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Construire l’OCML-VP pour construire un parti communiste

Résolution générale du 8° Congrès de l’OCML-VP - 2011

La résolution sous forme de brochure pdf

 

 

1. Préambule

L’Organisation Communiste Marxiste-Léniniste Voie Prolétarienne a pour ambition de contribuer à la construction d’un nouveau Parti communiste. En l’absence d’un tel parti, la classe ouvrière et les exploités peuvent mener des luttes importantes, y compris offensives, contre le capitalisme, renforcer leur organisation ainsi que leur conscience. Mais ils ne peuvent pas le renverser et construire le socialisme. Ils n’ont alors pas d’autre perspective dans l’immédiat que son aménagement.

 

Ce texte n’est pas un exposé théorique sur la construction du parti. Il présente comment l’OCML Voie Prolétarienne met en œuvre cette ambition, dans la situation actuelle de la lutte des classes, en tenant compte de nos propres capacités comme de nos limites.

2. Un contexte mondial plus favorable au travail communiste !

Des attaques des bourgeoisies…

 

La crise économique du capitalisme a ébranlé le triomphalisme des bourgeois, qui prétendaient à la supériorité de leur système. La guerre économique entre les puissances impérialistes accroît le désordre et l’instabilité du monde. Guerre entre celles qui montent en Asie, comme la Chine, et les européennes ou l’américaine qui, affaiblies par la crise, sont menacées. Cette guerre que se mènent les puissances impérialistes concurrentes les conduit à durcir les conditions d’exploitation des ouvriers et prolétaires et à s’attaquer brutalement à tous les travailleurs. Dans les pays touchés par la crise, les bourgeoisies s’emploient à liquider les acquis des luttes passées, à précariser les conditions de travail comme de vie de tous et toutes en s’attaquant aux systèmes de santé et d’éducation, en délocalisant et en fermant des entreprises.

 

Les femmes sont particulièrement touchées par ces attaques. En France, le mouvement des retraites de l’automne 2010 a mis en évidence l’ampleur et la persistance des inégalités majeures entre hommes et femmes : temps partiel imposé en croissance pour celles-ci, inégale répartition du travail domestique, comme des soins des enfants et aux parents, etc. Les mises en cause des droits des femmes se multiplient sans riposte d’envergure : fermeture de centres IVG, recul de la gynécologie médicale, pressions pour un retour des jeunes mères au foyer, culpabilisation des mères des quartiers face à l’échec scolaire. Les femmes issues de l’immigration sont prises en tenaille entre leurs rôles traditionnels et les discours stigmatisants sur le voile ou la délinquance. Elles restent isolées, en l’absence de mouvement féministe dans les quartiers. Mais l’ampleur et la radicalité de la mobilisation des femmes dans les soulèvements arabes sont un point d’appui pour notre intervention auprès de celles des quartiers ici.

 

Le développement du capitalisme menace l’avenir de l’humanité. Fukushima au Japon nous rappelle que le nucléaire ne sera jamais une industrie comme les autres. Nous refusons l’allongement de durée de vie des centrales nucléaires et réclamons une sortie rapide de cette énergie.

 

Malgré le non au référendum et le rejet du traité de Lisbonne, les bourgeoisies européennes continuent dans l’application des mesures les plus libérales. Le libre-échange, avec la mise en concurrence des nations et des individus, ne fait qu’exacerber la progression des idées racistes et xénophobes en Europe, ainsi que la radicalisation droitière contre les travailleurs immigrés. L’Europe impérialiste n’est pas un rempart pour les travailleurs et les travailleuses. Il n’y aura pas d’Europe sociale tant que le capitalisme régnera.

 

Avec la crise renforcée, la pression et la pénétration des impérialistes dans les pays dominés s’accroissent, avec pour enjeu le contrôle des ressources stratégiques et des marchés. La bourgeoisie française parle d’indépendance énergétique alors qu’elle importe la totalité de l’uranium des pays africains dont elle pille les richesses. Cette pénétration, ainsi que la crise climatique engendrée par le développement industriel capitaliste, poussent des millions d’hommes et de femmes à émigrer.

