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Quelque chose s’est mis en marche !

Avons-nous perdu ?

Oui, aujourd’hui, la loi est votée et va être mise en oeuvre, et ils nous volent nos deux meilleures années de retraites pour en faire nos deux pires années de travail. Et encore ! Nous sommes nombreux à savoir que nous ne serons pas au boulot jusque là, que c’est donc le montant de nos pensions de retraites qui fond avec cette loi.
Pourtant, qui aurait cru que nous serions aussi nombreux et déterminés durant ces deux mois de mouvement ?

Alors, nous avons gagné ?
Oui, aujourd’hui, quand il y a une grève, non seulement tout le monde s’en aperçoit, mais une grande majorité de la population la soutient.
Oui, aujourd’hui, la plupart des travailleurs n’est plus dupe des mensonges des politicards et propagandistes de la bourgeoisie : leurs discours sur « la nécessaire réforme », la « démographie », les « caisses sont vides », ça ne prend plus. Nous refusons de faire encore des sacrifices. Nous avons notre mot à dire sur la répartition des richesses que nous produisons !
Oui, aujourd’hui nous nous sommes mis en marche, nous avons retrouvé notre capacité de résister, de nous affronter aux capitalistes.

Mais en même temps, nous ne sommes pas allés jusqu’au bout.
En détournant un vieux slogan : Nous avons osé lutter, mais nous n’avons pas osé vaincre.

Pourquoi ?
• Tout d’abord parce que nous n’y croyions pas. Dès le début, on entendait autour de nous « C’est sûr, il ne cèdera pas ». Sarkozy s’est montré tellement sourd, qu’il nous a convaincus que nous criions dans le vide ! Depuis des années, nous nous battons le dos au mur, et même si nous avons enregistré des victoires, c’est toujours sur la défensive (contre le CPE, mais aussi contre la constitution européenne). La bourgeoisie a réussi à nous faire croire que nous étions affaiblis, impuissants.
• Ensuite, les directions syndicales ne nous ont pas aidés, en calant les manifs sur le calendrier parlementaire, et en ne demandant même pas le retrait du projet de loi. Mais nous n’étions pas assez naïfs pour croire qu’elles se battraient jusqu’au bout ! Nous savons depuis longtemps que pour gagner, il faut nous montrer très déterminés, il faut qu’elles se sentent débordées par la base pour suivre.
• Mais surtout (et ça explique ces deux premiers éléments), nous manquons de confiance en nos propres forces, nous n’avons pas assez confiance dans la possibilité d’un avenir sans nos exploiteurs ! Sarko, c’est clair, nous n’en pouvons plus. Mais quelle alternative ? Le PS et la gauche en 2012 ? Non... C’est pas ça qui va changer nos conditions de vie !

Ce n’est pas le « moins pire » que nous méritons, mais le meilleur ! Et le meilleur, l’avenir sans injustice, sans capitalisme, ne viendront pas des élections où nos exploiteurs se disputent nos voix, où nous leur donnons le pouvoir sur nos vies. L’avenir naîtra de nous : de notre détermination à l’inventer et à le construire.

« Le Manifeste du Parti Communiste » (écrit en 1847 par Marx et Engels) disait à propos des luttes des ouvriers : « Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs. »

La CGT signale un afflux de nouveaux adhérents. C’est positif que certains, jusque là isolés, prennent conscience de la nécessité de s’organiser.
Mais ceux qui sont conscients des limites du mouvement syndical doivent passer la vitesse supérieure. C’est à vous, lecteurs, que nous nous adressons : vous qui non seulement participez à la défense collective, mais surtout qui voulez changer les choses, qui voulez en finir avec cette société de l’injustice de classe.

Ce mouvement nous a redonné la conscience de notre force collective. Pour le transformer en victoire, il faut faire de la politique ! Il faut arrêter de déléguer nos forces à des partis qui défendent les intérêts de la bourgeoisie. Nous pouvons et nous devons défendre nous-mêmes nos intérêts, et mener notre politique.

Le sous-titre de Partisan est « De la résistance à la révolution ! » . Ces dernières semaines dans les cortèges et sur les blocages, nous avons souvent entendu des références à la révolution. Ensemble, nous devons créer les conditions pratiques et politiques pour que nos prochaines révoltes ne soient pas de simples témoignages de notre résistance, mais qu’elles soient en mesure de transformer concrètement notre réalité !

Quelque chose s’est mis en marche / tract
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