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CHU de Nantes, contre la gauche gestionnaire !

Partisan N°239 - Juin 2010

La gauche gère le CHU de Nantes, raconte-nous les restructurations à l’Hôpital.

Dans un premier temps, le Conseil d’Administration (CA) que préside Jean-Marc Ayrault[*] a commencé par nous annoncer un pseudo déficit de « 33 millions d’euros ». Le déficit a été créé artificiellement (fin 2008 le bilan de provision était de 30 millions !) pour rendre inéluctables les mesures contre le personnel et les usagers. Avant, l’hôpital était financé par une enveloppe globale. Avec ce nouveau système, on tarifie à l’activité. Le CA a présenté des mesures pour venir à bout de ce déficit, baptisées CREF (contrat de retour à l’équilibre financier), dans lequel le personnel paie un lourd tribut : 400 CDD ont été supprimés, le non remplacement de beaucoup de départs en retraite, et un plan de départs volontaires de 163 agents qui a coûté 8 millions d’euros au contribuable, pour un gain de 1,5 million d’euros.


Contre cette politique de réduction des coûts, que défendez-vous ?

L’hôpital devrait accueillir toutes les couches de la population. Avec la tarification à l’activité, les établissements se tournent vers les activités qui rapportent le plus, comme l’ambulatoire (à la journée), contrairement à l’activité conventionnée (hospitalisation de plusieurs jours). Le but est de faire tourner les lits pour rentabiliser au maximum... On a le sentiment que le CA participe au démantèlement de notre hôpital public en accompagnant la politique sarkozienne. Un hôpital central sur l’île de Nantes est prévu. L’objectif est de continuer à diminuer le nombre de lits en regroupant les différents établissements. Par la création d’un Groupement Hospitalo-Universitaire, ils veulent regrouper le public et le privé, en distribuant les services les plus rentables totalement au privé, comme par exemple le soin des yeux. Seuls ceux qui auront une bonne complémentaire pourront se soigner.
Or on constate depuis le début de la crise que les usagers économisent de plus en plus sur leur mutuelle : ils ont la couverture minimum.

Quelles ont été les conséquences du CREF pour le personnel ?

Un sous-effectif chronique s’est installé dans les unités, dégradant les conditions d’accueil, de prise en charge des patients et des conditions de travail des agents. La pénibilité s’est accrue pour le personnel.
Certains travaillent parfois 4 week-ends sur 4. La hiérarchie nous appelle même pendant nos repos hebdomadaires. Les cas de divorce ne sont pas rares. Des drames humains ont été causés par ce plan. L’une des contractuelles licenciées s’est vue retirer la garde de ses enfants "parce que sa situation avait changé". Une autre a été obligée de démissionner car elle ne pouvait pas assumer 12h de travail par jour et le coût d’une garde d’enfant. La vie de famille est très perturbée et les possibilités de garde d’enfants sont vraiment insuffisantes. Certains agents ont même tenté de mettre fin à leurs jours.

La pénibilité, c’est une lutte quotidienne ?

Le salaire des infirmièr(e)s va être pauvrement augmenté, en contrepartie ils sortiront de la catégorie active pour les mettre en « sédentaires », retardant leur départ en retraite de 55 à 60 ans (avant la réforme des retraites !). Faut pas se leurrer, après ça va être le tour des aides-soignants(e)s et des agents de service, la pénibilité on n’en parlera plus. Chez les aides-soignants, on n’a jamais eu un taux de maladies professionnelles aussi important. On détruit notre santé au travail et ils voudraient nous faire travailler jusqu’à 60 ans !

Comment vous avez mené la bagarre contre le CREF ?

Dès début 2008, on mettait en garde le personnel que le Directeur Général, avec l’aval de « Nicolas II », tramait des suppressions d’emplois. On a informé étage par étage le personnel des suppressions d’effectifs. D’avril à juin on a multiplié les AG, pour finir par appeler tout le personnel et les usagers à la préfecture pour intervenir au CA et dénoncer les conséquences socio-sanitaires du CREF.

Comment il est Jean-Marc Ayrault au CA ?

Il craint le personnel. Depuis la signature du plan, à la demande du Directeur Général et avec l’aval de JM Ayrault, les CA se déroulent à la Préfecture sous surveillance policière. Avant, le personnel et les syndicats s’invitaient au CA pour interpeller le président. Mais il levait la séance pour fuir les revendications du personnel. Il nous considère comme des gauchistes parce qu’on n’approuve pas sa politique. A l’hôpital, il réduit les effectifs, alors qu’à l’Assemblée il fait des beaux discours sur le maintien des postes de fonctionnaires. Un élu des Verts a eu l’indécence de dire que certains acquis n’étaient pas défendables !
Au niveau national, les propos sur l’allongement de l’âge de la retraite soi-disant inéluctable qu’on entend au PS et chez les Verts sont du 100% antisocial.

Est-ce que tu penses que la CGT va être à la hauteur de ce combat contre l’allongement de l’âge de la retraite ?

Elle se déclare prête à mener le combat... Il serait malvenu qu’elle signe avec le gouvernement un allongement du départ à la retraite.

[*] Jean-Marc Ayrault : député-maire de Nantes, porte parole du PS à l’Assemblée Nationale

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