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Eux : plus de profit ! Nous : plus d’organisation !

Editorial de Partisan N°240 (été 2010)

Il y a du tangage du côté de leurs profits. La crise n’est pas qu’un prétexte ou une politique pour mieux faire passer leurs attaques contre nous. Leur système, réellement, ne fonctionne et n’a toujours fonctionné qu’avec des hauts et des bas, des phases d’accumulation de capital, puis des phases de crise et de destruction de capital (par la concurrence ou par la guerre).

De notre côté, du côté ouvriers et travailleurs, nous avons intérêt à être organisés ! Quand Christine Boutin renonce à ses 9500 euros net par mois pour une petite mission confiée par Sarkozy, quand il est question de remettre en cause tous ces cumuls de revenus au sein de l’Etat, ce n’est pas seulement encore un peu de cinéma. Les salaires de tous les ministres ont été diminués en Angleterre, en Irlande, en Italie, en Espagne et au Portugal « pour montrer l’exemple et faire passer la pillule de l’austérité » (Métro du 14 juin) !

Nous avons intérêt à être organisés pour nous défendre. Mais dès qu’il faut agir, on est vite confrontés à un deuxième problème : nous avons intérêt aussi à nous organiser indépendamment du réformisme et des réformistes. Prenons des exemples.

TROIS EXEMPLES

 Les retraites. Les dirigeants réformistes commencent par avaler la manière dont la bourgeoisie pose le problème : les caisses sont vides ; il y a un problème démographique, de plus en plus de retraités par rapport au nombre d’actifs, etc. Les réformistes « d’extrême-gauche », eux, ont 36 idées pour remplir les caisses. La plupart se contenteraient de revenir à la situation d’avant 1993 et 2003 (avant les réformes Balladur et Fillon).

En partant simplement de la situation et des besoins de la classe ouvrière, et en affirmant que le financement n’est pas notre problème puisque nous n’avons ni le pouvoir économique ni le pouvoir politique, l’OCML-VP se retrouve avec des revendications qui paraissent originales : retraite à 55 ans, sans condition de trimestres !

-Deuxième exemple, les travailleurs sans-papiers. La politique de collaboration réformiste réussit le tour de force de défendre les travailleurs en mettant en avant que « les patrons sont avec nous » ; ça fait drôle. Et un autre tour de force : défendre des travailleurs immigrés avec des arguments nationalistes. Les sans-papiers travaillent dans des secteurs « indispensables à l’économie nationale » ! Et la CGT n’est pas seule : quel est le syndicat, quelle est l’association, parmi « les 11 », qui a lutté contre cette politique qui exclut une partie importante des sans-papiers, surtout en période de crise économique ?

En défendant simplement un « tous ensemble » des sans-papiers et des travailleurs, des papiers pour tous, circulaire ou pas, sans chercher de critères qui ne servent qu’à exclure, les militants de VP se sont retrouvés en phase avec les travailleurs les plus déterminés, mais ils ont été traités d’irresponsables par certains… « responsables ».

 Troisième exemple, la Palestine. Qui défend que, face à toutes les agressions militaires, à toute la terreur subie, la lutte armée du peuple palestinien est légitime ? Qui affirme que le Fatah et l’Autorité palestinienne, comme le Hamas, représentent la voie bourgeoise dans cette lutte nationale ? Qu’il n’y a pas de coexistence possible avec un Etat colonialiste, religieux et raciste ? Beaucoup de propalestiniens ne dépassent pas dans leurs exigences un retour à la situation de 1967. Tous, aujourd’hui, défendent la coexistence de deux Etats. Alors que la seule paix durable doit être basée sur la justice, avec le droit au retour, dans une Palestine laïque et démocratique où tous peuvent vivre, quelles que soient leur culture et leur origine.

DE LA DÉFENSE IMMÉDIATE JUSQU’À LA VICTOIRE TOTALE !

Face à la catastrophe du capitalisme, la bourgeoisie est dans le camouflage, les réformistes sont dans le bricolage. Nous, soyons tout simplement contre. Des militants, des résistants, des lutteurs. Le minimum, c’est la lutte, l’optimum, c’est le communisme !

Ca ne veut pas dire que le communisme, c’est pour plus tard. Ca veut dire qu’il y a deux niveaux dans notre lutte d’aujourd’hui. Le niveau syndical, qui regroupe tous les travailleurs pour la défense des intérêts immédiats. Et la lutte politique, qui prépare la victoire totale et définitive, à commencer par la prise du pouvoir.

La première, la lutte syndicale de masse — comme pour les retraites, les papiers pour tous, une Palestine démocratique – est une lutte contre la bourgeoisie. La deuxième, la lutte politique et révolutionnaire – pour le communisme, est surtout, aujourd’hui, une lutte « au sein du peuple », pour parler comme Mao. C’est une lutte contre le réformisme, et c’est plus une lutte d’idées, un débat entre travailleurs.

Même si elle a besoin d’argent, de locaux, d’une organisation très matérielle ; sinon, comment faire des réunions, des manifestations, des formations, un stage d’été, etc ? Par principe, les militants de VP mènent la lutte aux deux niveaux. Ils sont tous dans un syndicat, et ils mènent la lutte politique avec VP.

On a vu, en prenant trois exemples actuels, que la ligne politique communiste éclaire et oriente les luttes syndicales. Mais c’est vrai aussi dans l’autre sens. Les luttes massives des travailleurs font progresser l’organisation de notre classe dans sa marche vers le communisme.

Camarades, la bourgeoisie est déterminée à nous faire payer sa crise. Elle veut rétablir son taux de profit. Elle cherche la meilleure méthode. Nous avons intérêt à être organisés, et à chercher la meilleure méthode d’organisation.

Notre classe a besoin de militants. Des travailleurs dévoués, formés, et qui aient la confiance de leurs collègues. Des militants communistes, qui ont compris le capitalisme et l’impérialisme. Des militants révolutionnaires, pas des réformistes qui essaient de concilier la gestion des caisses avec le capitalisme, ou les intérêts des immigrés avec l’économie nationale, ou de faire la paix avec le sionisme d’Israël.

Vous avez la haine du capitalisme ? Vous êtes révoltés par le réformisme ? Alors nous sommes d’accord. Luttons ensemble. Apportons notre pierre à la construction du parti communiste dont notre classe a besoin.