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Il y a 30 ans,
le PS promettait de changer la vie.

En mai 1981, Mitterrand est élu président de la République. Bien qu’il ait été l’homme du colonialisme et de la torture en Algérie, l’espoir soulevé par son élection était fort. Les travailleurs espéraient une vie meilleure. Et puis, le PCF hégémonique dans la classe ouvrière soutenait Mitterrand, il y avait 4 ministres communistes au gouvernement. Ce gouvernement démarrait d’ailleurs en fanfare avec l’abolition de la peine de mort. Puis il y eut la retraite à 60 ans. En 1982, la 5ème semaine de congés payés et les 39 heures. Ces 39 heures étaient créées en récupérant des congés, des pauses déjà existantes et surtout en instituant la flexibilité. La porte était ouverte pour les patrons. Plus tard fut instaurée la CSG, par Rocard. Bien sûr, il y eut les nationalisations, mais des centaines de milliards furent donner aux capitalistes en guise d’indemnisations.

Les ouvriers attendaient la fin des licenciements, en particulier dans la sidérurgie. Depuis des années, avec le Programme Commun du PC et du PS, les attentes étaient très fortes dans les nationalisations. C’était parait-il la seule solution, c’était surtout la solution qui évitait de parler de révolution.
Ceux qui s’y opposaient, comme VP, étaient très minoritaires. Dans les entreprises, les révisionnistes du PC faisaient la chasse aux révolutionnaires qui critiquaient le gouvernement. Avec le blocage des prix et des salaires en 1983, la chute sera terrible pour le mouvement ouvrier. VP sort sa brochure « La gauche, c’est comme la droite ».

Au printemps 1983, c’est donc la politique de rigueur de Delors. La vague de licenciements continue dans la sidérurgie, allant pratiquement jusqu’à sa liquidation. Les résistances sont désorganisées. Pour les syndicats, il était difficile de s’attaquer à un gouvernement qu’ils avaient tant désiré. Les organisations syndicales perdent des milliers d’adhérents. « C’est le désarroi de l’aristocratie ouvrière liée au PC. Cette bureaucratie avait appelé la masse des ouvriers à collaborer, elle les appelle maintenant à lutter. Mais le rapport de force s’est encore dégradé, et la capacité de riposte de l’ensemble de la classe ouvrière a encore diminué. A cela s’ajoute le discrédit qui touche le PC et la CGT pendant la période du gouvernement PC-PS. Discrédit qui accroît d’autant leurs difficultés à mobiliser. » (cahier N° 3 de la Cause du Communisme de VP).

L’expérience de la gauche au pouvoir a ouvert les yeux des prolétaires. Des illusions sont tombées. Mais ces pertes d’illusions s’accompagnent aussi d’un recul du politique (« tous pourris »), de la perte du collectif. Les années Mitterrand, c’est aussi la montée du libéralisme, du réalisme capitaliste, la montée au pinacle d’aventuriers comme Tapie. C’est aussi, au nom de la démocratie, la promotion par Mitterrand du FN comme opposant à la mondialisation et aux travailleurs immigrés. « La gauche ne combat pas la droite », écrivions-nous en 1985 dans notre revue La Cause du Communisme, « tout juste se sert-elle de certains de ses excès les plus évidents comme d’un repoussoir (Le Pen et la torture par exemple). C’est qu’au fond son projet « le socialisme en politique, le capitalisme en économie » est de type fascisant dans sa logique. D’ailleurs le premier terme de la proposition ne reçoit pas le début du commencement d’une application. A cela rien de très étonnant. Le projet du PC ou du PS est de rétablir la bonne santé du capitalisme français, par le « fabriquons français » ou une « meilleure gestion ». Ce n’est que sur cette base – qui suppose l’exploitation accrue des travailleurs (le chômage, les restructurations, la flexibilité, la chasse aux immigrés, etc.) - qu’ils peuvent promettre « le socialisme en politique », c’est-à-dire plus de richesses à distribuer, ce qu’ils appellent « plus de justice sociale ». Avec la crise mondiale, même ce pseudo-socialisme est impossible, sauf à vaincre tous les concurents... »

En 1981, la plupart des organisations marxistes-léninistes avaient disparu, leurs dirigeants recyclés dans le PS ou l’appareil d’État. Sans une organisation communiste puissante, les travailleurs n’avaient pas de possibilité de sortir des illusions qui fatalement se transformèrent en désespoir. Dans le système capitaliste, il n’y a pas de possibilité de changer la vie durablement pour les prolétaires.
Valentin

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