 

Contre ces attaques les peuples se dressent…

 

Mais partout dans le monde, les peuples, les ouvriers résistent et se révoltent contre les conséquences insupportables de cette dictature capitaliste. Ils sont à la recherche d’une autre société plus juste.
En France, attaqués, les travailleurs ne baissent pas les bras. Grèves contre les liquidations d’entreprises et les licenciements, manifestations massives en 2009, grèves des travailleurs sans-papiers pour leur régularisation, luttes contre les restructurations de l’appareil d’Etat (santé, éducation). Batailles contre la réforme des retraites, avec manifestations et blocages de zones industrielles.

 

Trop d’échecs encore. Mais la révolte de tous et de toutes est profonde. La perception de l’antagonisme entre les intérêts des exploiteurs et ceux des exploités s’est aiguisée, même si elle est encore prisonnière de la confusion politique et du réformisme ambiant. L’égalité et la démocratie proclamées masquent moins que la bourgeoisie détient tous les pouvoirs et donc les moyens légaux et économiques pour imposer ses intérêts à la majorité de la population. Quand les résistances sont fortes, la dictature du capital se fait brutale. Les intérêts de la bourgeoisie menacée ne sont pas négociables. Alors l’Etat brise les résistances, disperse les piquets de grève, réquisitionne les grévistes, arrête et condamne manifestants et militants et fait appel à l’esprit de collaboration de nombreuses directions syndicales.

 

En faisant tomber des régimes soutenus par les impérialistes, les jeunesses ainsi que les travailleurs tunisiens et égyptiens ont montré à tous les travailleurs que les exploités unis peuvent faire que l’impossible d’hier ou d’aujourd’hui soit possible demain, par la révolution !

 

Les masses arabes prennent conscience de leur force et bousculent l’ordre établi. D’autres peuples, au Népal, en Inde, aux Philippines… se dressent contre l’impérialisme et mènent la lutte révolutionnaire sous la direction de Partis communistes maoïstes. La force de la classe ouvrière grandit et ses luttes sont de plus en plus interdépendantes. La solidarité internationale des peuples face à l’impérialisme, aux exploiteurs et à leurs gouvernements est un besoin immédiat et vivant. Besoin qui doit se traduire par des formes d’organisations nouvelles et par une coopération renforcée des organisations communistes au niveau international.

 

Ici, nous n’avons pas mis en échec la reforme des retraites de Sarkozy, ni empêché les licenciements, ni les suppressions de poste dans l’enseignement et les hôpitaux, ni imposé la régularisation de ceux qui, parmi nous, sont sans-papiers ! Nous avons perdu sur les revendications, mais nous avons fait vivre la solidarité ouvrière et expérimenté de nouvelles formes de résistance. Nous sommes plus conscients de l’antagonisme entre nos intérêts et ceux de la bourgeoisie. Blocages ou assemblées interprofessionnelles préparent bien plus l’avenir que les appels incantatoires à la grève générale. Notre détermination, nourrie par notre colère, notre rejet du capitalisme et de ceux qui le défendent, préparent nos combats futurs !

 

L’OCML-VP est partie prenante de ces mouvements et participe à leur construction à la mesure de ses moyens. Dans ces luttes, des travailleurs et des travailleuses plus conscients émergent de la masse combative. Ils et elles s’en distinguent par leurs interrogations politiques, par leur souci de l’intérêt de toute la classe, par leur internationalisme, comme par une volonté de voir au-delà de l’horizon immédiat des luttes. Nous les disons pour cela politiquement « avancés ». Ces ouvriers sont les plus à même d’être gagnés au communisme, même si leur formation politique est souvent faible et s’ils ignorent souvent la riche expérience du mouvement ouvrier, dont la mémoire a été largement perdue.

