Approfondir > Brochure "Autogestion" de l’OC-GOP

Brochure "Autogestion" de l’OC-GOP

Août 1973

Nous avons décidé la numérisation et la rediffusion de cette brochure assez consistante et élaborée, tant il manque aujourd’hui une critique des thèses sur l’autogestion.
Cette brochure étant assez complète, il nous a paru (dans le choix de nos priorités) qu’elle faisait l’affaire.

Néanmoins, cette brochure a été publiée par une organisation aujourd’hui disparue, à une époque bien lointaine. Nous voulons donc en souligner les qualités et les limites.

Sa qualité principale est de réduire en miettes toutes les thèses opportunistes, néo-réformistes, libertaires ou trotskistes qui se font les chantres de l’autogestion.
Pas à pas, sur tous les plans, elle montre l’illusion de cette « troisième voie », entre capitalisme et communisme, elle montre l’impasse où elle mène et la nécessité de combattre fermement toutes ces conceptions petite-bourgeoises.
Elle remet au premier plan la planification, le centralisme démocratique, à tous les niveaux de l’entreprise à la société dans son ensemble, la dictature du prolétariat, le caractère essentiel du pouvoir d’Etat, sur la base des acquis de la Révolution culturelle chinoise et aussi d’une critique radicale du centralisme bureaucratique des pays de l’Est.

La lecture est simple (elle a été rédigée sous contrôle ouvrier), et c’est un outil de formation irremplaçable aujourd’hui encore. Même si les exemples sont bien entendu lointains, tout est immédiatement compréhensible.

Ses limites tiennent à la fois à ce qu’était l’OC-GOP et à la période passée. Nous ne citerons que quelques points sans approfondir, simplement pour alerter les lecteurs à ne pas reprendre trop vite toutes les affirmations de cette brochure.

• La critique de l’impérialisme comme système global qui contrôle l’ensemble de la société est trop rapide (même s’il y est fait référence à plusieurs reprises), ce qui mène à une sousestimation de la force des ennemis.

• D’ailleurs, ces ennemis ne sont pas clairement identifiés, au-delà de la critique de la CGT et de la CFDT, du PC ou du PSU (une sorte de PS de gauche de l’époque, dirigé par Rocard, qui pourrait ressembler un peu à la France Insoumise d’aujourd’hui). On ne sait pas quels sont les alliés, quels sont les ennemis, il n’y a pas trace des dangers de l’aristocratie ouvrière (encore très forte à l’époque) ou de la petite-bourgeoisie salariée directement liée à l’impérialisme et porteuse des illusions de réforme du capitalisme.
L’autogestion, c’est l’idéal de la petite-bourgeoisie moderne qui veut récupérer à son profit la direction de la société. La critique des ingénieurs, cadres et techniciens contenue dans la brochure est de ce point de vue très pertinente et bien portée.

• Du coup, on ne voit pas les risques de l’autogestion en tant qu’incapacité à maintenir la dictature du prolétariat par la force, la nécessité urgente du contrôle du Pouvoir d’Etat, le côté dictatorial est très assoupli. Cette brochure a été écrite quelques semaines avant le coup d’Etat au Chili d’Allende, et l’exemple n’a donc pas été développé : pourtant cela a été un des paradis de l’autogestion de l’époque, écrasé comme on le sait sous les chars de Pinochet, usine après usine, quartier après quartier…

• Il y a le débat récurrent, et complexe des dialectiques entre Parti, Etat et masses. Comme dans la Révolution bolchevique, comme dans la révolution chinoise, c’est une question clé, qui est traitée de manière assez rapide, sans aborder les contradictions qui peuvent surgir, parfois très brutalement, dans le feu de la Révolution (on pourrait citer comme exemples, la révolte de Kronstadt en 1921, ou la répression pour arrêter la Révolution Culturelle). Cette question est abordée d’une manière assez lisse, très démocratiste, qui donne l’impression que ces contradictions peuvent se résoudre facilement…

• On retrouve également au fil de la brochure toute la vision portée à l’époque par la GOP de la coordination des luttes comme chemin de la prise du pouvoir. Tout en se démarquant des thèses autogestionnaires et anarcho-syndicalistes, la brochure est malgré tout très orientée par cette tendance économiste, de penser que la révolution viendra par l’agglomération des luttes économiques… Avec comme conséquence une vision du Parti comme quartier général de la centralisation des luttes…

• Enfin, concernant l’autogestion yougoslave, le texte présenté ici et rédigé en 1973 est très intéressant, montre tous les prémisses de l’éclatement de la Yougoslavie via l’autogestion, et doit être complété par les articles parus 20 ans plus tard dans le journal Partisan, en particulier « Libéralisme économique et nationalisme, de Tito à Milosevic, Tudjman et Cie » (mars 1994). Voir notre brochure.

OCML Voie Prolétarienne – Juin 2017

La brochure d’époque, numérisée conforme à l’original, à télécharger au format pdf

Soutenir par un don