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Besancenot à l’usine

Partisan N°2010 - Mai 2010

Pour de nombreux ouvriers, la politique, c’est quelque chose d’extérieur à l’usine. Quelque chose qui n’est pas pour eux, et qui divise. Même dans des luttes très dures et très radicales, c’est plutôt le syndicalisme, pas forcément d’ailleurs le syndicat (qui peut être bien pourri) qui apparaît comme la force capable d’améliorer les choses. L’intervention politique dans les entreprises prend donc souvent la forme d’un super-syndicalisme. A Lutte Ouvrière comme au NPA, on radicalise un peu les revendications. Et quand un leader politique vient à la porte, le collectif ouvrier compte plus sur la popularité pour aider la lutte en cours que sur les idées politiques qu’il défend. Pour le copain de SONAS qui se fait prendre en photo avec Besancenot, ce qui compte, c’est la lutte, pas le NPA. Cette attitude-là, nous la rencontrons partout, c’est une attitude générale. C’est celle, par exemple, du collectif contre les patrons voyous.
Cette méfiance vis-à-vis de la politique peut être une bonne chose, tout comme l’attitude des ouvriers qui consiste à ne compter que sur leurs propres forces. Le problème, c’est qu’elle empêche de définir une autre politique. En se bornant à la lutte immédiate, à la lutte de l’entreprise, l’ouvrier ne lutte plus que contre son patron, et pas contre tous les patrons, les soi-disant voyous mais aussi tous les autres. Notre rôle, le rôle des communistes dans l’usine, c’est donc bien de mener cette lutte immédiate, mais c’est surtout de la sortir de confrontation directe contre « le » patron. Les tâches sont énormes, il faut s’unir, rencontrer ceux qui luttent, notamment les sans-papiers. Il faut aussi se poser, réapprendre à lire, apprendre l’histoire ouvrière pour y trouver de nouvelles armes, organiser la solidarité. La politique, ça divise, c’est vrai, mais ça permet de savoir qui est avec nous et qui est contre nous, de se dire que l’on peut en finir avec l’exploitation, pas individuellement (en se disant que l’on peut quitter l’usine et monter son petit truc dans son coin ; ce qui aboutit toujours à l’échec), mais collectivement, tous ensemble. C’est cela, le communisme.

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