 

Un certain nombre de prolétaires est à la recherche d’une société alternative au capitalisme en crise, mais la bourgeoisie a érigé un obstacle important : l’anticommunisme. Celui-ci profite de l’effondrement du capitalisme d’Etat en URSS et dans les Etats qui lui étaient liés, à la fin des années 80, pour propager la « fin du communisme ». Pour renforcer la lutte pour le socialisme, il faut combattre cet anti-communisme en propageant de façon offensive et fière les progrès historiques réels du socialisme, en faisant le bilan de l’échec vécu des sociétés autrefois socialistes et en en tirant des enseignements.

 

Notre enquête ouvrière confirme que si ces ouvriers en ont assez de survivre sous la botte du capitalisme, ils ne voient pas encore comment l’abattre. Aussi, ce que nous devons préparer en priorité, ce sont les conditions politiques et organisation­nelles qui transformeront les luttes en avancées vers la révolution, vers le socialisme : la construction d’une organisation communiste révolutionnaire, ancrée dans la classe ouvrière.

3. Les ouvriers ont besoin d’un parti et d’une internationale

Pour renverser des dictateurs, pour déclencher une grève générale, pas besoin d’un Parti communiste. Le courage et la détermination des exploités le peuvent. Mais ces qualités ne suffisent pas à transformer les combats victorieux, les grèves générales et les aspirations qu’ils portent en avancées suffisantes vers la libération sociale des exploités.

 

Les ouvriers doivent s’organiser car, comme l’affirmait Karl Marx, « le nombre ne pèse dans la balance que s’il est uni par l’association et guidé par le savoir ». Ce savoir est expérience accumulée des mouvements ouvrier et communiste, ce sont les leçons tirées des échecs autant que des succès passés et la compréhension des contradictions du monde dans lequel nous vivons.

 

Le PCF, lors de sa création, avait incarné les espoirs ouvriers en une autre société. En 1936, il a soutenu le gouvernement réformiste. Puis, à la Libération, il a abandonné la lutte révolutionnaire pour appeler les ouvriers à reconstruire le capitalisme français. Depuis, il n’a été qu’un parti révisionniste, plus ou moins combatif… mais nationaliste et réformiste.

 

Sans parti communiste, les ouvriers sont les acteurs de combats dont seuls les réformistes bourgeois tirent profit. Les luttes au Népal, en Inde, aux Philippines, où les exploités disposent de Partis communistes, prouvent que les travailleurs peuvent s’organiser pour faire l’histoire selon leurs intérêts, en vue de mettre fin à toute oppression et exploitation.

 

En France, il manque ce Parti qui assurerait l’indépendance des exploités dans leurs luttes. Un parti capable de disputer le pouvoir à la bourgeoisie et à le lui arracher demain. Ce parti sera celui de la classe ouvrière. Elle subit toutes les oppressions et exploitations, et donc elle seule peut avoir intérêt à les liquider toutes, au bénéfice de tous.

4. Comment l’OCML-VP prend part à cette construction ?

L’ambition de VP est de participer à la construction d’un tel Parti, sans prétendre en être l’unique acteur, mais avec un rôle moteur. Depuis la création de notre organisation, nous travaillons à cela en développant notre activité de construction sur plusieurs fronts.
Notre organisation se construit dans les luttes politiques et sociales de la classe ouvrière contre la bourgeoisie, en cherchant à gagner au communisme les ouvrier(re)s les plus avancés qui se démarquent de la masse combative.

 

Pour nous la lutte politique n’est pas la participation aux élections, même si nous ne la rejetons pas par principe. La lutte politique révolutionnaire est celle qui organise la classe ouvrière et la renforce dans la conscience de l’opposition complète de ses intérêts à ceux de la bourgeoisie et à son Etat.
Cette lutte politique prépare le pouvoir ouvrier, pouvoir qui naît et se développe dans les usines, les quartiers, et la rue. C’est de là, pas de la chambre des députés, ou grâce à des ministères de « gauche » que les travailleurs partiront à l’assaut de l’Etat bourgeois pour le détruire et le remplacer par la dictature des prolétaires.

