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Femme de service...

Le secteur public, c’est aussi le prolétariat, l’exploitation, et la lutte...

Quelle est ta situation de travail actuellement ?
Je travaille comme polyvalente dans une école élémentaire de la banlieue sud de Paris. Nous sommes une douzaine dans l’école. Ce qui signifie que je suis en cuisine le matin de 11h00 à 15h30 pour la préparation des repas, le service de cantine et le nettoyage. Puis de 15h30 à 18h00, je fais l’entretien de l’école (les couloirs, les toilettes, la cour et les classes) et la préparation du goûter des enfants qui restent à l’étude. Nous sommes une douzaine de personnes à tenir cette fonction dans l’école.
Avant 2007, il y avait plusieurs catégories de personnel pour l’entretien des écoles :

- Les personnels de cuisines qui préparaient les repas, faisaient le service et nettoyaient la salle de cantine.
- Le personnel d’entretien qui s’occupait de tout le reste de l’école.
- Les ATSEM (qui assistent les enseignants dans la classe)
Les polyvalentes qui avaient toutes les tâches avec une prime de pénibilité.
Depuis 2007, pour faire des économies, la mairie a modifié le statut de tout le personnel sauf celui des ATSEM : nous sommes toutes devenues des polyvalentes.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez depuis cette nouvelle réorganisation ?
Le travail est plus difficile, on est à 200 à l’heure. On a plus de travail et il y a moins de personnel. Nous sommes toutes fatiguées. De plus, quand une ATSEM est absente, on doit la remplacer en plus de notre travail quotidien. C’est épuisant. Normalement, on a 1 heure de pause pour manger : on ne la prend même pas. On mange en 10 minutes, sinon c’est le travail qui n’est pas fait. Et là, ça concerne les enfants qui se retrouvent dans un environnement sale.
Le salaire est resté le même mais le travail a été multiplié par 3. De plus, on était censé recevoir une prime de 40 euros par mois depuis la mise en place de ce système : on ne les a jamais vus. Et les RTT (1 heure de récupération par semaine) ont été purement et simplement supprimés parce que les administratifs n’arrivaient plus à faire les comptes.
C’est pour toutes ces raisons que toutes les polyvalentes titulaires des écoles se sont mises en grève, en janvier, pendant 2 semaines.

Quelles étaient vos revendications ?
On voulait qu’elle commence le 9 janvier parce que c’était le jour du banquet du maire, avec les vœux de la nouvelle année pour les cadres et les personnalités de la ville. Normalement, c’est à nous de préparer les repas.
Mais le maire a été prévenu de notre projet et il a fait appel à un traiteur. Ceci dit, la grève a quand même eu lieu et a duré 2 semaines.
Les revendications étaient : plus de personnel, augmentation des salaires, récupération des RTT et récupération de la prime de polyvalence. La CGT est le seul syndicat qui nous ait soutenus. La CFDT était au courant de nos projets et n’est jamais intervenu. Et SUD était présent seulement lors des délégations pour défendre le personnel des bibliothèques et les animateurs de centre de loisirs.

Qu’avez-vous obtenu de ce mouvement ?
Lors des délégations, il y avait toujours 2 agents d’entretien par école, plus 2 délégués CGT. Nous avons obtenu :

- la récupération des RTT depuis 2007 à partir du 3 mai avec la promesse d’une reconduite de la grève si elles n’étaient pas récupérées.
- la récupération de la prime de polyvalence,
- une augmentation des effectifs avec titularisation de précaires.
En ce qui concerne les deux dernières revendications, nous n’en avons toujours pas vu la couleur. Et nous attendons pour les RTT.
Mais ce que nous avons obtenu de très précieux, c’est une unité de tout le personnel polyvalent dans toute la ville. Cela fait plusieurs années que je travaille dans cette ville, j’ai travaillé dans tous les services de la mairie et j’ai toujours connu une ambiance méfiante entre les personnels, des préjugés, peu de discussions. Pendant la grève, des liens se sont tissés, les femmes se parlaient de plus en plus, avaient moins d’a priori les unes envers les autres. Et puis, plus de discussions sur des thèmes différents. C’est une solidarité qui se construit.

Interview réalisée par une militante VP.

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