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Editorial : quel monde d’après ?

Partisan Magazine N°16 - janvier 2021

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la période n’est pas hyper tonifiante…
C’est plutôt la confusion, la déprime de ne pas savoir quoi faire, les comportements individualistes renforcés par les confinements et couvre-feux divers et variés. La peur de la maladie, et bien plus la peur de ses conséquences, les licenciements, la misère, ça nous touche de plus en plus, directement ou auprès de nos connaissances. Les étudiants, les précaires, les anciens obligés d’aller aux Restaus du Cœur.
Et la situation mondiale n’est pas là pour nous rassurer. Entre les dirigeants politiques capitalistes impérialistes qui accentuent toutes les contradictions (Trump, Poutine, Modi, Erdogan, Netanyahou, Xi Jinping, Bolsonaro, Orban, Johnson et autres Macron), et la mondialisation de la crise (virus, pollution et changement climatique, marchés, frontières…) l’avenir s’annonce sombre et sans perspective.

On tente de réagir. Tout le monde triche sans honte pour aider ses proches, juste pour survivre. On discute par Zoom ou on se voit en cachette. L’individualisme a la limite de ce qu’est la vie en société, par définition collective : quand on n’en peut plus, autorisé ou pas, on renforce les liens.

Par conséquence et par nécessité, la révolte est là aussi. Contre l’autoritarisme de Macron qui dirige en mode dictateur confus, changeant d’une position à l’autre, au gré de l’actualité, mais toujours en mode autoritaire.
Les sans-papiers ont été les premiers à réagir, et plus massivement que toutes ces dernières années. De nouveaux collectifs voient le jour, les manifestations des 30 mai, 20 juin, 17 octobre et 18 décembre sont là pour en attester. S’il y a encore quelques illusions pour une régularisation massive, la compréhension que seule la lutte radicale et déterminée peut avoir une efficacité, peut faire plier le gouvernement fait son chemin. Ce magazine fait le point sur le mouvement des sans-papiers, avec plusieurs camarades investis dans ce combat.

La révolte est là, partout. Contre la répression et la loi de Sécurité globale, des centaines de milliers de personnes dans la rue le 28 novembre, contre cette nouvelle loi qui illustre la tendance permanente du capitalisme à la réaction pour combattre tous les empêcheurs d’exploiter en rond, pour protéger les miliciens du capital et leurs maîtres. Non, nous ne sommes pas au fascisme, ce n’est qu’une loi de plus comme tous les ans depuis cinquante ans, depuis la police de Papon en 1961, la loi anti-casseurs de 1970, les lois PS pour « rénover la police » en 1985, les lois Pasqua et Malik Oussekine, en attendant les lois suivantes : l’esprit de révolte est puissant dans notre pays, la bourgeoisie renforce en permanence ses moyens de protection et de répression.
La révolte est là, des mobilisations partout contre les licenciements, avec la nouvelle vague de restructurations qui ne fait que commencer, il va bien falloir que quelqu’un paye cette crise !

La révolte est là, pourtant et partout. Mais sans réflexion, sans projet, sans avenir. On réagit au coup par coup, au cas par cas, « la lutte, la lutte ». Les syndicats sont absents, les partis politiciens déjà partis pour les élections de 2022.
En vrai, nous sommes seuls, isolés, divisés et ça ne sert à rien de se cacher derrière son petit doigt.
Plutôt que nous lamenter sur Macron, Darmanin, la bourgeoisie, crier au fascisme, il serait plutôt temps de nous remettre à réfléchir, par nous-mêmes, non ? On parlait beaucoup du « jour d’après » en début d’année et en plein confinement, au final, c’est quoi ? Une jolie formule sans lendemain ?
Nous, à Voie Prolétarienne, on a pris les choses au sérieux, on en fait un dossier dans ce magazine. Parce que les contradictions elles-mêmes du capitalisme ont ouvert par effraction un immense champ d’espoirs et de réflexion, et il ne faut surtout pas laisser la porte se refermer, ni se faire récupérer par les réformistes de tous poils !

Et puis, comment on fait, quels outils on se donne ? La colère et la révolte, c’est bien, mais sans organisation et sans conscience on n’avance pas. C’est sur cette base et la compréhension de l’échec de la Commune de Paris que s’est créé le PCF en 1920, il y a juste 100 ans. Peut-être l’occasion d’y revenir, de comprendre comment il s’est construit contre l’opportunisme et l’anarcho-syndicalisme, pour finalement échouer dans le nationalisme et la collaboration de classe. A nouveau un article de fond de ce magazine.

On en revient, encore et toujours, aux leçons essentielles de la Commune de Paris dont nous allons commémorer le 150° anniversaire en mars prochain : la conscience et l’organisation, l’association et le savoir, voilà nos besoins essentiels déjà bien définis par Marx et l’Association Internationale des Travailleurs à la fin du XIX° siècle, et c’est justement à cela que travaille toujours l’OCML Voie Prolétarienne.
Il est temps que tous les militants actifs dans ce qu’on appelle « le mouvement social » prennent en chargent sérieusement leur avenir, la construction des « jours d’après » auxquels nous aspirons tou.te.s. Il est temps de s’organiser, il est temps de nous rejoindre !

Le dossier du prochain numéro du magazine (printemps 2021) portera sur la défense de l’emploi et le combat contre la nouvelle vague de licenciements qui est en cours. Nous appelons tous nos lecteurs à participer à l’élaboration de ce dossier par des questions, des reportages, tant syndicaux que politiques, tant nationaux qu’internationaux !

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