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Votons Mitterrand et préparons la suite

Tract du 7 mai 1981

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La situation actuelle est intolérable. Le pouvoir de Giscard représente bien tout ce que la classe ouvrière refuse : chômage, salaires misérables, répression policière, remise en cause de tous les droits démocratiques. Il faut y ajouter ce que la Télé n’évoque jamais : la souffrance quotidienne des cadences qui augmentent, des chefs sur le dos, de la reprise en mains disciplinaire dans toutes les usines. La question est posée d’en finir. Tout ouvrier se pose cette question : COMMENT EN FINIR ?

Il y a plusieurs réponses à cette question…

• Nous les révolutionnaires, nous disons qu’aucun changement de ministres ou de président n’améliorera réellement notre sort. Nous disons qu’il n’y a aucune issue dans ce système, qu’il faut le mettre par terre. C’est une voie qui exige une lutte violente, des sacrifices, mais c’est la seule.
• Les réformistes, Parti Socialiste, Parti Communiste Français et autres disent au contraire qu’avec des « réformes profondes », avec des ministres PS et PCF, ça peut changer progressivement. Bref, en gagnant les élections, PS et PCF nous disent que le pouvoir change de mains et que le chômage, la vie chère etc. peuvent être supprimés.

Aujourd’hui, la majorité des ouvriers pense que les réformistes vont changer quelque chose. La plupart croient que Mitterrand, avec ou sans ministres du PCF, c’est mieux que Giscard. Depuis 25 ans que le PS n’est pas allé au gouvernement, depuis 34ans que le PCF n’est pas non plus allé au pouvoir, ils ont réussi à passer pour des défenseurs des ouvriers. Même si beaucoup trouvent que nous parlons juste, nous estiment même, la plupart des ouvriers pensent que nous exagérons, que nous sommes des « jusqu’auboutistes »… Ils croient que la voie des réformes est moins douloureuse, plus réaliste. Ils se trompent : les réformistes au pouvoir nous trahiront comme ils trahissent les luttes quotidiennes.

Notre objectif à nous, ce n’est pas de construire une secte de purs et durs, mais c’est de construire un parti révolutionnaire qui marchera en tête de la classe ouvrière. Voilà pourquoi nous n’avons pas peur de faire l’expérience et même nous souhaitons que l’expérience se fasse : elle nous donnera raison. POUR CELA, NOUS VOUS APPELONS À VOTER MITTERRAND.

LE POUVOIR N’EST PAS EN JEU DANS CETTE ÉLECTION

Pourquoi disons-nous que rien ne changera ? Parce que le pouvoir n’est pas en jeu dans cette élection. La bourgeoisie ne tient pas son pouvoir des élections, non, elle tient son pouvoir du Capital qu’elle possède et qu’elle gère, et de l’appareil d’Etat à sa botte, ses flics, son armée, ses juges. La bourgeoisie domine toute la société et peur se soumettre n’importe quel gouvernement de droite ou de gauche.

-  Elle a le fric, la puissance économique et aucun programme ne peut s’imposer à elle. Le programme flou de Mitterrand ou les 131 propositions de Marchais, ou les 350 propositions de Tartempion, la bourgeoisie s’assoit dessus. Elle a 1000 moyens de corrompre députés, ministres et autres élus, d’organiser la fuite des capitaux, la ruine économique etc.
-  Elle a l’Etat : la police, armée, bureaucrates, juges… L’Etat est chargé de protéger le pouvoir des capitalistes, il n’est là que pour ça. Cet Etat est dressé jusqu’au plus bas de l’organisation bureaucratique pour servir les capitalistes et écraser les masses. Il ne peut servir à rien d’autre. Il protège l’ordre. Souvenez-vous du Chili ! Même des réformes bien timides ont été jugées inacceptables par la bourgeoisie et l’armée a pris le pouvoir en écrasant le peuple.

Pour prendre le pouvoir réel, il faut mettre par terre l’appareil d’Etat et exproprier la bourgeoisie. Il n’y a pas d’autre solution.

