Vous êtes dans la rubrique > Archives > L’unité sera prolétarienne ou elle ne sera pas !
L’unité sera prolétarienne ou elle ne sera pas !
Partisan N°233 - Décembre 2009
Il est de plus en plus difficile, pour la bourgeoisie, de jouer la division entre travailleurs, et pourtant cette division lui est de plus en plus nécessaire ! Concurrence entre ouvriers de l’Ouest et ouvriers de l’Est (Asie ou Europe de l’Est) ? Mais la crise est mondiale ! Concurrence entre anciens immigrés et nouveaux immigrés (si on remonte à quelques milliers d’années, nous sommes tous originaires d’ailleurs...) ? La combativité des sans-papiers démontre chaque jour que ce sont des camarades dans la lutte.
Ne doutons pas que notre classe exploiteuse continuera à nous vendre sa concurrence, son « identité nationale », sa compétitivité, son « immigration choisie » et autres « besoins de l’économie nationale », jusqu’à fomenter des guerres s’il le faut. Mais la question qui se pose est celle-ci : quelle unité lui opposons-nous, et comment construisons-nous cette unité ?
Car il y a deux sortes d’unité. Le « tous ensemble » - macédoine de légumes, et l’unité sur des bases ouvrières. Prenons des exemples.
Les travailleurs présents au 6e Conseil International des Travailleurs de l’Automobile à Hanovre, ont passé tout le temps de leur rencontre à renforcer leur unité. Ils n’ont pas manqué de noter que d’autres travaillaient à leur division. Que, dans ce travail de sape, les patrons avait des complices, à savoir les syndicalistes « installés » : 40 millions d’euros pour la Confédération Européenne des Syndicats (CES) en vue de renforcer la « co-gestion », et combien, par ailleurs, pour chacun des syndicats qui la composent ? Si le CITA existe, et si c’est une initiative extrêmement positive, c’est bien parce que les directions syndicales ne font pas, à l’international non plus, ce que devraient faire des directions de lutte de classe.
Les travailleurs sans-papiers : Leur volonté de lutte est à la hauteur de l’exploitation et de l’oppression qu’ils subissent. Et ils sont confrontés immédiatement à la question des deux voies dans le mouvement ouvrier. L’unité se fait-elle dans la CGT et par la CGT ? La réponse est un « oui-mais ». Dans la CGT,oui. Mais pas sur les positions de la direction confédérale. Personne n’a oublié l’expulsion de la Bourse du Travail de Paris et les divergences de 2008 : les critères de travail dans les « métiers sous tension », la question des travailleurs isolés, etc.
La revendication d’une nouvelle circulaire ? On est sur le terrain des professionnels de la négociation et des habitués des ministères ! Et si la négociation aboutit à des cacahuètes ? Et si la circulaire est pourrie ? Régularisation de tous, circulaire ou pas !
Autre exemple : le congrès CGT de décembre et l’opposition CGT. Que démontre la candidature de Jean-Pierre Delannoy ? Que c’est en s’opposant frontalement, ouvertement et sur des bases claires, ouvrières, de lutte, qu’on réalise l’unité. Et non en faisant son petit appel au « tous ensemble » chacun dans son coin, en cherchant à trouver le « plus petit dénominateur commun » qui, soi-disant, unifiera. Au-delà de la CGT, c’est une conception politique des alliances de classe entre travailleurs : unité-macédoine, le réformisme et la révolution en même temps, les luttes et les élections, la petite-bourgeoisie et les ouvriers... Non, l’unité sera prolétarienne ou elle ne sera pas !
Mais ne restons pas dans nos petites frontières. Le « Unissez-vous » concerne les « Prolétaires de tous les pays » !
Au Népal, en ce début novembre, les communistes maoïstes défient ouvertement le pouvoir central, Etat, gouvernement et armée. Pendant ce temps, en Inde, l’armée rassemble près de 100 000 hommes en vue de lancer une offensive contre les maoïstes, déclarés menace principale pour la stabilité du pays. Qui sont ces « maoïstes » ? Des communistes, qui, il y a une quarantaine d’années, ont pris parti pour la voie révolutionnaire chinoise contre la voie capitaliste de l’URSS. Des maoïstes comme nous, ayant scissionné d’avec les partis dits communistes qui avaient ouvertement et définitivement trahi. Et ils ont privilégié l’alliance avec les paysans au lieu de l’alliance avec la bourgeoisie.
Après dix ans de guerre paysanne (1996-2006), après une grève générale dans la capitale Katmandou (en avril 2006), nos camarades népalais parlent maintenant de combinaison de la guerre populaire prolongée avec l’insurrection dans les villes. Ils font vivre cette vérité que l’alliance ouvriers-paysans est plus solide et plus fructueuse que l’alliance avec la bourgeoisie « démocrate » (le Congrès Népalais) et la petite-bourgeoisie « communiste » (l’UML), même dans un pays semi-féodal.
Quelle leçon peut-on retenir de ces différents fronts de lutte ? L’unité est un combat ! C’est en introduisant la division qu’on bâtit solidement l’unité ! Nous, la division ? Oui, la division avec le réformisme et les réformistes. Si vous êtes militants révolutionnaires, vous connaissez cette difficulté, dans une réunion, dans un mouvement de lutte, de dire « pas d’accord » avec la direction du mouvement, du syndicat, la direction de la lutte. Pas d’accord avec le réformisme, avec son unité-macédoine « la plus large possible », avec son horizon étroit (le capitalisme) et avec ses revendications tronquées (tout ce qui est acceptable pour le capitalisme).
Le « tous ensemble » d’aujourd’hui est bâti sur le « pas d’accord » d’hier. Et l’opposition ouvrière d’aujourd’hui fera l’unité de tous les travailleurs de demain.