 

Dans les combats de la classe ouvrière, nous intervenons avec nos objectifs, sans négliger la défense de ses intérêts immédiats, mais aussi sans nous limiter à celle-ci. Nous cherchons à organiser les travailleurs que nous disons avancés autour de nos positions et de notre orientation communiste pour transformer avec eux la réalité qu’ils vivent. Leur conscience plus claire des enjeux et des perspectives est une force de transformation de la société. Notre presse, Partisan, et nos tracts visent à être lus par des travailleurs, à les organiser, et à les orienter dans ces combats.

 

Nous nous construisons en luttant contre tous les aspects de la société capitaliste, et pas seulement en dénonçant l’exploitation économique des ouvriers. C’est sur tous les aspects de la vie qu’il faut mener le combat communiste pour bâtir une société nouvelle. Tout est à transformer : le travail, la ville, la famille, les rapports entre les hommes et les femmes, les modes de consommation, les rapports entre les nations. Nous menons une lutte idéologique dans la classe ouvrière, et plus largement, en vue de renforcer les idées qui correspondent à cette perspective contre celles de la bourgeoise (chauvinisme, racisme, sexisme). Nous luttons contre l’individualisme, en propageant et en pratiquant la solidarité entre tous les travailleurs du monde.

 

Nous nous construisons dans le travail théorique. Il est impossible d’orienter correctement notre politique et nos pratiques, si les militants n’ont pas une compréhension claire des contradictions du monde actuel. Celle-ci se construit par la formation des militants et par le travail théorique en lien avec la pratique et l’enquête. Notre réflexion porte aussi sur les expériences socialistes. Nous tirons de leurs échecs et de leurs succès les enseignements qui sont des points d’appui dans notre lutte vers le communisme. De ce travail et de la critique approfondie des contradictions de la société capitaliste, nous dégageons des éléments de programme qui orientent notre combat.

 

Nous voulons une organisation qui soit celle des ouvriers et des ouvrières, français ou étrangers, à l’image de la réalité multinationale de notre classe. L’organisation doit leur permettre de devenir les dirigeants des luttes politiques et sociales d’aujourd’hui et les préparer à diriger la future société socialiste. Il ne s’agit pas de faire rentrer les ouvrier(e)s dans le moule d’une organisation encore marquée par les défauts de militants issus de la petite bourgeoisie. Pour se transformer et répondre aux réalités ouvrières d’aujourd’hui, l’organisation doit faire en permanence « sa révolution culturelle ».

 

Cette organisation devra pouvoir affronter la bourgeoisie, lui arracher le pouvoir, et agir même si cette dernière décidait de l’interdire. Elle ne doit donc pas s’endormir dans le légalisme et négliger sa sécurité.
Nous ne pensons pas être les seuls à pouvoir contribuer à la construction d’un Parti communiste. Nous souhaitons travailler à l’union des communistes sur la base des acquis du marxisme-léninisme et la Révolution culturelle chinoise. Jusqu’à présent, nos débats en vue d’une unification se sont soldés par des échecs. Ainsi, nos discussions avec les JCML de Lyon, avec qui nous avons des pratiques communes, ont buté sur des divergences importantes sur la question du rôle du parti et du bilan de la restauration du capitalisme en URSS.

 

Pour nous l’unité des communistes est un combat. Nous avons besoin à la fois de bases politiques et idéologiques solides, d’un programme de révolution sociale et d’un accord approfondi sur nos tâches présentes. L’expérience du NPA qui propose l’unité sans démarcation entre réformistes et révolutionnaires ne peut aboutir ni à la création d’un parti communiste ni même à l’unité du prolétariat. 

