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Nous avons posé quelques questions à nos camarades du Nouveau Parti Communiste d’Haïti.


1. La presse internationale privilégie les conséquences tragiques du séisme sur la population haïtienne, en omettant la réalité de ses conditions de vie avant cette catastrophe. Sous le gouvernement Préval, quel est l’état de l’éducation ? De la santé ? De l’emploi et des salaires ?

Avant la catastrophe, le gouvernement de Préval s’alliait avec la grande bourgeoisie pour diriger le pays. C’est sous les diktats des impérialistes américains, canadiens et français que Préval et son équipe gouvernementale administraient. Aristide et Préval sont tous les deux des petits bourgeois qui travaillent de pair avec les compradores haïtiens.
Deux exemples contradictoires et deux exemples identiques :
a) Aristide a été renversé en 1991 en partie parce qu’il réclamait une augmentation des salaires des ouvriers.
b Préval est au service de la bourgeoisie parce qu’il s’est farouchement opposé à une augmentation de salaire, ce qui avait provoqué des manifestions que son gouvernement a réprimées par les gaz lacrymogènes et les coups de matraques de la police et de la MINUSTHA.

- Côté éducation, sous le gouvernement d’Aristide, il y avait un programme visant à réduire le taux d’analphabétisme dans le pays. En 1991, le gouvernement d’Aristide 1er avait commencé, sur la base des exemples nicaraguayens, à alphabétiser les paysans. Pour ce faire, un plan quinquennal était mis en place pour les 559 sections rurales de l’époque. Aristide avait fondé de nouvelles écoles, des lycées et d’autres travaux étaient encore en cours au moment de son exil forcé.
En tant que communistes, nous étions à l’époque en face d’une question fondamentale. La question principale était : quelle école pour quelle société ?
La conclusion que nous avions tirée était que le programme de l’éducation nationale ne tenait pas compte de la situation concrète du pays. Les livres ne sont pas adaptés à la situation haïtienne. Le caractère de classe se fait ressentir entre les écoles privées et celles de l’Etat.
En effet, sous René Préval le secteur éducatif a toujours été le plus négligé. Le plus souvent bon nombre de professeurs n’arrivent pas à recevoir leur salaire, alors que les membres du gouvernement et leurs acolytes se baignent dans l’argent.

- En ce qui concerne la santé, ce secteur a été très négligé. Depuis 1998, le peuple haïtien a ressenti une nette amélioration avec l’arrivée des Cubains. Donc avant le séisme le secteur de la santé commençait à connaître une amélioration. Léogane est une des villes d’Haïti qui peut en témoigner.

- Pour l’emploi et les salaires, il y avait plus de chantages que de choses concrètes. Il y a eu beaucoup de promesses de créations d’emplois qui sont restées en l’air. Pour revenir aux salaires, avant le séisme, il y a eu un mouvement déclenché par le député Steven Benoît, suite à sa proposition de loi sur l’augmentation du salaire minimum. René Préval a été totalement opposé à ce projet et s’est aligné sur la position du secteur privé des affaires. Donc avec ce que reçoit un brave travailleur haïtien pour sa journée de travail, il ne peut pas vivre décemment.

2. Le FMI a imposé à Haïti plusieurs plans d’ajustement structurels. Quelles sont les conséquences en termes d’autosuffisance alimentaire et d’indépendance économique ?

Aristide, à son retour en 1994, avait refusé de mettre en application le plan de la mort du FMI. Il n’a pas pu terminer son mandat. L’un des objectifs du FMI était d’obtenir de l’Etat d’Haïti qu’il privatise toutes ses entreprises, une façon de l’affaiblir encore plus.
La France et les Etats-Unis ont cassé la banque populaire haïtienne. Les Etats-Unis ont cassé le prix du riz haïtien (madame gougousse). En 1988, Henri Namphy sous l’ordre des Américains a inondé le marché haïtien de riz américain. Les paysans du département de l’Artibonite étaient obligés de s’exiler à la capitale pour chercher du travail dans les usines de sous-traitance. Il y eut beaucoup de manifestations contre le FMI et la Banque Mondiale.

3. « Haïti, l’un des pays les plus pauvres du monde », telle est l’image répandue. Qu’en est-il des ressources du pays ? Qui les exploite et en profite ?

Nous réfutons catégoriquement cette sombre image de pays le plus pauvre du monde qu’on colle sur le dos d’Haïti. Car c’est un verdict dont l’unique but consiste à prédisposer le peuple haïtien à accepter d’être traité avec peu de valeur dans ses relations avec les étrangers. Car en réalité Haïti n’est pas aussi pauvre qu’on le pense. Ce pays regorge de richesses et est l’objet de convoitise des grandes puissances. Par exemple, tous ceux qui veulent participer à la reconstruction d’Haïti ont leur plan secret. Le but n’est pas d’aider mais d’exploiter. 

