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Appel à toutes les femmes sans-papiers !

Partisan N°236 - Mars 2010

La journée d’une femme sans-papiers isolée selon elles-mêmes : « Nous sommes la France qui se lève tôt et qui dort tard avec la France qui dort tôt... »

Nous nous levons tôt pour :
- prendre la charge des enfants et le ménage pour que les parents puissent partir au travail,
- assumer la garde des personnes âgées ou malades pour que leurs proches puissent être déchargées de la lourde tâche de les placer dans des maisons spéciales pour les entretenir,
- arriver les premières dans les bureaux pour fournir aux employés un milieu de travail propre et rangé.

Le soir :
- nous allons récupérer les enfants à la sortie des écoles pour que leurs parents puissent finir leur journée de travail,
- avant de rejoindre nos propres enfants, nous emmenons au parc, nous baignons, nous faisons dîner les enfants de nos employeurs, ou nous donnons les mêmes soins aux personnes âgées.

Ensuite notre journée commence :
- nous récupérons nos enfants, souvent chez les voisines ou nos proches âgés à qui nous confions la surveillance,
- nous les faisons diner sans les baigner parce que nous sommes des mal-logées,
- nous faisons notre ménage qui n’a pas été fait toute la journée,
- nous préparons le dîner ainsi que la gamelle du lendemain pour assurer le déjeuner.

Enfin nous dormons tard pour nous réveiller plus tôt que tous les autres et frustrées :
- parce que nous n’avons ni le temps ni la capacité d’aider nos enfants qui sont souvent en échec scolaire,
- parce que nous travaillons toutes sans être déclarées,
- parce que nous sommes obligées d’accepter des salaires indécents qui permettent à nos employeurs de continuer à travailler,
- parce que malgré tout cela, nous ne sommes même pas reconnues et considérées parmi les travailleurs sans-papiers.

Bien sûr que toutes les femmes sans-papiers ne sont pas dans la même situation. Mais toutes les femmes sans-papiers sont comme les sans-papiers isolées, discriminées et surexploitées à cause du fait d’être soumises à travailler sans autorisation de séjour et de travail.
Les problèmes des femmes sans-papiers ne peuvent être résolus qu’avec la régularisation globale de tous les sans-papiers. (...)


(Tract diffusé pour une manifestation et une réunion de femmes dans le lieu d’occupation Baudelique, en novembre dernier).

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