Vous êtes dans la rubrique > Archives > Impérialisme français : un combat tous azimuts !
Impérialisme français : un combat tous azimuts !
Partisan N°115 - Décembre 1996
Une puissance arrogante et dominatrice
Emeutes en Guyane, les lycéens dénoncent le caractère véritablement colonial de l’enseignement, rapidement suivis par les confédérations syndicales. Même si le mouvement n’a pas débouché, il a montré le malaise profond d’une colonie absolument essentielle pour les grands groupes français : la base spatiale de Kourou, point de départ de Ariane, fleuron de l’Aérospatiale et des exportations.
Nouvelle intervention directe des soldats français en Centrafrique, une de plus, en attendant la prochaine dans ce qui paraît être un véritable protectorat. On n’a fait ni dans la subtilité, ni dans la dentelles : les paras ont combattu aux côtés des troupes gouvernementales pour empêcher une nouvelle tentative de putsch provoqué par une nouvelle affaire de corruption.
Préparation d’une nouvelle intervention au Zaïre, pratiquement ouvertement pour défendre un Mobutu à bout de souffle, un régime assassin et corrompu, dans un pays mis à sac par des dirigeants soutenus par la France. Pays (très) riche, immense et au cœur de l’Afrique noire, c’est un enjeu essentiel pour l’influence sur le continent, contenir la puissance montante de l’Afrique du Sud et les tentatives des Etats-Unis de prendre la place. Peu importent alors les discours humanitaires, les larmes sur les réfugiés qu’on a créé lors de l’intervention Turquoise pour soutenir les fascistes rwandais alors au pouvoir. Les peuples et leur cortège de misères comptent peu face aux intérêts militaires, politiques et économiques des grandes puissances dans leur tentatives de repartage du monde.
Trois épisodes, trois exemples parmi des dizaines d’autres ces dernières semaines. Tragiques, ils ont le mérite de nous rappeler que notre pays est une puissance coloniale, impérialiste, arrogante et dominatrice qui étend son influence aux quatre coins de la planète au mépris des peuples.
L’arrière plan de la guerre économique
Pendant ce temps, autre vision.
EDF s’implante en Hongrie, sur des bases honteuses de pillage. France Télécom s’impose en Argentine. Le gouvernement prépare la fusion de Dassault et Aérospatiale pour créer un groupe capable de résister à la guerre économique, de même qu’il organise (dans des conditions plus difficiles) la fusion de Thomson et de Matra. Chirac voyage au Japon, pour vanter les réussites industrielles françaises, et la France reste le premier partenaire commercial de la Turquie, pays où assassinats, disparitions et tortures d’enfants vont en se développant.
Rien à voir avec les réfugiés du Rwanda et l’intervention humanitaire au Zaïre ? Croyez-vous vraiment ?
Le socle du repartage du monde, c’est la guerre économique qui y fait rage entre concurrents de plus en plus agressifs, à la recherche de nouveaux marchés, de nouveaux gains de productivité, de nouvelles sources de profit.
Dans cette guerre, ce sont les travailleurs et les peuples qui servent de chair à canon et sont sacrifiés sur l’autel du capitalisme.
La résistance s’accentue
Le gouvernement fait la chasse aux clandestins, multiplie les charters pour le Mali ou le Sénégal, organise des rafles parmi les Chinois sans papiers. Pourtant, la lutte des précaires sans papiers demeure et se renforce. Car le temps est venu de la colère, quand l’oppression et l’exploitation ont atteint des degrés véritablement insupportables.
Le gouvernement va encore faciliter et généraliser la précarité avec son projet de loi contre l’exclusion, veut une flexibilité accrue comme le développe la loi Robien. Pourtant, les travailleurs routiers surexploités ont réussi à rompre avec la logique d’entreprise de leurs petits patrons pour se battre sur leurs intérêts propres, pour la réduction du temps de travail.
Les restructurations ont repris avec une vigueur nouvelle, avec leur cortège de licenciements et de chômage, Renault et Peugeot voudraient même que l’Etat finance ces réorganisations, dont on peut parier qu’elles se feront avec plus de précarité et plus de flexibilité. Pas encore de grande révolte, difficile à centraliser, tant les confédérations syndicales nous ont englué des années durant dans le corporatisme et la défense des intérêts particuliers. Mais la révolte gronde, la colère monte.
C’est un monde que nous voulons changer !
Etudiants de Guyane !
Travailleur routier en grève !
Sans-papiers turc, chinois ou africain !
Chômeur et précaire des services publics ou du privé !
Travailleur et travailleuse de Thomson, Moulinex, de Renault ou des bagnes des PME !
L’heure n’est plus à grappiller quelques miettes. Nous sommes tous dans des situations bien différentes, sans lien apparent. Et pourtant, il y a une même cause à nos malheurs, la guerre économique mondiale et la France impérialiste, nous avons un même ennemi, gouvernement et patronat réunis.
Pour défendre jusqu’au bout nos intérêts, c’est tout un monde qu’il faut changer, c’est un état d’esprit, c’est une logique, ce sont des règles du jeu. Nous voulons la solidarité et pas la concurrence. Nous voulons l’intérêt collectif et pas le profit individuel. Nous voulons répondre à de vrais besoins et pas une société parasitaire. Nous voulons l’entente entre les peuples et pas l’agression politique et militaire.
Voilà nos espoirs qui ressortent de nos combats fragmentés ou de notre colère rentrée.
En face de nous, ils sont plus agressifs que jamais, mais ils sont faibles car ils n’ont plus d’issue comme le montrent tous les jeux politiciens de la droite au PS en passant par la pseudo recomposition de la gauche. Leur seule issue, c’est plus de répression, plus de chaînes, suivant en cela la pression du Front National.
Travailleurs exploités, quelle que soit notre situation, l’heure est à ce combat classe contre classe. Dans toutes notre lutte, c’est un seul camp que nous devons construire, une seule armée que nous devons constituer, la grande armée de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Un seul ennemi, un seul camp, un seul combat !
Libre circulation des travailleurs !
Fermeture de toutes les bases militaires, retour de tous les soldats français à l’étranger !
Abandon de tous les intérêts français à l’étranger, retour de tous les experts et conseillers en tous genres !
Zéro licenciement !
Réduction du temps de travail, sans précarité, sans flexibilité, sans perte de salaire !