 

La conscience de l’interdépendance des prolétaires du monde dans la lutte pour leur libération, et dans la lutte contre l’impérialisme, nous a conduit depuis notre création à accorder une grande importance à la solidarité internationaliste (Afrique du sud, Afghanistan, Palestine, Pérou, Népal, CITA1…) et aux rencontres avec des organisations communistes.
La mondialisation capitaliste et les événements internationaux, par la place qu’ils prennent dans la lutte de classe dans notre pays, imposent que nous approfondissions nos positions sur les questions internationales. Actuellement, dans les relations internationales entre communistes, nous privilégions la participation à des conférences internationales de débat et les relations bilatérales entre organisations. Nous tenons pour prématurée la construction d’une organisation d’action communiste internationale (une internationale). Notre choix nous paraît plus approprié à l’avancée du débat entre organisations communistes, qui reste insuffisante, comme à nos propres capacités et priorités immédiates.

5. Aller de l’avant en corrigeant nos insuffisances et nos erreurs !

Depuis sa création VP a connu des avancés et des reculs. Nos bases théoriques sont saines, mais notre réflexion théorique a peu progressé depuis le milieu des années 1980, et notre implantation dans la classe ouvrière industrielle s’est affaiblie. Depuis trois ans, nous avons renforcé nos liens avec des prolétaires, hommes et femmes, sans avoir encore progressé dans les usines de façon significative. De nouveaux camarades nous rejoignent, la plupart jeunes. Nos progrès sont encourageants, mais ils n’ont rien de décisif.

 

Notre congrès précédent (le 7e Congrès en 2008), avait dégagé quatre axes de rectification, sur lesquels les progrès ont été inégaux.

 

Nous devions d’abord améliorer notre centralisme démocratique : favoriser les débats dirigés, améliorer le fonctionnement des directions, accorder une attention permanente à l’égard des avis de la base, systématiser les enquêtes politiques vivantes. Il y a eu des progrès dans ce domaine, mais insuffisants. Le travail de direction doit être plus collectif, mieux pris en charge et partagé, et les priorités précisées pour éviter la surcharge des militants à tous les niveaux.

 

Le deuxième axe de rectification soulignait la nécessité de s’unifier par la collectivisation de nos pratiques, par le travail théorique et la formation. Nous avons progressé grâce en organisant des conférences sur le travail ouvrier ou sur l’intervention dans les mouvements de travailleurs immigrés et en structurant la formation des secrétaires des cellules. Mais nous n’avons pas remis en chantier le travail théorique.

 

Le troisième axe engageait à faire converger le travail de chaque militant vers la classe ouvrière. C’est maintenant la préoccupation de toutes les structures de l’organisation.

 

La dernière rectification visait à renforcer nos capacités organisationnelles, ainsi que la formation théorique et pratique des militants, en développant nos capacités de mobilisation et d’organisation. Beaucoup reste à faire en ce domaine, en particulier dans la formation approfondie théorique et pratique des militants.

 

L’organisation a engagé ces rectifications, mais les progrès réalisés, bien qu’encourageants, n’ont rien d’encore décisif. Le 8e Congrès confirme la validité de ces axes, et décide de poursuivre la consolidation en précisant les priorités. Un saut qualitatif doit être fait en donnant la priorité au travail dans la classe ouvrière, au travail théorique, et à la formation. Nous en exposons ici les grandes orientations qui ont été précisées dans des résolutions particulières.

6. Eléments d’orientation de notre travail dans la classe ouvrière

C’est dans les luttes qui mobilisent des exploités là où ils travaillent (usines) et vivent (quartiers) que nous orientons notre activité. A l’étape actuelle de la construction de l’organisation communiste, nos cibles sont les ouvriers et ouvrières avancé(e)s que nous devons dégager et former en tant que militants communistes.

 

Le travail dans les usines est prioritaire, car c’est là que collectivement, face au capitalisme, les ouvriers sont le plus à même de s’organiser et de prendre conscience de leur force. Notre objectif est que nos membres soient en majorité des ouvriers ou prolétaires. Cela est nécessaire pour que l’organisation soit en prise avec les préoccupations des travailleurs. Mais notre but est aussi que nos camarades soient là où peut se déployer le plus la force de la classe : les concentrations ouvrières même si celles-ci recouvrent des réalités différentes.

