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Grèce : Syriza entre changement radical et réformisme

Article de Partisan N°267 - été 2013

Le KOE (maoïste) fait partie de Syriza. Dans un tract du 13/11/2012, « Un moment de grande agitation », il décrit la situation dans laquelle est le peuple grec :
« La Grèce et, de fait, toute la région du Sud-Est de la Méditerranée sont dans une tempête économique, politique et géopolitique. Les contradictions entre le FMI et l’UE (mais aussi entre les pays les plus puissants de l’Union européenne) pour la gestion de la crise dans les pays européens du Sud, et leurs implications pour le système bancaire et financier européen, sont en plein mouvement. L’essence de la confrontation n’est pas de savoir si le fardeau de la crise sera à la charge des peuples ou non... (là-dessus ils sont d’accord).
SYRIZA doit lancer une lutte intransigeante pour empêcher d’aller vers la catastrophe, en imposant un recours direct au verdict populaire. SYRIZA doit se transformer en un pôle de base de regroupement de forces politiques et sociales, capables de mener à une voie de sauvetage et de sortie politique, économique et sociale pour le pays.
En même temps, SYRIZA comme une entité politique doit organiser un mouvement de désobéissance politique contre les taxes "supplémentaires" illégitimes, contre la vente de la propriété publique, contre la destruction de la santé publique et de l’Enseignement, contre l’élimination du code du travail qui protège encore même si c’est de façon imperceptible. »

Où en est Syriza ?

Pour le Monde Diplomatique (de juin 2013), « sans implantation forte chez les ouvriers et les agriculteurs, sans relais syndical, Syriza n’avait en effet pas de réelle tradition militante. A l’inverse, le Parti communiste (KKE) contrôle l’un des trois principaux syndicats, le Front de tous les travailleurs (PAME)... » Syriza « fait face au discours des « deux extrêmes » associant l’Aube Dorée (nazis) et Syriza, repris en boucle dans tous les médias, la coalition a donc souhaité rassurer. M Tsipras (dirigeant de Syriza) soutient publiquement tous les mouvements de grève, mais adopte un ton mesuré face aux actions qu’il juge « radicales », et prend ses distances avec celles qu’inspirent les partis d’extrême-gauche et les groupes anarchistes... » « Syriza veut entretenir la possibilité d’une alliance avec le centre gauche, voire au-delà... Cette stratégie rencontre une forte opposition au sein de la coalition. Celle-ci a très vite critiqué une démarche « électoraliste ». Elle souhaite au contraire voir émerger un « Syriza des luttes », susceptible d’élargir son électorat en ramenant les citoyens victimes de la crise sur ses positions . »

Comment fonctionne Syriza ?

Syriza comporte environ 30 000 membres et 500 sections dans le pays. Il a aussi 71 députés. Beaucoup de ses membres sont des personnes qui ne sont organisées dans aucune autre organisation. Lors du congrès les deux tendances ont exprimé leurs divergences (extraits de A Contre Courant janvier/février 2013).
Le tendance principale, Le Bulletin Unitaire, pense que Syriza va dans la bonne voie, elle a remporté 75 % des voix. Elle comprend Alexis Tsipas, le KOE, des écologistes AKOA (d’orientation euro-communiste), des communistes libertaires (ROZA), d’ancien membres du PASOK (sociaux démocrates). Le Bulletin Unitaire a intégré un large spectre de forces, depuis des membres qui poussent à ajuster le programme de Syriza dans le sens du « réalisme » jusqu’à des camarades de gauche très radicaux qui ont probablement pensé que la meilleure façon de faire avancer Syriza était d’argumenter dans le cadre de la majorité.
L’autre tendance, « la plate-forme de gauche », plutôt des groupes trotskistes et des anti-capitalistes, est pour l’unité de toute la « gauche » sans partis bourgeois, elle refuse de tout sacrifice pour le peuple, elle défend les besoins de tous les travailleurs au-delà des propositions « réalistes ».
La lutte de classe traverse Syriza et c’est normal. La tendance majoritaire veut temporiser, la situation en Grèce comme en Europe n’étant pas révolutionnaire. Mais temporiser ne veut pas dire tomber dans l’électoralisme ou les alliances sans principes. L’avenir de Syriza n’est pas écrit, la lutte de classe et la lutte de ligne continuent.

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