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Petite-bourgeoisie

Partisan N°256 - Mai 2012

Origine du mot

Le bourgeois est celui qui habite un bourg. A l’origine, « burg » en germain et « burgus » en latin désignent un château fort. A la fin du Moyen-Age, le bourgeois est le citoyen d’une ville affranchie, un citadin libre par opposition au paysan serf. Quand cette classe marchande supplante celle des propriétaires féodaux, Marx et Engels peuvent lui donner une définition précise. En résumé : « la classe des capitalistes modernes qui possèdent les moyens sociaux de production et utilisent du travail salarié » (1).

Signification

La petite-bourgeoisie est donc, a priori, une classe capitaliste moderne mais qui possède peu de moyens de production et d’échange, et utilise peu de travail salarié. Les moyens sociaux de production étant matériels ou intellectuels. Mais au sortir de la révolution bourgeoise, la fraction petite-bourgeoise la plus nombreuse est encore à la campagne. C’est, entre les grands agriculteurs capitalistes et les ouvriers agricoles, la masse de la paysannerie. Puis, aux « classes moyennes de jadis » (2), artisans, commerçants et paysans, succède une classe citadine et intellectuelle, technicienne et d’encadrement. Une fraction, importante par son rôle politique, en est l’aristocratie et la bureaucratie ouvrières.
Politiquement, la petite-bourgeoisie est la classe de l’entre-deux. Entre la violence de l’exploitation capitaliste et la radicalité de la lutte prolétarienne communiste, elle incarne la voie de la conciliation. Elle croit à la démocratie et au réformisme.
La lutte politique au sein du peuple est donc celle de la classe ouvrière pour faire triompher son point de vue anti-capitaliste sur celui de la petite-bourgeoisie préalablement dominant. L’enjeu est l’orientation politique prise par la masse du prolétariat non-ouvrier, les employés.

Les mots qui servent à camoufler

Le meilleur camouflage est le silence : ne jamais parler de cette contradiction petite-bourgeoisie - classe ouvrière. Mais il y a aussi deux autres méthodes, c’est « tous petits-bourgeois » ou « tous prolétaires ». « Tous petits-bourgeois » est le modèle dominant, qui s’impose même à l’ouvrier. Faire partie des classes moyennes dès qu’on gagne plus que le salaire minimum ; gérer sa force de travail comme un petit capital ; savoir investir dans la formation ; etc. « Tous prolétaires » est l’option de « gauche » ; tous ensemble du manoeuvre à l’ingénieur ; tous salariés, ou tous travailleurs.
Or, pour faire des alliances, la classe ouvrière doit d’abord exister, c’est-à-dire être organisée. On se pose en s’opposant : la classe ouvrière s’affirme en se démarquant de la petite-bourgeoisie.

Pour en savoir plus

(1)Engels, note dans l’édition anglaise du Manifeste, 1888.
(2) Le Manifeste, chapitre 1.
- Dictionnaire critique du marxisme, Labica-Bensoussan.
- Plate-forme politique de VP, cahier 3 : La révolution et la réforme (n° 520), C’est la classe ouvrière qui doit diriger en tout (n° 530), La lutte contre le réformisme, condition de l’indépendance ouvrière (n° 600).

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