 

Le travail communiste est mené aussi dans les quartiers et villes ouvrières et notre politique concerne toutes les questions de la vie ouvrière. Ce travail local de quartier, que nous le menions dans des collectifs, des associations, ou en tant que VP, a pour but d’organiser des prolétaires, hommes et femmes et d’élever leur niveau de conscience. Par exemple nous travaillons en direction des femmes et organisons des solidarités internationales anti-impérialistes. Ces activités doivent être articulées avec le travail en direction des entreprises.

 

Nous participons à la construction des organisations de classe et de masse des exploités, syndicats (CGT ou Solidaires) ou collectifs. Dans la CGT, nous combattons les orientations réformistes qui la dominent, en nous appuyant sur le blog où va la CGT. Nous participons à la création de collectifs de lutte, comme c’est le cas avec les sans-papiers ou avec les femmes. Mais notre travail vise principalement à l’organisation politique des travailleurs les plus conscients. Pour cela, nous ne pouvons nous contenter d’être de bons syndicalistes ou militants de masse. Cela est nécessaire, mais pas suffisant pour gagner des ouvriers à la lutte politique pour le pouvoir dans la perspective du communisme.

 

Les travailleurs et travailleuses les plus conscient(e)s et déterminé(e)s se rapprochent de nous si nous arrivons à montrer la supériorité de la politique marxiste-léniniste par rapport au réformisme, à l’anarcho-syndicalisme, au trotskisme etc. S’ils peuvent jouer un rôle précis sur des objectifs concrets pour changer la réalité de classe. Nous intervenons donc avec eux dans des organisations de masse (syndicat ou collectifs). Nous leur proposons des cercles ouvriers où ils ont avec nous une intervention politique collective, même s’ils ne sont pas encore prêts à être membres de l’OCML-VP.

 

Nous proposons à ces travailleurs une formation à la fois pratique et théorique (pour comprendre les contradictions de la société, et articuler la critique de la société actuelle avec le projet communiste) en partant de leurs questions et de leur expérience. Nous organisons chaque année des cycles de formation pour qu’ils assimilent les bases du marxisme.

 

La priorité au travail dans les usines ne signifie pas que nous nous y limitons à la défense des intérêts économiques des ouvriers. Les luttes du prolétariat, ainsi que les luttes progressistes d’autres secteurs de la société qui affaiblissent la bourgeoisie, sont politiquement importantes. Par exemple, nous soutenons la lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression spécifique des femmes. Nous luttons aussi contre le machisme et l’homophobie. Ces luttes sont des points d’appui pour élever le niveau de conscience des ouvriers, qui sont devront diriger la lutte de tous les exploités et la transformation de la société.

 

Nous avons vérifié l’importance de l’internationalisme pratique dans la politisation des ouvriers comme de la jeunesse. C’est ainsi que nous avons soutenu les luttes révolutionnaires au Népal, aux Philippines, en Palestine et que nous avons reçu des organisations révolutionnaires comme l’organisation de femmes afghanes RAWA. La classe ouvrière de France est multinationale, le Parti le sera aussi. Nous le construisons en nous appuyant sur l’esprit de solidarité international, d’entraide, de dévouement et sur l’aspiration à l’égalité de la classe prolétarienne tout en combattant les divisions comme le sexisme, le chauvinisme, le racisme, l’opposition jeunes/vieux, etc.

 

La dégradation des conditions de travail et de vie rend difficile de militer. Les horaires et les rythmes de vie éclatés, la cherté des logements qui pousse à habiter toujours plus loin du travail, la fatigue et l’usure sont des obstacles à l’engagement des ouvriers. Les contraintes des femmes le sont tout particulièrement. En plus de subir la précarité et le temps partiel, elles assument aussi la plus grande part du travail domestique. Nous devons inventer avec ces camarades des rythmes et des façons de militer qui ne rajoutent pas à la fatigue, mais au contraire leur permettent de s’épanouir dans le militantisme. Militer est le premier pas dans la libération de l’abrutissement capitaliste.

