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« Les mots sont importants »

Les mots du pouvoir sont importants à combattre. Après la « LQR » d¹Eric Hazan (La propagande du quotidien. éd. Raison d¹agir) et « La novlangue néolibérale » d’Alain Bihr (La rhétorique du fétichisme économique, Ed. Page deux), voici un recueil d’articles dont la volonté est la même : mettre à nu le contenu politique bourgeois véhiculé par les termes de nos experts en embobinages médiatiques : Sarko et Ségo, mais aussi de Villepin, Dieudonné, July, Valls...

Les textes sont extraits des contributions au site du même nom (lmsi.net) de Sylvie Tissot et Pierre Tevanian. Ils permettent de rassembler une critique de l’évolution idéologique du capitalisme : le pétainisme light de Sarkozy, la décomplexion des idées racistes, sexistes et anti-travailleurs. Ils permettent ainsi de clarifier l’imbrication de ces différents aspects de l’oppression de classe. La critique de l’ordre dominant s’en trouve approfondie.

Y est dénoncé au autre aspect de la propagande distillée par la classe dominante, déjà démasqué par Orwell : la sous-estimation, banalisation, justification de la violence des dominants, en balance avec la sur-estimation, stigmatisation et dépolitisation de toute violence de la part des dominés. Un exemple : la façon commune qu’a maintenant le Parti socialiste pour présenter les immigrés, non comme des victimes à défendre (victimes de l’ordre néo-colonial, de la sur-exploitation, de la
discrimination sociale) et à rallier pour changer la société, mais comme des fauteurs de troubles à pacifier ou à éloigner. Le recadrage qu’effectue l’appel à la « diversité » est ainsi justement dénoncé : qu’on demande ses droits poliment, patiemment, gentiment, même si on ne les obtient pas, et que surtout on ne cherche qu’à s’insérer dans la société sans en changer les règles de fonctionnement, même injustes !

De même pour la « mixité sociale », chère au PCF : elle travaille à rendre invisibles des couches populaires face au mode de vie petit-bourgeois, et à empêcher la création d’une avant-garde politique de prolétaires.

Décidément, c’est toute une idéologie qui participe à la perpétuation de la domination. D’où l’intérêt de la comprendre et de la combattre.

« Les mots sont importants », Sylvie Tissot et Pierre Tevanian, Ed. Libertalia, 2010

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