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Le 4ème Congrès de l’OCML Voie Prolétarienne vient d’avoir lieu

Partisan N°134 - Décembre 1998

Dans la vie d’une organisation, quelle que soit sa taille, le congrès est un moment important. C’est le lieu où l’on fait le bilan de l’activité, sans avoir peur des critiques, c’est le moment où on élit une direction, c’est le moment où on trace les grands axes d’une activité future.
En dehors du 3ème Congrès qui avait élaboré notre plateforme (en quatre cahiers), VP n’avait pas tenu un tel Congrès de bilan depuis... 1984 ! C’est dire si cela devenait urgent, bien que plusieurs assemblées générales (l’une en particulier en 1989) aient quand même permis de faire le point de notre activité.

Un déroulement plutôt démocratique

Ce congrès était préparé depuis six à huit mois, autour de plusieurs résolutions en forme de bilan. Après un stage approfondi cet été, ces résolutions ont été rediscutées dans toutes les cellules de l’organisation, puis votées avec de très nombreux amendements lors du Congrès lui-même. Comme le faisait remarquer avec humour un camarade, on a plus voté à cette occasion qu’en dix ans d’activité de VP !
Les dernières semaines ont ainsi été assez chargées et tendues, avec tous les débats sur les amendements, et certains camarades ouvriers ont eu un peu de mal à suivre. Un style de travail que nous corrigerons pour la prochaine fois.

Si les contradictions n’ont pas manqué, jusque dans les votes, ce Congrès est quand même un pas en avant. Le bilan (d’ailleurs encore incomplet) réalisé en commun a montré que nous étions largement d’accord sur l’importance d’une rectification de notre activité. La Résolution générale a ainsi été votée sans opposition, avec seulement 7% d’abstentions.

A l’issue des débats, un Comité Central été élu, à l’unanimité pour tous les membres, assez représentatif de l’organisation dans son ensemble. C’est là encore un changement important pour VP : depuis de nombreuses années, suite à un affaiblissement important, il n’y avait plus de direction élue, en dehors d’un comité directeur. L’élection de cette nouvelle direction montre que nous avons réussi à redresser la barre.

Quelle rectification ?

Le bilan de notre activité nous a montré qu’il nous fallait corriger notre travail. Et si nous avions tenu des Congrès plus régulièrement, nul doute que nous nous en serions rendu compte plus rapidement... Mais, bon, mieux vaut tard que jamais !
Pour comprendre de quoi il s’agit, le mieux est de reprendre le début de la résolution générale qui a été votée :

"Depuis 25 ans que Voie Prolétarienne existe, nous avons réussi à maintenir une activité révolutionnaire sans nous laisser emporter par le reflux du mouvement ouvrier qui a balayé les organisations marxistes-léninistes en France. Toutefois, après quelques succès et un grossissement relativement rapide dans les premières années de son existence, Voie Prolétarienne a connu des problèmes politiques : divisions, départs de militants, perte de camarades ouvriers. Depuis 1989, ces tendances ont été contrecarrées, mais nous restons encore une organisation de petite taille, dont les liens à la classe ouvrière sont réels, mais faibles. Et nos ambitions sont sans commune mesure avec nos forces !

Cette faiblesse et nos difficultés ont des origines diverses. Certaines tiennent à un contexte politique et idéologique mondial, d’autres relèvent de notre politique et de nos pratiques.

Dans l’ordre des premières, il y a une situation politique mondiale marquée par les échecs des tentatives de révolution socialiste en Chine, en Albanie, en Russie, et plus récemment, par la débâcle des pays qui à l’Est se prétendaient socialistes et qui aux yeux de beaucoup d’ouvriers paraissaient l’être. Aujourd’hui, la domination de l’impérialisme sur le plan idéologique et politique est écrasante, même si les critiques osent réapparaître, ce que les crises successives ne peuvent qu’encourager.
Il y a aussi la situation de la classe ouvrière en France, qui a connu depuis quinze ans un processus important de précarisation, de fragmentation, de transformation même de son rapport au travail.

