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Une manif de sans-papières

Partisan N°236 - Mars 2010

Le jeudi 26 janvier, à Paris, pour interpeller DARCOS ministre du travail, et à l’appel du DAL, de la CGT intérim et de Femmes-Egalité, une centaine de femmes sans-papiers de diverses nationalités se sont réunies, bougie en main. Une manifestation contre le travail au noir des femmes sans-papiers, et pour revendiquer la prise en compte de leur situation, dans le cadre de la circulaire de décembre dernier : « Besson ta circulaire a oublié le travail non déclaré », « Pour nos retraites, nous voulons cotiser, régularisez ! »
Une première intervention d’Ana, responsable de Femmes-Egalité, dénonce le travail invisible des femmes sans-papiers : que ce soit dans le textile, dans la restauration et plus encore, dans les services à la personne, ces femmes n’ont pas de preuve de travail, pourtant nombre d’employeurs sont prêts à régulariser comme en témoignent les 200 CERFA déjà collectés en attente de plus, pour une délégation au ministère. Il faut lever les blocages et régulariser ces femmes.

Pour la CGT, Francine Blanche tient un discours confus, ou plutôt d’un nationalisme ahurissant. Selon elle, nombre de petits patrons sont effectivement prêts à régulariser, puisque désormais employer des sans-papiers les place hors la loi. Il est dans l’intérêt bien compris des deux parties de régulariser : pour éviter la fermeture de toutes ces PME et pour que les femmes aient enfin des droits reconnus ; il y a convergence d’intérêt entre l’économie française et les sans-papiers. D’ailleurs, toujours selon Francine Blanche, un petit patron reprendrait tel quel le slogan du mouvement « Ils vivent ici, ils bossent ici, il faut régulariser ».
Aucun applaudissement ne suit ces déclarations qui doivent laisser perplexes bien des femmes sans papiers qui ne peuvent que constater que la CGT a, certes, délégué une de ses permanentes, mais n’a pas mobilisé pour un soutien de masse.
Important par la volonté de regrouper les femmes sans papiers, effectivement marginalisées dans le mouvement, ce rassemblement témoigne cependant d’une vision politique qui maintient les femmes dans une double dépendance : la première vis-à-vis d’une circulaire soi-disant à améliorer, alors que jamais ce ne sont les sans-papiers qui l’ont réclamée ; la deuxième vis-à-vis de leurs soutiens qui n’ont pas jugé bon qu’une femme sans-papiers prenne elle-même la parole.
Pour avancer, nous combattrons aux côtés des sans-papiers et sans-papières contre le gouvernement, mais aussi contre ces illusions réformistes, et pour l’autonomie des sans-papières.

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