouissons de ces renversements. Ils sont un encouragement pour tous les exploités. Mais il y a une différence de taille entre la joie des impérialistes et la nôtre. Pour les premiers, la chute des despotes doit être une fin, pour nous ce n’est qu’un début.

Obama, Sarkozy et les autres veulent que la « révolution » en reste à un ravalement démocratique qui garantira la poursuite des affaires avec les bourgeois locaux, ainsi que le maintien de l’ordre impérialiste et sioniste. Mais la protestation populaire touche la plupart des pays arabes. La peur a changé de camp. Si ce n’est pas encore la révolution, c’est une avancée dans sa direction. Les peuples bousculent l’ordre impérialiste insupportable que nous subissons tous.

Ces soulèvements ne sont pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Avant d’exploser, la révolte a mûri dans des luttes comme celle du bassin minier de Gafsa en Tunisie ou dans les grèves des ouvriers égyptiens. Par des échecs et des succès, elle a cheminé, faisant reculer le fatalisme et la peur. Pourquoi n’en serait-il pas de même en France, malgré l’échec de la lutte contre la réforme des retraites, malgré l’impasse dans laquelle les directions syndicales ont conduit les travailleurs sans-papiers, et tant d’autres protestations ?

Quelque chose s’est mis en marche.

En faisant tomber ces régimes corrompus, soutenus par les impérialistes, les peuples, la jeunesse, les travailleurs disent au monde que les exploités unis peuvent changer le monde. L’impossible d’hier ou d’aujourd’hui devient tout à coup possible, par la révolution !

Cela inquiète la bourgeoisie et ses intellectuels. Des despotes sont tombés, mais qui va leur succéder ? Des intégristes, comme en Iran, en 1979 ? Déjà ces « démocrates » regrettent la « paix » des dictateurs. Ils disent admirer le courage des peuples, mais ils les aiment surtout obéissants et au travail. D’autres prétendent vouloir changer le monde, mais attendent pour engager le combat, comme ironisait Marx, « d’avoir des chances infailliblement favorables ». Où en seraient les Tunisiens et les Egyptiens s’ils avaient raisonné ainsi ?

Les travailleurs arabes, et ceux qui se soulèvent contre l’ordre capitaliste et impérialiste, au Népal, en Inde, aux Philippines ou ailleurs, font l’histoire. Dans leurs luttes, ils prennent conscience de leur force et de leur capacité de bousculer l’ordre social.

Ce sera le pouvoir des exploiteurs ou celui des exploités

Si le courage et la détermination des exploités sont indispensables, ils ne suffisent pas à faire que les combats victorieux et les aspirations qu’ils portent ne soient pas trahis ou dévoyés.

Pour que les travailleurs fassent l’histoire selon leurs intérêts, qui sont de mettre fin à toute oppression et exploitation, ils doivent s’organiser en Parti révolutionnaire communiste. Sans cela ils restent les acteurs de combats dont de nouveaux bourgeois tirent profit. Ils doivent s’organiser, comme l’écrivait encore Marx, parce que « le nombre ne pèse guère dans la balance que s’il est uni par l’association et guidé par le savoir ». Ce savoir, c’est l’expérience accumulée du mouvement ouvrier et communiste, les leçons tirées des échecs passés autant que des succès, la compréhension des contradictions du monde dans lequel nous vivons.

En Tunisie, en Egypte, comme en France, il manque un tel Parti, guidé par ce savoir. Un Parti qui assure l’indépendance des exploités dans leurs luttes. Dans le combat démocratique, ces derniers se retrouvent aux côtés de petits-bourgeois, voire de bourgeois. Cette alliance permet d’abattre des dictateurs. Mais une fois la démocratie acquise, bourgeois et petits-bourgeois se contentent d’un changement qui ne met pas fin à l’exploitation. Pour les uns, il faut « que les affaires reprennent vite ». Pour les autres, la lutte ne fait que commencer contre le chômage, le travail exténuant, la précarité, la nécessité d’émigrer. Pas plus en Tunisie ou en Egypte qu’en France, la démocratie bourgeoise n’est autre chose que la dictature des exploiteurs.

Pour Sarkozy et tous les hommes politiques de droite et de gauche, «  ce n’est pas à la rue de faire la loi », mais aux députés. Les peuples en lutte nous montrent que le pouvoir des exploités naît et se développe dans les usines, dans les quartiers, dans la rue. C’est de là, et pas de la chambre des députés, que nous partirons à l’assaut de l’Etat bourgeois pour le détruire et le remplacer par le nôtre : la dictature des exploités. C’est ce qu’avait entrepris, il y a 140 ans, le 18 mars 1871, le peuple de Paris, pendant la Commune, première expérience de pouvoir ouvrier.

Pour ne pas rester des spectateurs de la révolution des autres, ne pas se contenter d’attendre des chances infaillibles mais illusoires de réussite, pour faire vivre la fraternité internationaliste des peuples et des exploités dans leur lutte pour la libération sociale et le communisme, organisons-nous !

Renforçons Voie Prolétarienne !
Vive la lutte des peuples arabes !
Vive la Commune de Paris !
Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

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