4. Les USA sont en première ligne comme « sauveteurs d’Haïti », devant la France et le Canada. En quoi consiste cette aide ? Quels sont les véritables enjeux pour les USA et les autres pays impérialistes ?

Si les USA sont en première ligne, c’est tout simplement parce qu’ils ont des intérêts en Haïti. D’ailleurs il faut savoir qu’Haïti possède du pétrole et d’autres ressources naturelles. Mais particulièrement les Yankees considèrent que le pétrole haïtien est leur réserve stratégique. De plus, ils veulent être aux commandes, sachant qu’il va y avoir des élections bientôt. Car ils veulent être ceux qui vont choisir celui ou celle qui doit diriger le pays, via des élections truquées.
Cependant, si les USA se placent avant la France et le Canada, ils sont pourtant leurs alliés. Car c’est surtout le Canada que les Yankees poussent devant la scène pour se faire une bonne image. S’agissant de la France, elle s’est mise d’accord avec les Américains pour le partage du gâteau, même si ce sont ces derniers qui mènent la danse. En 1915 déjà, les Français avaient dit aux Américains, pendant l’occupation : « Faites ce que vous voulez en Haïti, mais laissez-nous la langue ».
Les Américains, après avoir mis la main sur le canal de Panama, pensent encercler Cuba et aussi élargir une base militaire pour agresser le Venezuela. Les Yankees veulent aussi mettre la main sur le pétrole haïtien et protéger les vols archéologiques des Canadiens pendant la période de 2004 à 2006 sous le gouvernement du vendu Gérard Latortue. Tout cela fait partie de leur plan.

5. Les télévisions parlent surtout de violences et de pillages. Comment le peuple haïtien fait-il face aux conséquences du séisme ? Comment s’organise-t-il ?

La presse bourgeoise parle de violences et de pillages pour salir surtout l’image du peuple haïtien. Mais en réalité si violence et pillage il y a, il faut en connaître la source :
Souvenons-nous, l’impérialisme avait créé ses para-militaires, le FRAPH, commandé par Emmanuel Constant, qui terrorisait la population. A cette époque on ne parlait ni de violence ni de terrorisme contre le peuple haïtien. La presse aux ordres qualifiait avec cynisme l’action de Constant et ses affidés de mouvement de « libération ».
Souvenons-nous aussi que ce sont les mêmes impérialistes qui ont fomenté le coup d’Etat contre un gouvernement démocratiquement élu en septembre 1991. Tout ceci n’est rien d’autre qu’une véritable agression contre notre peuple. Bref, la véritable violence a été réalisée par les impérialistes américains, français et canadiens.

Pour ce qui concerne les pillages, là où il y en a, le peuple y va. Il faut savoir que depuis la libéralisation de l’économie haïtienne, l’impérialisme international à travers la bourgeoisie compradore avait mis l’économie du pays en coupe réglée. C’est ainsi que les revenus des ouvriers, des agriculteurs et autres paysans pauvres ont considérablement chuté. Comme les revenus ont chuté, la capacité de la classe ouvrière et des paysans pauvres à assurer leur alimentation et celle de leur famille a empiré dans les grandes villes et surtout en milieu rural.
 
La libéralisation de l’économie de notre pays a surtout généralisé la pauvreté et la faim. Alors que le peuple continue de dépendre de jour en jour des aliments importés comme le riz. Ce sont ces problèmes qui ont poussé le peuple dans la rue pour aller se servir dans les entrepôts appartenant à cette bourgeoisie qui pille et suce le sang du peuple haïtien.
En bref, le pillage et la violence dont on accuse le peuple en ce moment est une diversion pour occulter d’où viennent la véritable violence et les auteurs. D’ailleurs, l’impérialisme est un système basé sur l’oppression et la violence des peuples. C’est pourquoi il a toujours organisé les kidnappings (Charlot Jacquelin, Aristide etc). Ils ont assassiné Raymond Jean François, Anil Louis Juste (ce dernier a été assassiné deux heures avant le séisme, le 12 janvier 2010).

6. Sous quelles formes une véritable solidarité internationaliste envers le peuple d’Haïti peut-elle se manifester ?

Il n’y a pas de mystère, la vraie façon de venir en aide au peuple haïtien, c’est de soutenir les organisations paysannes et populaires dans leur combat contre l’oppression et l’exploitation. De façon plus directe, si quelqu’un veut faire quelque chose pour Haïti, il faut qu’il se mette en contact avec les vrais mouvements progressistes qui travaillent sur le terrain avec le peuple. Il faut souligner l’oppression et l’exploitation capitaliste.

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