Vous êtes dans la rubrique > Archives > Gens du voyage, crise, et bouc émissaire

Gens du voyage, crise, et bouc émissaire

Partisan N°241 - Octobre 2010

Dimanche 16 juillet, à Saint-Aignan, petite ville du centre de la France, des gendarmes ont tué un jeune qui aurait forcé un barrage. Les « gens du voyage », en colère après la mort de l’un des leurs, ont déclenché une émeute. Pour Sarkozy et son gouvernement, il n’en fallait pas plus pour pointer un nouveau bouc émissaire.

En fait, cette histoire rappelle toutes celles où un jeune est tué par la police. Ce sont les mêmes cris de colère : peut-être qu’il a fait le con, mais est-ce qu’on tire dans le dos d’un jeune de 22 ans parce qu’il a volé 20 euros et qu’il part en courant ? Comment croire la version de policiers ou de gendarmes qui représentent un Etat pour qui nous sommes des ennemis ? La révolte des « gens du voyage », c’est la révolte d’une minorité brimée, discriminée en toute légalité. Dans un monde de propriété privée, d’appropriation égoïste des terres, le nomade dérange. Quelqu’un qui compte sur la liberté de passage qu’on veut bien lui accorder, qu’on a du mal à contrôler dans une société qui aime bien ficher, et qui en plus fait partie d’une minorité culturelle, est une cible toute désignée pour l’idéologie réactionnaire. Des préjugés sur les Roms et les nomades, on en entend souvent : « Là où ils passent, il y a plus de cambriolages », « Ils roulent tous en Mercédès », « Ils salissent tout », etc.

Pourtant, n’oublions pas que nos ancêtres ont été nomades pendant des centaines et des centaines de milliers d’années, alors que nous ne sommes sédentaires que depuis un peu plus de 10 000 ans ! Voilà qui fait réfléchir sur l’attachement à la terre. En effet, les nomades sont soumis à une discrimination tout à fait légale dans notre République qui se dit fière de l’égalité entre ses « citoyens ». En plus de leur pièce d’identité, les « gens du voyage » (d’après la loi, toute personne qui n’a pas de lieu de résidence fixe depuis plus de 6 mois) doivent posséder dès l’âge de 16 ans un « Carnet » ou « Livret de circulation » qu’ils doivent faire tamponner régulièrement au commissariat ou à la gendarmerie, et toujours porter sur eux, sous peine d’amende voire de prison. Leurs caravanes peuvent être, contrairement à tout autre domicile, perquisitionnées sans autorisation d’un juge. Pour obtenir le droit de vote, ils doivent résider dans une commune depuis au moins 3 ans, alors qu’il ne faut que trois mois pour un SDF.
C’est la crise, alors Sarkozy et son gouvernement se sont saisi de cette histoire de Saint-Aignan, et se sont enfoncés encore plus dans le populisme et la xénophobie pour tenter de dévier les exploités de la lutte de classe. Comme pour mieux ignorer la colère des 150 000 nomades de nationalité française et flatter les sentiments racistes, l’Etat français veut expulser les 15 000 Roms sédentaires immigrés, a priori tous coupables de vol à la tire, de trafic d’enfants et de cambriolages en série. Ils sont donc renvoyés en Roumanie et en Bulgarie, où ils ont méprisés, vivent dans des ghettos et sont de temps en temps victimes de progroms.

Pour VP, la division entre français et immigrés est celle qui, aujourd’hui, entrave le plus la réalisation de l’unité de la classe ouvrière. Ca ne veut pas dire que les autres divisions, comme celle entre hommes et femmes, ne sont pas importantes et ne doivent pas être combattues, mais le racisme est l’arme la plus efficace et la plus destructrice qu’ont su utiliser les exploiteurs au cours de l’histoire pour diviser, parfois jusqu’au génocide. Le meilleur moyen de lutter contre le racisme, c’est l’union de la classe ouvrière multinationale dans la lutte de classe !

Axel

Soutenir par un don