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Le 21 avril 2005 mourrait Zhang Chunquiao militant communiste chinois
Partisan N°199 - Décembre 2005
Peu se rappellent, aujourd’hui, le rôle central tenu par Zhang Chunqiao durant la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » et dans la lutte de lignes au sein du Parti communiste chinois (PCC) alors que les éléments révisionnistes bourgeois tentaient de reprendre les commandes. Mais l’hommage le plus sérieux qu’on puisse faire à ce combattant du communisme chinois est de rappeler la justesse des analyses contenues dans « De la dictature intégrale sur la bourgeoisie », texte qu’il écrivit en 1975 (voir en ligne : https://ocml-vp.org/article2271.html).
Zhang Chunqiao rejoint la Ligue des Écrivains et Artistes chinois de Gauche à l’adolescence, puis le Parti communiste chinois en 1938, après la Conférence de Yenan, à l’âge de 21 ans. Il écrit, par la suite, pour l’Agence Chine Nouvelle et le quotidien Jiefang Ribao Libération. En 1966, il est nommé secrétaire du Parti à Shanghai. En 1967, il dirige, avec Wang Hongwen -un ouvrier communiste, la Commune de Shanghai (sur le modèle de la Commune de Paris), expérience la plus avancée de dictature du prolétariat en Chine. Élu au CC du PCC en 1969, au Comité permanent en 1973, puis vice-premier ministre de la République populaire de Chine, jusqu’à son arrestation, en juillet 75, avec la gauche du parti représentée par Jiang Ching, Wang Hongwen et Yao Wenyuan.
RESTAURATION DU CAPITALISME
Avec l’arrestation, de ce que les bourgeois et les révisionnistes chinois appelleront la « Bande des Quatre », prend fin la Révolution Culturelle (GRCP) et débute le processus de restauration capitaliste en Chine. Cette restauration s’opère selon un schéma que Zhang Chunqiao décrit très justement dans son texte de 1975.
La restauration s’opère par un changement de direction politique et de ligne idéologique qui conduit le Parti communiste à déposséder la classe ouvrière de son pouvoir, à mettre un terme aux mouvements de masse et à légiférer par décrets et lois, plutôt qu’à travers la discussion, la critique et l’autocritique, méthodes utilisées durant la GRCP pour que les travailleurs chinois « exercent leur direction en tout » dans les domaines économiques, culturels, militaires... « De même, précise Zhang, la restauration du capitalisme commence nécessairement par la prise du pouvoir de direction, par l’altération de la ligne et des mesures politiques du Parti. N’est-ce pas ainsi que Khrouchtchev et Brejnev ont changé le système de propriété en Union soviétique ? ».
Zhang Chunqiao désigne les bases objectives de la restauration : les restes d’économie capitaliste dans le cadre de la propriété et du rapport marchand : « Le président Mao a récemment indiqué -En un mot, la Chine est un pays socialiste. Avant la Libération, c’était à peu près comme le capitalisme. Maintenant encore, on pratique le système des salaires à huit échelons, la répartition selon le travail, l’échange par l’intermédiaire de la monnaie, et tout cela ne diffère guère de l’ancienne société. La différence, c’est que le système de propriété a changé. Nous devons toutefois savoir que le problème de la propriété n’est pas encore totalement résolu Si nous disons fréquemment qu’il est “réglé pour l’essentiel”, c’est précisément qu’il ne l’est pas complètement, et que le droit bourgeois n’a pas non plus été complètement supprimé du point de vue de la propriété ».
Rétrospectivement, on peut également apprécier les analyses pertinentes de Zhang Chunqiao quant à l’origine des éléments restaurateurs dans le parti, et leur volonté toujours actuelle en Chine de se cacher derrière les mots « communisme » ou « socialisme ». « Tu veux la transformation socialiste ? Il prétend consolider l’ordre de démocratie nouvelle. Tu veux l’établissement des coopératives et des communes populaires ? Il dit que c’est trop tôt. Tu estimes qu’il faut faire la révolution dans l’art et la littérature ? Il soutient que présenter quelques pièces de fantômes ne fera aucun mal. Tu veux restreindre le droit bourgeois ? Il le trouve excellent et dit qu’il faut plutôt l’élargir. Ces champions des vieilleries bourdonnent, tel un essaim de mouches, autour de ce que Marx dénommait les « stigmates » et les « défauts » de l’ancienne société. Ils portent un intérêt tout particulier à prêcher aux jeunes et aux adolescents, en profitant de leur inexpérience, que le stimulant matériel est comme un fromage fermenté qui, s’il sent fort, n’en est pas moins savoureux. Et toutes ces menées abjectes, ils les camouflent sous une appellation socialiste ». Comment ne pas voir de similitude avec le slogan de Deng Xiaoping, « Chinois, enrichissez-vous » et le pseudo socialisme de marché.
LUTTE DES CLASSES SOUS LE SOCIALISME
Pour finir, Zhang Chunqiao et la gauche du parti préconisaient que la lutte de classes sous le socialisme se poursuivrait encore longtemps et que de nombreuses révolutions culturelles devraient extirper les « mauvaises graines capitalistes ». C’est ainsi et ainsi seulement que le socialisme serait consolidé en Chine. « Même quand les propriétaires fonciers et les bourgeois de la vieille génération seront tous devenus poussière, cette lutte de classes n’aura toujours pas pris fin, et il se pourra encore que des gens comme Lin Piao se hissent au pouvoir et que la bourgeoisie opère une restauration ».
L’Histoire aura malheureusement donné raison à Zhang Chunqiao. La restauration en Chine est aujourd’hui complète. Malgré tout, des militants maoïstes dénoncent aujourd’hui cette « dictature capitaliste ». Les aider avec nos forces c’est rendre hommage aux révolutionnaires prolétariens chinois, comme Zhang Chunqiao.
Un lecteur
NOTE DE LA RÉDACTION. La lutte politique menée par Zhang Chunqiao a fait l’objet de plusieurs pages dans notre revue théorique La Cause du Communisme n°14, de février 2000. On y traite de la lutte entre le groupe de Shanghaï (dont faisait partie Zhang) et le courant Zhou-Deng, de 1971 à 1976 (page 12) ; de la campagne sur le renforcement du pouvoir du prolétariat en Chine en 1975, dont l’article de Zhang, « De la dictature intégrale sur la bourgeoisie », fut un des deux textes majeurs (page 14) ; et enfin de cet article lui-même et de ses limites politiques (pages 35-38). Trois numéros de notre revue, les n° 12,13 et 14, sont consacrés au bilan de la Révolution chinoise ; les articles, signés individuellement, participaient aux débats, encore inachevés dans notre organisation, sur cette révolution. Ces numéros sont toujours disponibles à notre boite postale.