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Slogans contre la loi Travail : les tubes du printemps 2016

De l’argent il y en a dans les caisses du patronat : partagez les richesses ou on se servira

 

Disséquons ce mot d’ordre :
De l’argent il y en a dans les caisses du patronat : oui, les bourgeois sont riches. Pourquoi sont-ils riches ? Parce qu’ils volent le fruit du travail à leur seul profit. Toute la richesse de la société est produite par le travail (et par la transformation de la nature). Les patrons ne produisent rien, ils accaparent tout. Leur « richesse » ne vient que du travail ouvrier.

 

Ils ne sont pas riches par simple avidité ou bassesse morale (quoi que souvent, ils sont aussi bien pourris individuellement), mais parce qu’ils sont en concurrence avec d’autres bourgeois. Un patron seul ne pourrait décider de faire « plus social » que ses concurrents : il perdrait tout.

 

Partagez les richesses : oui s’il vous plaît, partagez ce que vous nous avez extorqué. Pourquoi devrait-on partager avec nos exploiteurs ? Encore une fois, c’est nourrir l’illusion qu’il pourrait y avoir un équilibre entre le prédateur et ses proies, il suffirait de « partager » gentiment.

 

Ce que le patron verse comme salaire, c’est juste ce qu’il faut à l’ouvrier pour revenir bosser le lendemain. Mais dans un pays impérialiste comme la France, dont les capitalistes vivent non seulement du travail ici, mais de l’exploitation de l’ensemble de la planète, qu’il s’agisse des ressources naturelles ou du travail, beaucoup de salariés sont bien loin de la production. Nombreux sont ceux qui ne produisent pas de richesses et s’imaginent celles-ci comme quelque chose d’abstrait. Les ouvriers, eux, savent bien que c’est leur sueur et leur usure qui finit « dans les caisses du patronat ».

 

Une meilleure répartition, une augmentation des salaires, des pensions et des indemnités chômage, c’est sûr, on en a besoin tout de suite.
Mais pourquoi se contenter de miettes quand on pourrait choisir le parfum et la taille du gâteau ?
On veut non seulement vivre mieux, mais on veut surtout se débarrasser d’eux, pour décider collectivement quoi et comment produire : ce qui sera réellement utile, sans s’user la santé au travail, sans piller et détruire la planète …
Ou on se servira : (cette partie du slogan compte plus pour la rime que pour son sens). Donc on menace, s’ils ne partagent pas gentiment, de faire le partage par la force. Avec un bon rapport de force, on peut effectivement imposer des hausses de salaires. Mais si on parvient à construire ce rapport de force, on va plutôt faire la révolution, non ? On veut abattre ce système et écrire nos propres lois pour répartir de façon égalitaire les richesses (sous forme de services utiles à tous) et décider de tout démocratiquement.

 

Séparation du Médef et de l’Etat ?

 

Sur le constat, OK, l’Etat est bien celui du Capital, et particulièrement cette partie du Capital qui détient les grandes entreprises adhérentes au MEDEF.
Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Toutes les institutions et structures de l’Etat sont faites sur mesure pour que s’exerce cette domination du Capital, qui est non seulement le pillage économique du travail, mais aussi l’organisation de toute la société dans ce seul but.
Demander la séparation du MEDEF et de l’Etat, c’est nourrir l’illusion que l’Etat, tel qu’il est, pourrait être neutre et arbitrer de façon équilibrée entre des classes aux intérêts irréconciliables.
C’est au fond imaginer qu’il serait possible d’avoir une société capitaliste harmonieuse, apaisée… Alors que le capitalisme est nécessairement une somme de violences faites aux travailleurs et que l’Etat est justement l’instrument de ces violences.
La seule façon de séparer le MEDEF et l’Etat sera de détruire ce système : détruire le Capital comme système d’exploitation de la majorité par une minorité, détruire l’Etat qui le permet et instaurer une véritable démocratie.

 

Tout le monde déteste la police !

 

S’il y a bien un slogan qui a été le “tube du printemps” c’est bien celui là.
Dans quasi toutes les manifestations, il a été scandé par des milliers de personnes. Quand on se rappelle, la manif du 11 janvier 2015 et de ses applaudissements des flics, on se dit que finalement les choses peuvent évoluer vite et parfois même dans le bon sens !

 

Et manif après manif ce slogan s’est imposé tant la répression a été importante pendant toute la mobilisation contre la loi Travail !
L’heure est évidemment à continuer à le scander mais aussi l’accompagner avec “Tout le monde déteste la répression !” Nous devons construire l’unité de tous les inculpés et refuser de faire le tri entre ceux qui ont “vraiment fait quelque chose” et ceux qui auraient “rien fait”. Le débat n’est pas là, et en vrai on s’en fout !

 

Cependant, ne nous leurrons pas. Quand nous scandons “tout le monde déteste la police” c’est bien plus un souhait qu’une réalité.
Et par ailleurs, ce n’est même pas tout à fait vrai. Car la vrai limite de ce slogan c’est qu’il laisse sous entendre que la police serait quelque chose en soi, séparé et isolé face au reste du monde. Alors que nous le savons bien, elle est au service du maintien de l’ordre. De l’ordre capitaliste.
C’est pour cela que nous scandons plus facilement “Police nationale / Milice du Capital” car au moins ça a le mérite de la clarté.
Mais ne boudons pas notre plaisir ! Entendre ce type de slogan s’imposer comme une référence dans une mobilisation sociale de masse cela montre d’une certaine manière une compréhension plus radicale et plus profonde que oui, la police et son Etat ne seront jamais de notre côté !

 

Bulletin Partisan de Juin 2016

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