 

Il y a une grande inégalité face à l’écrit entre les militants. Il y a ceux qui ont eu une bonne scolarisation, et d’autres qui maîtrisent moins l’écrit. Parmi nos camarades ouvriers(ères), grandi(e)s en France ou ailleurs, nombreux(ses) sont celles et ceux qui ont des difficultés à lire et écrire. Il est indispensable de les former à la lecture. Mais il faut aussi fonctionner en attachant plus d’importance à l’oral ou aux supports audiovisuels dans le travail de l’organisation et dans sa propagande.

 

Enfin, nous ne recruterons des ouvriers que si le style de débat dans l’organisation leur permet d’y prendre toute leur place. Que si les débats prennent appui sur les apports de leur expérience et sur leur façon d’appréhender la réalité. Que s’ils rendent plus clairs les enjeux des combats dans lesquels ils sont engagés.

 

La lutte commune demande de la camaraderie dans nos rangs et de bonnes relations communistes. Cela veut dire : partir de l’unité et de la confiance qui priment entre camarades sans cacher et sans fuir les contradictions. La franchise entre camarades, le dialogue et le travail de conviction font avancer l’unité de l’organisation.

 

L’afflux de jeunes camarades, ouvriers ou non, est nouveau. Leur confier des responsabilités et les former comme dirigeants sont des enjeux d’avenir. La formation pratique et théorique, la transmission de l’expérience et des acquis de l’organisation est une priorité. La formation a pour objectif de développer leurs capacités d’initiative dans la lutte de classe et de renouveler les directions de l’organisation.

 

Les camarades non-prolétaires apportent leur compétence et leur énergie dans la réalisation des tâches fixées et en particulier la principale : le dégagement et l’organisation d’ouvrier(e)s et de travailleur(se)s exploité(e)s, de toutes origines. Pour réaliser cela, ils doivent vivre et / ou travailler là où ils seront en condition de lutter avec eux et de gagner leur confiance : dans des quartiers populaires, dans des usines. En ce sens, le choix d’un emploi d’ouvrier par des camarades n’est pas un impératif moral. Il est un choix d’efficacité politique à l’étape actuelle du développement de l’organisation.

 

Dans l’immédiat nous n’avons pas de perspective d’unification avec une autre organisation. Cette unification est le résultat d’un processus dialectique où nous pratiquerons la lutte, l’unité, la lutte. Nous devons développer des luttes communes sur des objectifs et orientations partagées. Nous chercherons à mener des polémiques sur des analyses et des pratiques. La mise œuvre de ce processus ouvrira, nous l’espérons, de nouvelles perspectives d’unification.

 

Ces orientations sont enrichies par les bilans que nous faisons de nos activités et par le travail théorique. Les bilans doivent être soigneusement menés et discutés. Nous progressons dans notre construction en apprenant de nos succès et de nos erreurs. Nous renforcerons notre travail dans la classe ouvrière en comprenant mieux ses évolutions objectives et subjectives. Ce travail théorique est l’approfondissement de l’enquête ouvrière lancée par l’OCML-VP en 2010. Au cours de celle-ci nous avons mené de longs entretiens politiques avec des ouvrières et des ouvriers. Nous en avons synthétisé les réponses pour en dégager une meilleure connaissance non seulement de la vie ouvrière, mais aussi du rapport des ouvriers(ères) à la politique.

7. Conclusion

Nous avons brièvement présenté comment nous menons la construction du Parti en construisant une organisation communiste ancrée dans la classe ouvrière. Nous ne sommes pas revenus sur des développements théoriques déjà abordés dans les congrès précédents de l’organisation, en particulier notre 2e Congrès qui a traité de la construction du Parti.

 

Aujourd’hui, ce qui nous paraît indispensable, prioritaire, c’est de faire un pas concret dans la construction de notre organisation dans la classe ouvrière. Nous appelons ceux et celles qui ont de la sympathie et de l’intérêt pour notre activité à mener cette tâche avec nous.

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