Dans l’ordre de nos erreurs, il y a notre activité récente qui s’est orientée vers des secteurs de lutte où la classe ouvrière n’était que peu représentée, comme le mouvement des chômeurs, ou le mouvement de soutien aux sans-papiers. Nous n’avons donc pas ressenti le besoin de revoir notre analyse de la classe ouvrière, pour donner une base plus solide à nos interventions, et donc à notre construction.

Enfin, nous devons réorienter notre travail politique, modifier notre fonctionnement, notre apparition, et développer notre capacité d’organisation, des ouvriers en particulier" (...)

Pour résumer, nous voulons prolétariser toute l’organisation, mettre les ouvriers au centre de notre activité, depuis la réflexion et l’analyse, l’activité politique elle-même, jusqu’à l’organisation, avec un seul fil directeur, la construction du Parti de la classe ouvrière qui nous manque tant.

Notre organisation change, votre journal va changer

C’est une rectification de grande envergure que nous mettons en chantier, qui va prendre du temps.
Pour vous lecteurs de "Partisan", c’est à une transformation importante de votre journal que vous allez assister (même si c’est progressivement...).
Nous savons qu’aujourd’hui notre journal a une certaine audience dans le milieu des militants, qu’il s’agisse des militants de lutte ou des militants qui se réclament de la révolution. Mais c’est l’audience d’un journal d’opinion, auquel on s’intéresse comme on s’intéresse à un autre. Nous savons aussi que notre journal est peu lu par les ouvriers, même les plus avancés, parce qu’il est trop difficile d’une part, qu’il ne sert pas à organiser d’autre part. Pour un ouvrier qui a du mal à lire, une opinion ne sert que si elle sert à transformer la réalité, que si elle sert à regrouper, à organiser en une force commune toutes les énergies éparpillées. C’est cela construire le parti.
Nous voulons donc transformer notre journal, passer d’un journal d’opinion à un journal qui soit l’instrument de la construction du parti dans la lutte des classes ; un journal "boîte à outil" du Parti en quelque sorte, un véritable journal ouvrier communiste.
Il nous faudra raccourcir les articles, modifier les thèmes, être plus incisif, plus polémique, et toujours apporter une orientation, montrer en quoi la lutte n’existe pas sans organisation communiste.
Si vous avez un peu fait attention, nous avons commencé cette transformation, mais bien du chemin reste à faire...

L’autre volet, c’est le rapport aux lecteurs. Nous voulons que le journal leur serve, que eux-mêmes le prennent en main. Nous ne voulons plus servir tout prêt la "ligne juste", nous voulons que tous nos lecteurs et sympathisants se sentent concernés par ce journal, qu’ils en soient véritablement "partisans", et diffuseurs autour d’eux.
Là encore, nous publions depuis longtemps de nombreuses contributions d’origines diverses qui nous semblent utiles et intéressantes. Mais cela doit être transformé, renforcé, autour de contributions plus nombreuses, plus réduites en taille, peut-être moins approfondies mais qui donneront chair et vie à la lutte des classes et à l’organisation collective.
Amis lecteurs, la transformation et la prolétarisation de "Partisan", ce sont aussi les vôtres !

Enfin, pour ceux qui s’inquiéteraient du manque de réflexion et d’approfondissement, qu’ils se rassurent ! D’une part "Partisan" restera un lieu de réflexion, et ces transformations iront en parallèle avec la réapparition de notre revue, "La Cause du Communisme", elle-même transformée et renouvelée...

On le voit, il y a du pain sur la planche, pour nous comme pour vous.
Mais la rectification engagée lors de ce 4ème Congrès est l’occasion de changer d’échelle et d’aller de l’avant...
Nous aurons l’occasion d’y revenir !
A.Desaimes

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