CE QUI VA SE PASSER

Si Mitterrand est élu, pas besoin d’être Dieu-le-père pour savoir ce qui va se passer ! La crise impose à la bourgeoisie une ligne de restructurations, de restauration de ses profits pour faire face à ses concurrents. Mitterrand poursuivra dans cette voie : il n’a pas le choix. L’espoir des réformistes, c’est d’associer la classe ouvrière à son propre écrasement. En lâchant quelques miettes sur les salaires et le temps de travail, ils voudront nous les faire suer 10 fois. Ils demanderont un « effort national » pour sauver le Gouvernement de Gauche : les mêmes mesures de crise que Giscard, mais avec le sourire, s’il vous plaît ! Ces gens prennent les ouvriers pour des ânes qu’on fait trotter avec une carotte devant le nez.

Si des luttes ouvrières se déclenchent pour exiger des meilleures conditions de vie et de travail, les réformistes appelleront au calme, à la reprise « pour ne pas mettre en péril le gouvernement de gauche » etc. Si cela ne suffit pas, ils feront donner les flics contre la classe ouvrière. Les plus anciens parmi nous ont déjà vu jouer le film : en 56 le dernier gouvernement PS (avec Mitterrand) s’est fait élire sur un « programme de paix » et s’est empressé d’envoyer le contingent en Algérie, de massacrer le peuple algérien et la jeunesse française.

DES MINISTRES COMMUNISTES ?

Apparemment, le PCF tient des propos semblables aux nôtres sur le PS et Mitterrand. Tromperie ! Ce qu’espère le PCF en tenant de tels propos, c’est se renforcer une fois l’expérience faite. Ce renforcement n’a pas pour but de défendre les intérêts ouvriers, mais au contraire que les ouvriers défendent les intérêts du PCF eux-mêmes subordonnés au sauvetage du capitalisme français : défense de « l’économie nationale », du « produisons français ».
LE PCF N’EST PAS QUALIFIÉ POUR LANCER DE TELS AVERTISSEMENTS SUR MITTERRAND :
• C’est le PCF qui a sorti Mitterrand du placard en 1965 et qui a permis que le PS se relève de la déchéance où il était tombé.
• C’est le PCF qui a bourré le mou à une génération de militants avec le Programme Commun et l’Union de la Gauche.
• C’est le PCF qui n’a AUCUNE AUTRE PERSPECTIVE à offrir que celle que propose Mitterrand : sauvetage de l’impérialisme et « effort national ».
• C’est lui qui prétend qu’avec des réformes successives, sans renverser la bourgeoisie et son Etat, on peut se libérer.
• C’est lui qui prétend que la question-clé c’est des « ministres communistes » ! C’est-à-dire : d’accord sur l’essentiel avec Mitterrand à condition qu’on partage le fromage.
• C’est lui qui parle de « lutte » tous les jours mais qui s’oppose tous les jours aux luttes ouvrières qui sortent du cadre étroit de sa politique « nationale » ou de la légalité et du pacifisme.

Alors ? Avec des ministres communistes ?

Les plus anciens parmi nous ont déjà vu jouer le film : en 1944-1947, la classe ouvrière a laissé sa peau au fond des mines et dans les usines, à l’appel des communistes pour « redresser la France » au profit des bourgeois.

Camarades, si Mitterrand est élu comme nous le souhaitons, avec des ministres socialistes, communistes (et même un strapontin pour Arlette), le problème restera le même : il restera à renverser la bourgeoisie et ce seront les soi-disant socialistes ou communistes que nous trouverons en face de nous pour la défendre !

Alors, chaque ouvrier conscient doit comprendre que c’est MAINTENANT qu’il faut nous rejoindre. C’est maintenant qu’il faut renforcer VOIE PROLETARIÉNNE pour préparer de façon organisée ces échéances de la lutte des classes.

VOTEZ MITTERRAND !
RENFORCEZ L’ORGANISATION COMMUNISTE MARXISTE-LÉNINISTE « VOIE PROLÉTARIENNE »

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