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Haïti : Les impérialistes et la « banque populaire » du paysan

Partisan N°240 - été 2010

- Vous avez dit : « En détruisant nos porcs, la France et les Etats-Unis ont cassé la banque populaire haïtienne ». Pouvez-vous nous expliquer ?

- En 1978, les Américains ont déclaré qu’il y avait la peste porcine en Haïti. Il fallait, pour protéger la population, abattre ces porcs créoles. Les paysans cachaient leurs porcs créoles dans les montagnes. Mais les tontons macoutes arrêtaient tous ceux qui désobéissaient.
En 1981, quand Mitterrand a pris le pouvoir, la rumeur de peste porcine circulait à nouveau. C’est ainsi que les Français et les Américains ont décidé, d’un commun accord avec le dictateur Jean-Claude Duvalier, d’abattre les porcs créoles pour les remplacer par des porcs venant de la Martinique et de Guadeloupe. Notons qu’un porc créole mange tout. Alors que le porc proposé par la France réclame un soin alimentaire auquel le paysan lui-même ne peut pas faire face.
Que représente un porc créole pour un paysan ? Quand un paysan possède un porc créole et le croise avec une truie, il est apte à payer la note scolaire d’un de ses enfants ou bien envoyer un de ses enfants à aller apprendre un métier à la ville la plus proche. Un porc pour le paysan, c’est sa banque de réserve où il peut puiser quelques sous pour emmener son enfant à l’hôpital s’il est malade. Si la situation du paysan va de mal en pis, sa femme peut encore aller vendre des petits cochons afin de payer ses dettes. Voilà pourquoi nous vous avions dit, camarades, que le porc constituait la banque populaire du paysan.
Quelques années plus tard, les Américains avaient reconnu qu’ils s’étaient trompés, qu’il n’y avait pas de peste porcine en Haïti. Les autres porcs arrivés des Antilles, s’appelaient « cochons grimèls ». En 1998, les Français ont réitéré le même coup au Bénin. A Allada et à Porto Novo, les paysans se sont défendus les machettes à la main.

C’est ça l’explication.
 

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